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La qualité de l’enseignement universitaire tributaire de l’amélioration de la gouvernance

L’enseignement supérieur au Maroc n’est pas au mieux de sa forme. Facultés surpeuplées, orientation pédagogique défaillante, faible encadrement des étudiants… le constat dressé dans le projet de rapport du Conseil supérieur de l’éducation est sans appel. Pour relever le défi de la qualité et de l’efficacité dans le secteur, il est vital d’œuvrer pour l’amélioration de la gouvernance et l’application du principe de la reddition des comptes.

La qualité de l’enseignement universitaire tributaire  de l’amélioration de la gouvernance
Ph. Kartouch

Le projet du rapport sectoriel sur l’évaluation de l’efficacité et de l’efficience de l’enseignement supérieur, publié mercredi dernier par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique, a de nouveau confirmé le constat que l’on connaît déjà. Le secteur de l’enseignement supérieur souffre de plusieurs maux qui impactent la qualité de la formation et la production de profils disposant de qualifications et de compétences à même de faciliter leur accès au marché.
En effet, ce rapport, qui a été présenté par Rahma Bourkia, présidente de l’Instance nationale d’évaluation auprès du Conseil supérieur de l’éducation, l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, l’enseignement souffre toujours de la faible présence de système de passerelles entre les différentes formations, parallèlement à une orientation pédagogique défaillante. Plusieurs autres points noirs marquent par ailleurs ce secteur, notamment le problème du surpeuplement des facultés. Selon les statistiques fournies dans le cadre de ce rapport, les 56 facultés à accès ouvert existant au Maroc ont accueilli près de 684.718 étudiants en 2017 soit 88,3% de l’effectif global, sachant que le nombre total des étudiants a atteint au cours de la même année plus de 997.338. Quant aux établissements d’enseignement supérieur à accès limité (estimés à 68 structures), ils n’ont drainé que 11,7% des étudiants (soit 96.783 inscrits). Les auteurs de ce rapport, qui se sont intéressés à l’évaluation de la qualité de l’enseignement au niveau des universités à accès ouvert (de lettres, de sciences et de droit), se sont basés dans leur analyse sur l’examen du cursus des élèves appartenant aux promotions de 2007, 2008, 2009, 2010, 2011 et 2012 inscrits dans les cycles de licence fondamentale au niveau de trois universités. Il ressort de cette étude que 65,7% des élèves inscrits en 2007 ont suspendu leurs études. Ce pourcentage a toutefois baissé en 2012 pour atteindre 53,7%.

Selon le même rapport, plusieurs raisons peuvent expliquer cet état des lieux, notamment le problème de la hausse continue du nombre d'étudiants ainsi que les faibles ressources allouées aux universités, particulièrement durant l’année 2010-2011. En effet, un montant de 1,111 milliard de dirhams a été mobilisé pour financer le cursus des étudiants ayant obtenu leurs diplômes dans les délais légaux, ce qui représente un montant de 10.000 DH dépensé pour chaque étudiant inscrit dans les universités à accès ouvert, contre un montant de 40.000 DH mobilisé pour chaque étudiant inscrit dans un établissement à accès limité.

Cette situation s’explique selon le rapport par le fait que 60% des ressources financières se destinent aux salaires des professeurs et fonctionnaires de l’enseignement supérieur, sachant que le nombre des enseignants reste limité par rapport aux élèves inscrits. Chaque enseignant encadre 173 étudiants au niveau des filières littéraires. Cette moyenne baisse toutefois lorsqu’on s’oriente vers les filières scientifiques où chaque enseignant encadre 35 élèves. Cette massification n’est pas sans conséquence, car elle provoque la réduction du taux d’encadrement des étudiants, et la suppression de certaines «unités de formation», comme les travaux pratiques au cours des premiers semestres de formation.
Pour remédier à cette situation, les auteurs de ce rapport identifient un certain nombre de défis que le secteur est appelé à relever pour améliorer l’efficacité et l’efficience de la formation. Parmi ces défis figure donc l’amélioration de la gouvernance en procédant à l’application du principe de la corrélation entre la responsabilité et la reddition des comptes. Ils préconisent également d’harmoniser le système de formation à travers la création de passerelles et la révision du système du LMD (licence-master-doctorat). Les sages du Conseil appellent enfin à adopter le critère de l’excellence comme critère de distinction des étudiants doués, quelle que soit la spécialité. 

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