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«Le potentiel naturel du Maroc peut être un vecteur déterminant de création d’emploi»

René Collin, ministre de l'Agriculture, de la nature, de la forêt, de la ruralité, du tourisme et du patrimoine au sein du gouvernement wallon vient d’effectuer une visite de travail au Maroc. Cette visite a été une occasion propice de passer en revue les projets de coopération entre le Royaume et la Wallonie dans plusieurs domaines, en particulier ceux en relation avec la coopération agricole et la préservation et la valorisation du patrimoine forestier. Dans un entretien accordé au «Matin», il fait le point sur les projets en cours et ceux à venir.

«Le potentiel naturel du Maroc peut être un vecteur déterminant de création d’emploi»
René Collin. P. Seddik

Le Matin : Pour commencer, pourriez-vous nous parler d’abord de l’objet de votre visite au Maroc ?
René Collin :
Il y a beaucoup de coopération entre le gouvernement wallon et le Royaume du Maroc. Il existe des projets avec les départements dont j’assume la responsabilité et je voulais faire un point rapide, mais efficace sur ceux qui ont abouti, ceux qui sont en chantier, mais également sur de nouveaux projets. Notre collaboration relève de domaines divers. D’abord dans le domaine de la forêt où nous avons depuis maintenant 30 ans des échanges extrêmement féconds entre nos deux administrations, mais aussi dans le domaine agricole. Une réunion de travail est prévue également en ce qui concerne le patrimoine bâti qui est très riche au Maroc, mais également le patrimoine culturel où nous avons des collaborations intéressantes.

Vous avez rencontré plusieurs responsables marocains. Sur quoi ont porté vos entretiens ?
Nous avons visité et inauguré le Centre de la cédraie. Il s’agit d’un Centre d’interprétation du cèdre qui est un arbre-symbole au Maroc, mais qui joue également un rôle économique, environnemental et social capital. Nous avons depuis longtemps imaginé collaborer avec le Maroc autour de l’élaboration d’un centre d’interprétation qui soit non seulement un outil pédagogique, mais aussi un outil qui incite au respect de l’environnement avec une belle réussite au niveau de la scénographie qui est l’une des principales réussites en Wallonie. C’est un centre qui se trouve à proximité du parc national d’Ifrane. Ce sont donc de nouvelles collaborations et j’ai profité de cette visite pour signer, avec le secrétaire général du département de l’Agriculture, un nouvel accord de partenariat qui va plus loin, notamment pour pouvoir aider la Maison de la cédraie dans l’encadrement et à recevoir davantage de groupes et devenir vraiment un point non seulement sur la carte nationale, mais également sur la carte internationale au niveau de l’environnement. Dans cet accord, nous avons décidé de développer à Ifrane, en collaboration avec les autorités provinciales et les services du département de l’Agriculture et des eaux et forêts, un nouveau festival du film et de la photo nature dans la mesure où nous avons un festival à Namur, reconnu sur le plan international. D’ailleurs, 280 films ont été envoyés par des réalisateurs du monde entier pour concourir à l’édition prévue en octobre prochain à Namur. Nous pensons que ce serait un point d’ancrage important pour la Maison de la cédraie et un point de développement au niveau de sa notoriété de pouvoir accueillir un festival de ce type. Nous avons également renforcé dans cet accord la volonté d’aider à la formation de pédagogues pour que la Maison de la cédraie soit animée le plus souvent possible et que de nombreux groupes puissent y trouver leur intérêt. J’ai moi-même, au cours de ma visite, accompagné un groupe de jeunes enfants et j’ai pu voir combien leur intérêt était vif et combien les formateurs avaient cumulé à la fois un sens de la précision scientifique et aussi un souci de pédagogie pour se mettre à la portée des plus jeunes.
Dans le domaine agricole, j’ai rencontré les responsables de l’Institut national de la recherche agricole à Meknès dans un complexe qui rassemble, comme S.M. le Roi l’a voulu, à la fois celles et ceux qui travaillent dans le contrôle et la sécurité alimentaire, celles et ceux qui travaillent à la mise sur pied de nouvelles entreprises, mais également tous les chercheurs marocains dans le domaine de l’agriculture. On sait qu’il y a déjà une très forte collaboration avec la Wallonie et on a évoqué la problématique du stress hydrique.
Dans le cadre de cette visite, une réunion avec le directeur du patrimoine est également prévue, ainsi qu’avec le président de l’association de l’architecture de Marrakech. Nous examinerons comment on peut valoriser nos techniques et nos métiers, car il faut dire que le Maroc est un pays qui est exemplaire au niveau de la capacité et de l’expertise dans les métiers de la construction avec un patrimoine exceptionnel.

Aujourd’hui, certaines problématiques sont devenues communes à plusieurs pays dans le monde. Le stress hydrique ou la protection de l’environnement par exemple. Y a-t-il des partenariats à développer avec le Maroc dans ce sens ?
Nous travaillons depuis quelques années déjà, avec notre centre de recherche public wallon, avec l’Université de Liège et avec l’Institut national de recherche agricole, notamment sur la problématique des changements climatiques. Donc il y a déjà des projets dont les conclusions ont abouti à des échanges de bonnes pratiques, mais surtout à ce qu’on puisse disposer, dans les deux pays, de manière permanente, d’un état de la situation au niveau de la météo, au niveau des prévisions des récoltes et au niveau du changement des techniques culturales qu’il faut faire avancer pour avoir des plans de résistance et pouvoir mieux valoriser le potentiel hydrique, quel que soit la qualité des pluies pendant la saison. Il s’agit donc d’un travail qui a déjà bien abouti, mais qu’on veut poursuivre, avec notamment les prolongements sur la valorisation des produits. Je pense que le problème agricole au Maroc, comme en Europe ou en Wallonie, c’est de donner davantage de valeur ajoutée à nos produits et c’est le défi des agriculteurs marocains comme ceux de la Wallonie et c’est aussi l’un des axes de recherche.

Et au niveau du tourisme, y a-t-il des pistes de collaboration à développer ?
Les parcs nationaux comme les parcs naturels chez nous en Wallonie ont une vocation de préservation de l’environnement, mais aussi une vocation économique. Le Tourisme lié à la nature est aujourd’hui un vrai produit touristique. En Europe et en Wallonie en particulier, c’est une priorité de développement touristique et quand je circule dans la cédraie et je vois cette magnifique maison de la cédraie et que je découvre aussi le potentiel naturel du Maroc, c’est pour moi un vecteur déterminant de création d’emploi dans le domaine du tourisme. Je crois aussi que c’est extrêmement important de pousser la réflexion un peu plus loin. Au niveau de la région de la Wallonie, nous avons un géo-parc reconnu par l’Unesco et vous avez au Maroc un géo-parc qui a été reconnu par l’Organisation avant le nôtre. Il est aussi très important d’avoir des collaborations dans ce sens, car ce n’est pas parce qu’on a la reconnaissance de l’Unesco qu’on ne doit pas travailler sur l’échange de bonnes pratiques. Je suis très attaché à l’échange aussi bien entre praticiens qu’entre enseignants, étudiants, chercheurs et responsables d’administration. On a intérêt à échanger et le meilleur exemple est celui du changement climatique. Chez nous, on commence à imaginer planter des cèdres. Peut-être pas le cèdre atlantique présent au Maroc, mais en tout cas des variétés de cèdre qui peuvent s’adapter à notre climat. Cette collaboration est vraiment essentielle. 

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