Quel rôle pour le système financier dans le nouveau modèle économique ?

Le débat sur la nature du lien entre la finance et la croissance est d'actualité et les travaux de recherche dans ce sens se poursuivent. Pour Jean-Paul Pollin, professeur à l'Université d'Orléans, «il existe un lien de causalité entre ces deux concepts». L'expérience internationale des pays en développement a montré que les économies disposant d'un système financier développé présentent un avantage comparatif avéré. Celui-ci est essentiel pour le développement des entreprises qui sont à l'origine de la transformation structurelle de l'économie et de la croissance sur le long terme. «Dans un contexte international marqué par la mondialisation et la course à l'innovation, l'approfondissement du système financier est indispensable pour la préservation de la compétitivité», explique Pollin lors de la 3e édition des Journées internationales de macroéconomie et de finance tenues hier à Rabat sur le thème «La finance au service de la croissance». L'objectif de cette manifestation, organisée notamment par BAM et l'Université Cadi Ayyad de Marrakech, est de créer un espace de débat entre décideurs, universitaires et professionnels autour de cette thématique de grande importance pour le Maroc.  Le système financier est donc primordial pour le développement économique, car il dispose d'une forte capacité d'innovation surtout dans la couverture contre les risques, ce qui permet de renforcer la résilience de l'économie, et d'accroitre l'efficacité des décisions de financement. Et donc de contribuer à une meilleure allocation des ressources dédiées au soutien de la croissance. Au Maroc, les différentes politiques et mesures entreprises par les pouvoirs publics ont permis à son système financier de jouer un rôle pivot dans le financement de l'économie, en le positionnant aux premiers rangs des pays de la région MENA. Pour sa part, Bank Al-Maghrib a adopté une politique monétaire accommodante et mis en place des dispositifs pour soutenir le financement des PME. Ainsi, le gouvernement a renforcé les systèmes de garantie des crédits bancaires dédiés aux petites et moyennes entreprises, afin de booster la croissance économique du pays.  Hiba Zahoui, responsable de la supervision bancaire à BAM, a expliqué que la réglementation prudentielle applicable aux banques a été renforcée, pour converger vers les normes de Bâle 3. Ainsi, un cadre de surveillance macroprudentielle a été mis en place pour mieux maitriser les différents risques systémiques pouvant impacter la croissance économique.  Enfin, en deçà d'un certain seuil, le développement financier ne profite pas à la croissance. Dans tous les cas, le rôle de la réglementation, la supervision, les politiques monétaires et macro-prudentielles reste essentiel.