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Les professionnels de la santé appellent à renforcer l'arsenal juridique

Les deuxièmes Assises de la santé organisées par le ministère de la Santé ont réuni les représentants de 16 pays africains pour débattre du problème de la falsification et de la contrefaçon des médicaments et des mesures à déployer pour lutter contre ces pratiques illicites en Afrique.

Des professionnels de la santé nationaux et étrangers, venant du Bénin, du Burkina-Faso, du Cameroun, du Cap-Vert, de Côte d’Ivoire, du Gabon, de Gambie, de Guinée-Bissau, du Mali, du Niger, de la République centrafricaine, de la RD du Congo, du Rwanda, du Sénégal, de Tanzanie et du Tchad, se sont réunis à Skhirate, les 23 et 24 février, pour discuter de «La lutte contre les médicaments falsifiés en Afrique». Cette rencontre s'inscrit dans le cadre des deuxièmes Assises nationales du médicament et des produits de santé, organisées par le ministère de la Santé, sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Ces experts, qui représentent plusieurs instances internationales opérant dans le domaine de la contrefaçon, ont appelé à l'adoption de lois adaptées pour réglementer les activités pharmaceutiques et assurer l'accès à des points de vente contrôlés. Ils ont aussi souligné la nécessité de surveiller l'application de la réglementation, de disposer d'un service national efficace d'inspection des pharmacies et de baisser les prix des médicaments sans altération de la qualité et sans mise en péril de la recherche.

Le renforcement de l'arsenal juridique des pays africains en matière de lutte contre la contrefaçon et la falsification des médicaments est essentiel pour les pays du continent. En effet, comme l’ont précisé les experts, «les faux médicaments constituent le plus gros marché noir du monde. Les pertes annuelles pour l'Afrique de l'Ouest s’élèvent à 400 millions de dollars à cause des faux antipaludéens. Et l'arnaque concerne les médicaments et les vaccins humains et vétérinaires, les dispositifs médicaux (prothèses, valves cardiaques...), les diplômes et ordonnances falsifiés et les alternatives thérapeutiques».
De son côté, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) note que le chiffre d’affaires mondial du trafic de faux médicaments aurait atteint 45 milliards de dollars en 2006 et 75 milliards en 2010. L'Organisation indique aussi qu’un médicament sur deux acheté sur des sites internet dissimulant leur adresse physique serait une contrefaçon ou pour le moins non conforme, alors qu’en Afrique, les taux de médicaments falsifiés varient entre 30% et 70% selon 
les pays.

Pour sa part, Anass Doukkali, ministre de la Santé, a révélé des chiffres qui font froid dans le dos. Il a, en effet, fait savoir, lors de son discours d'ouverture, qu’un médicament sur 10 vendus dans le monde est probablement un faux. «La contrefaçon de médicaments contre le paludisme et la tuberculose serait à elle seule responsable de 700.000 morts par an et de 6 à 15% du marché mondial de médicaments serait de la contrefaçon», a souligné le ministre. Et d’insister : «L’universalité du fléau de la falsification des médicaments et des produits de santé et ses impacts ne sont plus à démontrer. La conjonction de multiples facteurs, comme la demande croissante de soins, la mondialisation des échanges, l’accès du crime organisé à des technologies sophistiquées de production de masse ont contribué à amplifier considérablement le phénomène, et fait que la falsification des médicaments est devenue aujourd’hui une pandémie planétaire».
Anass Doukkali a rappelé, par la même occasion, que le Maroc s’est engagé au cours des dernières années dans une «profonde réforme structurelle» pour assurer un développement économique et social durable, où l’industrie pharmaceutique joue un rôle important. Le ministre a affirmé dans ce cadre que le secteur de l’industrie pharmaceutique assure plus de 40.000 emplois, en réalisant entre 1 et 2% du produit intérieur brut. «Aussi, l’industrie pharmaceutique marocaine occupe actuellement une place importante dans le continent africain», a-t-il souligné. Et d’ajouter que «le Maroc est déterminé à aller de l’avant pour consolider sa position de hub à l’échelle du continent prenant davantage en considération les questions relatives à la lutte contre la falsification. La forte présence des décideurs, des parties prenantes et des spécialistes du secteur pharmaceutique dans ces deuxièmes Assises est une preuve de l’importance et de la nécessité urgente de réfléchir sérieusement à développer une feuille de route pour activer et mettre en œuvre une stratégie conjointe, intégrée et adaptée». 

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