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Qu'est-ce qui tue les entreprises à Casablanca-Settat ?

L’accès au marché est la première difficulté rencontrée par les entreprises créées à travers le Centre régional d’investissement de Casablanca-Settat. Selon une étude sur le parcours post-création couvrant la période 2003-2015, sept entreprises actives sur 10 considèrent l’accès au marché comme déterminant. L’enquête révèle également que près d’une entreprise sur 4 ne démarre jamais son activité et que la moitié environ ne dépasse pas le cap des 3 ans. De même, à peine une société sur 3 franchit les 5 ans d’existence. La préparation du projet en amont n'est pas une vue de l'esprit.

Qu'est-ce qui tue les entreprises à Casablanca-Settat ?
Ph. Saouri

L’État a beau multiplier les initiatives pour encourager la création d’entreprises, encore faut-il que ces dernières franchissent les zones de turbulences. Une étude menée par le Centre régional d’investissement de Casablanca-Settat (CRI) sur le parcours post-création des entreprises dans la région a abouti à des résultats édifiants. L’enquête, première du genre au Maroc, a été confiée au cabinet Capital Consulting et a bénéficié d’un appui financier et technique de la Banque mondiale. Elle a porté sur un échantillon d’entreprises immatriculées à travers le CRI entre 2003 et 2015. Ainsi, sur près de 64.000 entreprises immatriculées, seules 51% étaient toujours actives à fin 2015 pour 249.000 emplois générés. 93% d’entre elles sont des TPE avec un chiffre d’affaires inférieur à 10 millions de dirhams et occupant moins de 10 personnes. 
 L’étude, dont les résultats ont été dévoilés le 16 octobre à Casablanca, révèle que le taux de survie diminue significativement au cours des cinq premières années d’existence. Il est ainsi de 73% à moins d'un an, 48% à 3 ans et 32% à 5 ans. Ce taux tombe à 6% au bout de 10 ans. Ce qui témoigne de la situation d’extrême fragilité dans laquelle se trouve l’entreprise au cours des cinq premières années. 
Capital Consulting note ici que la survie d'une structure dépend de sa forme juridique et du secteur d'activité. En clair, les SA, SAS (société par actions simplifiée) et les succursales résistent mieux. Idem pour celles actives dans l'enseignement, la finance et l'industrie manufacturière. A contrario, les entreprises évoluant dans l'industrie extractive, la production et distribution d'électricité et l'information&communication seraient plus exposées au risque de mortalité. Ces taux de survie demeurent très en deçà des moyennes observées dans les économies développées : le taux de survie à 3 ans est de 61% au Canada, 69% en Espagne et 78% au Royaume-Uni. 
Quel est alors le facteur clé de succès ? La préparation du projet entrepreneurial en amont. Ainsi, près d’une entreprise qui a cessé son activité sur 2 n’a pas bien préparé son plan d’affaires en amont contre moins d’une entreprise toujours active sur 3. 
Autre constat : les entreprises actives sont proportionnellement 2 à 3 fois plus nombreuses que les inactives à avoir mis en place des pratiques de veille marché et concurrentielle, de fixation d’objectifs avec un plan d’action commercial ou encore de formation continue au profit des collaborateurs. 

Il ressort en outre de l'enquête que l’accès au marché est la première difficulté telle que hiérarchisée par les entreprises, et ce, quel que soit leur secteur d’activité : 7 sociétés actives sur 10 le considèrent prioritaire. Le financement figure en deuxième position pour près des deux tiers des entreprises actives. Précision importante : la fiscalité, l’immobilier et les RH ne ne constitueraient pas une difficulté prioritaire pour les entreprises sondées. Autre révélation : pour près de 2 entreprises sur 3 qui ont cessé leurs activités, la mauvaise gestion financière a été le principal facteur déclencheur à court terme. La bonne gestion financière de l’entreprise (particulièrement le bon dimensionnement des charges fixes par rapport aux flux anticipés d’entrée de cash) apparaît donc comme un levier déterminant dans la survie de l’entreprise. L’étude ne s’est pas contentée de l’analyse des facteurs de mortalité des entreprises. Elle a décliné tout un plan d’actions pour réduire les défaillances. Ce dernier comprend trois propositions. D’abord, un accompagnement des porteurs de projets et un suivi post-création. Ensuite, l’activation d’un Small Business Act au niveau régional. Enfin, la création d’un fonds de promotion et d’investissement régional. «À court terme, le CRI de la région devrait jouer un rôle clé dans l’activation de la première initiative, et ce, en cohérence avec le changement du statut des Centres régionaux d’investissement récemment enclenché», indique Abdellah Chater, directeur général du CRI de Casablanca-Settat, lors de la présentation des résultats de l’étude. L’objectif étant d’évoluer d’un rôle de simple guichet à un rôle de conseil et d’accompagnement. Il s'agit aussi de conseiller, orienter et tester le porteur de projet qui s’adresse au CRI en amont. Ce dernier travaillera également à animer un réseau d’adhérents à travers des formations adaptées à des conditions. «C’est un projet ambitieux dont nous étudions actuellement le modèle économique», précise Chater. Le CRI planche également sur la création d’un Comité stratégique de la promotion de l’entrepreneuriat dans la région (CSPE). Ce projet, qui est une initiative du Wali, permettra la mise en œuvre des recommandations de cette étude ainsi que le déploiement et le suivi de son plan d’actions. Ce comité veillera de concert avec les différents acteurs de l’écosystème à entreprendre toute mesure permettant de favoriser la création et le développement des entreprises au niveau régional. 

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