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La présidente de la CGEM récuse tout antagonisme entre l’économique et le social

La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM), le gouvernement et les syndicats ainsi que les représentants de plusieurs institutions et centres de réflexion se sont réunis hier autour d’une question d’une actualité brulante : «Quel contrat social pour le Maroc ?» Les participants qui ont décliné tour à tour leurs visions quant à cette thématique ont été unanimes à souligner que les développements économique et social ne peuvent aller que de pair.

De par les questions abordées et le profil des participants, la journée d’étude organisée hier par la CGEM avait les airs d’une rencontre entre partenaires du dialogue social.
Initiée sous le thème «Quel contrat social pour le Maroc», cette journée, qui a été animée par le vice-président de la CGEM et ancien président de la commission sociale du patronat, Jamal Belahrach, a permis aux différents participants de débattre de l’opportunité, de la forme du contrat social, des réformes à mener et des préalables à mettre sur pied pour l’élaboration d’un tel contrat.
Intervenant lors de la séance d’ouverture, Miriem Bensalah Benchaqroun, présidente de la CGEM en fin de mandat, a souligné que le lancement d’une réflexion sur le contrat social que mérite le Maroc relève de l’esprit citoyen qui caractérise la Confédération patronale. Un esprit citoyen qu’elle a mis en avant en rappelant les propositions émises par le patronat pour supporter la taxe de solidarité et d’en exonérer les salariés, la participation à la mise en place de l’indemnité pour perte d’emploi (IPE), les pactes sociaux avec les syndicats, le programme pour labelliser les entreprises socialement responsables. D’ailleurs, l’organisation de cette journée d’étude fait également partie de cette fibre citoyenne, souligne-t-elle, étant donné que la CGEM, à travers cette thématique, adhère avec une dynamique participative au débat national sur le nouveau modèle de développement.
Concernant la finalité du contrat social, la présidente de la CGEM a souligné qu’elle visait à réduire la précarité, de manière proportionnelle au rythme de la croissance, compte tenu des faiblesses dont souffre encore l’économie marocaine. Elle a indiqué à cet égard que 2,7 millions de personnes n’ont pas de travail, 25% des salariés seulement ont une couverture sociale, à peine 30% de la population bénéficie de l'assurance maladie, un quart du produit de la formation professionnelle est en dehors de l’employabilité, 2% seulement des entreprises participent à l’IS… Tous ces éléments montrent la nécessité d’un contrat social, a insisté Miriem Bensalah Benchaqroun, parce qu’il faut harmoniser l’économique et le social, estime-t-elle, refusant tout antagonisme entre les deux. Elle a également insisté sur le fait que l’élaboration d’un contrat social sera un élément de compétitivité et non de confrontation. «Mais il faut changer de paradigmes pour y arriver», précise-t-elle.
Pour sa part, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Nizar Baraka, a rappelé le travail accompli par le CESE concernant la «charte sociale». Aujourd’hui, le Conseil propose un pacte social tournant autour de cinq éléments. Le premier c’est l’effectivité du droit appelant à plus d’efficacité de la justice, deuxièmement, la réduction des inégalités (territoriales, sociales…), troisièmement, la promotion de l’égalité homme femme, notamment en matière d’emploi. En quatrième lieu, l’élargissement de la mobilité sociale et la remise en marche de l’ascenseur social. En dernier lieu, ce pacte social, qui devait être adopté hier par le CESE, insiste sur la réhabilitation de la confiance.
Le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, Mohamed Yatim, qui a pris part à cette rencontre dans le cadre de l’atelier consacré à «L’état des lieux au Maroc, freins et réforme», en relation avec le contrat social, a annoncé que le gouvernement se penchait aussi sur l’élaboration d’une «Charte sociale», mais qu'il a été pris de court par le patronat. Ainsi, pour lui, un contrat social va être utile dans la mesure où il constituera un document qui régule la relation entre les partenaires sociaux. Cela doit avoir lieu, estime-t-il, dans cette dynamique de débat autour du nouveau modèle de développement. Selon lui, il y a des acquis sur lesquels il faut capitaliser. Il a parlé notamment du dialogue social qui devrait être institutionnalisé et les conseils à composition tripartites. «Ces structures doivent être encouragées. Nous avons besoin d’une nouvelle culture sociale qui répond aux nouvelles exigences de cette nouvelle ère. Il faut donc changer de paradigmes en réfléchissant à ce nouveau contrat social», a-t-il dit. Invité à exposer la vision de l’Institut Royal des études stratégiques (IRES) dans ce sens, son directeur général, Mohamed Taoufiq Mouline, a pour sa part focalisé sur le rôle à jouer dans ce cadre en se basant sur les études effectuées par l’Institut. À travers une première étude portant sur le lien social, l’IRES voit l’importance de focaliser sur un nouveau pilier, celui du citoyen. À travers une autre étude relative à la compétitivité globale, il a souligné l’importance de réfléchir au contrat social comme partie intégrante du nouveau modèle de développement économique. Il a par ailleurs appelé à ce que le contrat social soit pensé sur la base de fondements structurels et non pas conjoncturels.
Bien d’autres acteurs ont eu, lors de cette journée, à proposer les pistes de réflexion à suivre pour l’élaboration de ce contrat social. Les représentants des centrales syndicales les plus représentatives se sont succédé pour mettre le doigt sur les préalables sur lesquels doit reposer tout contrat. Des points qui ont été repris dans le cadre des recommandations synthétisées et dont lecture a été faite à l’issue des travaux de cette table ronde, sujet auquel nous reviendrons dans nos prochaines éditions.

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