La Plateforme nationale Protection Migrants (PNPM) organise la troisième édition des «Assises marocaines des organisations de la société civile actives en soutien aux migrants» le 25 juin prochain à Rabat. D’après les organisateurs, cette rencontre est une opportunité pour identifier les avancées et les difficultés que les migrants rencontrent en matière d’accès à leurs droits au Maroc. «L’objectif de cette rencontre est de partager les informations sur la migration au Maroc dans les différents secteurs, afin de recueillir les différentes visions sur l’état des lieux de l’accès aux services pour les personnes migrantes au Maroc. Elle est donc une opportunité pour identifier les avancées et les difficultés que les migrants rencontrent en matière d’accès à leurs droits. En plus, les Assises ont comme objectif d'actualiser la visibilité sur la diversité des acteurs qui accompagnent les migrants», souligne Younous Arbaoui, coordinateur de la PNPM.
Rappelons que lors de l’édition précédente des Assises en 2017, les contributions de plus de 65 participants ont permis d’alimenter le rapport annuel de la PNPM sur «L’état des lieux de l’accès aux services pour les personnes migrantes au Maroc». «Les dernières Assises ont permis de dresser un bilan sur l’état des lieux de l’accès aux services pour les personnes migrantes au Maroc et, par la suite, de publier le rapport annuel (2017) de la PNPM qui a complété le bilan officiel du gouvernement en dressant un état des lieux se basant sur les situations rencontrées au quotidien par les associations qui accompagnent des personnes migrantes dans les différentes régions du Royaume. À travers ce rapport, les organisations de société civile (OSC) ont confirmé ainsi à la fois le constat des nombreux progrès réalisés en faveur de ces personnes au Maroc au cours des dernières années, tout en soulignant les contraintes persistantes pour une mise en œuvre efficace de la Stratégie nationale d'immigration et d'asile (SNIA)», affirme Younous Arbaoui.
Questions à Younous Arbaoui, coordinateur de la PNPM
«La PNPM recommande d'améliorer en premier lieu la situation juridique des personnes migrante»
Quel bilan faites-vous des deux premières éditions des Assises ?
Les deux premières éditions ont permis de mobiliser plus de 65 acteurs sur tout le territoire marocain, venant même de zones moins «visibles» sur la question de la migration (le Sud notamment). En premier lieu, les Assises ont permis d'avoir plus de visibilité sur une «cartographie» des acteurs qui accompagnent les migrants. Elles ont permis d’identifier la diversité des OSC (certaines spécialisées sur d'autres thématiques, mais qui s'intéressent à la migration, car ce profil apparait de plus en plus dans leur public cible, des associations migrantes, des organisations travaillant depuis de longues années sur cette question, mais depuis différents axes d’intervention : action sociale, plaidoyer, éducation, etc. En deuxième lieu, les Assises ont permis de mettre en lumière et de discuter des problématiques propres aux migrants, mais aussi certaines thématiques partagées avec la population marocaine, d'où l'importance d'une convergence du plaidoyer.Que pensez-vous du travail des organisations de la société civile qui soutiennent les migrants ?
La PNPM salue les efforts des OSC qui soutiennent les migrants. Tant que le Maroc n'arrive pas à garantir l'accès aux services publics pour les personnes migrantes, le travail des OSC est nécessaire et doit être encouragé. Il est important que les OSC tiennent compte des migrants dans leur globalité et non de façon fractionnée. Certains secteurs (la santé, par exemple, ou la prise en charge sociale) sont encore trop peu investis par les OSC. Enfin, la PNPM insiste sur l'importance de faire converger le plaidoyer, mené par les OSC, de l'accès aux droits des migrants avec l'accès aux droits pour les Marocains.D’après vous, comment peut-on améliorer la situation des migrants au Maroc ?
La PNPM recommande d'améliorer en premier lieu la situation juridique des personnes migrantes. Cela veut dire adopter la loi d'asile et la loi d'immigration afin de permettre une protection juridique effective qui, sans doute, facilitera l'intégration socio-économique des personnes migrantes au Maroc. Dans ce sens, il est important de considérer les personnes migrantes comme des «sujets de droit». Par ailleurs, la situation de ces personnes migrantes peut être améliorée en changeant la perception de la société marocaine et des institutions à leur égard, en les considérant titulaires de droits universels, comme tout un chacun, et non pas comme une population à laisser en marge, et ce, peu importe leur situation administrative. Enfin, il faut signaler que l’un des principaux problèmes que rencontrent les personnes migrantes c’est la discrimination et le racisme. Donc un important travail de déconstruction des stéréotypes (des deux côtés) et d’inter-culturalité est nécessaire pour améliorer la situation des migrants au Maroc.