Ce qu’entreprend le Maroc pour la transformation digitale de son agriculture

Le Maroc est en train de prendre une sérieuse option sur le numérique afin de transformer son agriculture. Cette option est portée notamment par le ministère et le groupe OCP. La preuve en a été apportée par les représentants de ces deux institutions qui sont intervenues lors d’une conférence-débat sur le thème «Agriculture digitale : quelles opportunités pour le Maroc ?» organisée hier à Casablanca par la Chambre de commerce suisse au Maroc.
Ainsi, le ministère de l'Agriculture a fait du digital l’un des axes importants de son action pour le développement du secteur agricole, le dotant d’une équipe et d'un budget dédiés, a indiqué Majid Lahlou, directeur des systèmes d'information au ministère. Au niveau du département central du ministère, 30 ingénieurs sont actuellement affectés au digital et sont chargés de la mise en place des solutions numériques ciblant en priorité les petits agriculteurs qui constituent environ 90% de l’ensemble des agriculteurs du pays, selon le responsable. Côté budget, le digital est doté de 30 millions de DH, révèle-t-il. Un montant jugé limité, vu les attentes, par les participants à cette rencontre. Ce que le représentant du ministère a relativisé, en relevant que ce budget concerne uniquement le département central et que le plus important est de veiller à sa bonne affectation. Cette rationalisation donne lieu à des résultats importants, assure le responsable, citant l’exemple d’une économie de 400 millions de DH réalisée dans le programme d'atténuation des effets de la sécheresse en s’appuyant sur le digital. 
S’agissant de l’OCP, son représentant Faissal Sehbaoui, Big Data manager, a révélé que le groupe a mis au point avec l'Université Mohammed VI polytechnique (UM6P) une business unit dite «Agri Edge». Il s’agit d’une plateforme qui travaille sur les données agricoles qu’elle transforme en informations décisionnelles pour les agriculteurs. Elle «convertit la plante en données», note Faissal Sehbaoui. Agri Edge propose aux agriculteurs trois services, indique-t-il, précisant que cette prestation est gratuite pour les petits agriculteurs et payante pour les grands exploitants. Il s’agit, précise le Big Data manager, de la fertilisation raisonnée, l’irrigation de précision et la lutte intégrée contre les parasites (Integrated pest management).Après avoir franchi l’étape du développement théorique, cette business unit a aussi achevé la phase des tests pour la fertilisation raisonnée et l’irrigation de précision, a partagé Faissal Sehbaoui. Actuellement, elle en est à la phase d’industrialisation au cours de laquelle, elle serait amenée à coopérer avec le ministère, selon le même responsable.
Parmi les projets sur lesquels travaille Agri Edge, figure notamment l’utilisation des Smartphones pour le diagnostic des maladies agricoles. Ce projet est en cours de développement à l’UM6P.
Par ailleurs, toutes ces solutions seront vulgarisées lors de la deuxième édition des «Agri Analytics Days» qui devra avoir lieu les 16 et 17 avril 2019. Ce rendez-vous de l’écosystème agricole, organisé par cette Université et l’OCP, traitera notamment du thème de l’agriculture de précision, annonce Faissal Sehbaoui. Ce dernier indique que cette édition sera marquée par la participation des agriculteurs d’Amérique latine qui exposeront leurs expériences dans le recours au digital dans l’agriculture.