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Le prochain mandat de la Minurso sera-t-il encore de six mois ?

Le Conseil de sécurité devrait voter en principe, au plus tard demain, sa nouvelle résolution sur le conflit autour du Sahara marocain. Si le prolongement du mandat de la Minurso est quasiment acquis, l’incertitude persiste sur la durée du prochain mandat de la Mission onusien au Sahara : sera-t-elle de 6 ou 12 mois ?

Le prochain mandat de la Minurso sera-t-il encore de six mois ?
Le Conseil de sécurité s'est réuni lundi pour prolonger le mandat du Minurso, qui arrive à échéance le 31 octobre.

Le Conseil de sécurité de l’ONU devait tenir hier, 29 octobre, une réunion consacrée à la prorogation du mandat de la Minurso qui arrive à échéance demain. Le programme de travail provisoire du Conseil prévoyait en effet une réunion dans la matinée consacrée à l’adoption d’une nouvelle résolution. Mais vraisemblablement, et selon des sources médiatiques, l’instance exécutive de l’ONU aurait ajourné sa réunion pour demain. En tout cas, si la question du prolongement du mandat de la Minurso est quasiment acquise, l’incertitude persiste sur la durée du prochain mandat de la mission onusien au Sahara : sera-t-elle de 6 ou 12 mois ?
Pour rappel, le Conseil de sécurité avait prorogé, le 27 avril dernier, le mandat de la Minurso, pour la première fois, de six mois. Auparavant, ce mandat était renouvelé pour 12 mois. La France, membre permanent du Conseil, avait estimé alors que le renouvellement pour six mois seulement du mandat de la mission des Nations unies au Sahara (Minurso) «doit rester une exception». Son ambassadeur à l’ONU, François Delattre, avait en effet déclaré que «le renouvellement pour six mois seulement du mandat de la mission, qui vise à maintenir la mobilisation du Conseil en appui du processus politique, doit rester une exception». Pour le diplomate français, le maintien d’un cadre annuel «garantit en effet la stabilité des opérations de maintien de la paix». Le politologue Mustapha Sehimi semble partager ce point de vue, puisqu’il affirme dans une déclaration au «Matin» qu’«un mandat de 6 mois met la pression sur Horst Köhler ainsi que sur les parties en cause. Ce n'est pas un climat favorable, car après le rendez-vous de Genève (4-5 décembre), suivrait forcément un autre calendrier avant la prochaine réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara marocain en avril 2019».
Face à la position de la France, favorable à un mandat d’une année, les États-Unis sont plutôt pour un mandat de six mois. M. Sehimi explique la position de Washington par la nouvelle politique de l’administration Trump qui veut réduire le budget de l'ONU, mais aussi et surtout par l’approche adoptée par John Bolton, le nouveau conseiller à la Sécurité nationale. Ce responsable, analyse M. Sehimi, faisait partie de l'équipe Baker qui avait soumis un plan en 2005, un plan refusé par le Maroc... d’où une certaine aigreur, voire une rancune vis-à-vis du Maroc.
En tout état de cause, le Conseil de sécurité insistera certainement dans sa nouvelle résolution sur la reprise des négociations, de bonne foi, sans condition préalable, comme le précise sa Résolution 2414 du 30 avril 2018. Une résolution qui avait, rappelons-le, consacré la prééminence de l’initiative d’autonomie, présentée par le Royaume le 11 avril 2007, en se félicitant des efforts «sérieux et crédibles faits par le Maroc pour aller de l’avant dans le processus visant un règlement (du conflit du Sahara)». 

Mustapha Sehimi : «Prolonger de six mois le mandat de la Minurso n’offrira pas à M. Köhler les conditions d'une négociation féconde»

À la veille de la nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur la prorogation du mandat de la Minusrso, nombre de questions se posent : quelle tonalité aura le nouveau texte qui sera adopté par l’instance exécutive de l’ONU ? Le mandat de la mission onusienne sera-t-il prolongé de six ou de douze mois ? Quelles répercussions sur le climat des négociations entre les parties en jeu dans les deux cas ? Décryptage du politologue Mustapha Sehimi.

Le Matin : Le vote du Conseil de sécurité des Nations unies portant sur le renouvellement du mandat de la Minurso aura lieu le 31 octobre. À quoi faut-il s’attendre ?
Mustapha Sehimi :
Il faut plutôt s'attendre à ce que le processus négociateur confié à Horst Köhler, envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, soit évidemment soutenu et appuyé. Cela veut dire appuyer l'agenda fixé pour une table ronde prévue les 4-5 décembre prochain à Genève. Le Conseil de sécurité voudra à ce sujet insister sur la reprise des négociations, de bonne foi, sans condition préalable, comme le précise sa Résolution 2414 du 30 avril 2018. Négocier sur ces bases-là, le Maroc y est disposé, mais avec l'Algérie, acteur réel qui abrite, arme et finance le mouvement séparatiste et qui lui assure au surplus la mobilisation constante, devant toutes les instances régionales et internationales, de son appareil diplomatique.
Autre position de principe du Maroc couplée à cela, la nature et le périmètre des négociations, à savoir le strict respect de l'intégrité territoriale du Royaume et de son unité nationale ; la prise en compte du projet marocain d'autonomie interne déposé au Conseil de sécurité le 11 avril 2007 et qualifié continûment depuis onze ans par cette haute instance onusienne de «crédible, sérieux et réaliste». Il n’y a pas de «Plan B», il n'y a que le «Plan A» marocain. Aucun autre plan ne pourra faire l'objet d'une imposition au Maroc.

Le mandat sera renouvelé pour une durée de six ou de 12 mois. Qu’est-ce qui arrange le Maroc ?
Ce qui arrange le Maroc, c'est d'abord et avant tout que l'Algérie assume ses responsabilités internationales (recensement des réfugiés, politique de bon voisinage, respect de l'intégrité territoriale du Maroc...). Cela dit, le Maroc préfère aujourd'hui que la Minurso ait un nouveau mandat de 12 mois en lieu et place de 6 mois. Pourquoi ? Pour permettre à Horst Köhler d'avoir du temps devant lui pour continuer à réunir les conditions d'une négociation féconde. Un mandat de 6 mois met la pression sur lui ainsi que sur les parties en cause. Ce n'est pas un climat favorable, car après le rendez-vous de Genève (4-5 décembre), suivrait forcément un autre calendrier avant la prochaine réunion du Conseil de sécurité sur le Sahara marocain en avril 2019. Il faut ajouter que le problème du format de négociation va se poser à Genève et après. C’est une table ronde à quatre (Mauritanie, Maroc, Algérie et «Polisario») qui aura lieu. Et après ? Quel sera le format ? À quatre ? À «deux + deux», comme le veut l'Algérie en visant Maroc-«Polisario», ce que le Royaume ne saurait accepter quelles que soient les positions – ou d'éventuelles pressions ? – des uns ou des autres.

Pourquoi, à votre avis, les États-Unis tiennent-ils à imposer un mandat de six mois seulement ?
Il y a sans doute deux aspects à propos de la position américaine pour un mandat de six mois de la Minurso. Le premier est que la nouvelle administration Trump veut réduire le budget de l'ONU, mais aussi le multilatéralisme qui marque son action. D'où des coupes faites dans la contribution US (22%) au budget des Nations unies et la volonté de mettre fin à des opérations de maintien de la paix qui aux yeux de Washington ont trop duré, sont coûteuses et ne débouchent pas sur un règlement (Chypre depuis 1974, Sahara depuis 1991...). Le second facteur a trait à une certaine approche américaine, celle de John Bolton, conseiller à la Sécurité nationale. Ce responsable était dans l'équipe Baker qui avait soumis un plan en 2005, un plan refusé par le Maroc... Il connaît donc bien le dossier et il n'est pas favorable au Maroc. De plus, Horst Köhler se distingue par bien des ambiguïtés que l'on a vues lors de ses contacts du printemps dernier. Le Maroc a mesuré tout cela, mais il ne cédera rien sur ses fondamentaux, soulignés par S.M. le Roi dans son discours de la Marche verte du 6 novembre 2016. Propos recueillis par Ayoub Lahrache

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