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Rabat-Salé-Kénitra en quête de nouvelles vocations

La région de Rabat-Salé-Kénitra veut forcer son destin. Avec une vocation à dominante administrative et une économie reposant en grande partie sur le tertiaire, elle travaille à la diversification de ses activités pour se doter d’un tissu industriel solide, notamment dans l’automobile, avec l’installation de PSA Peugeot Citroën, et développer le secteur primaire et les pôles de services et de l'offshoring. Le futur port de Kénitra-Atlantique et le projet de TGV apporteront une grande pierre à l'édifice.

Rabat-Salé-Kénitra en quête  de nouvelles vocations
L’économie de Rabat-Salé-Kénitra est essentiellement tertiaire avec 60,5% de la valeur ajoutée régionale.

La région de Rabat-Salé-Kénitra ne veut pas être qu’à vocation administrative. Ayant une identité naturellement à dominante administrative, vu qu’elle abrite la capitale du Royaume, la région de Rabat-Salé-Kénitra (RSK) s’efforce d’enrichir sa vocation, en essayant d’y incorporer d’autres éléments identitaires par le développement de secteurs économiques divers. Mais aussi de capitaliser sur ceux déjà bien ancrés, notamment le tertiaire. 

L’économie de la région est en effet essentiellement tertiaire avec une part de 60,5% de la valeur ajoutée régionale en 2015, contre 49,7% pour la moyenne nationale. De ce fait, la région contribue à hauteur de 19,5% du secteur tertiaire national et 49% des actifs employés par ce secteur. L’importance du tertiaire réside dans la prépondérance des services non marchands, selon Abdelkader Benbekhaled, président de la CGEM Rabat-Salé-Kénitra, qui note que, depuis quelques années, la région connait «un rééquilibrage très affiché» de son tissu économique vers des services à forte valeur ajoutée grâce aux entreprises implantées au sein du pôle d’excellence «Technopolis». Comme composante importante du tertiaire, le secteur commercial joue un rôle socio-économique de premier plan dans la région, contribuant à hauteur de 12% de son PIB. 

Rabat-Salé-Kénitra se distingue également par le secteur industriel, puisqu’elle se positionne comme la troisième région industrielle du pays. Avec plus de 800 unités industrielles, ce secteur contribue à hauteur de 9% de la valeur ajoutée industrielle nationale, 7% de l’export, 5% de l’investissement et 10% de l’emploi.

Parmi les branches industrielles développées dans cette région, figure l’industrie pharmaceutique qui constitue «une niche très prometteuse», selon Abdelkader Benbekhaled. Elle représente, en effet, 48% de la valeur ajoutée industrielle régionale et plus de 40% du chiffre d’affaires.

Pour les filières d’avenir, il s’agit notamment de l’automobile qui devra connaitre un changement d’échelle avec l’installation du constructeur français PSA à Kénitra et la construction du port Kénitra-Atlantic, ce qui confortera la région RSK dans son ambition de se positionner comme futur hub de l’automobile. La plateforme industrielle intégrée (P2I) Atlantic Free Zone de Kénitra, entrée en service en 2012, a en effet accueilli plus d’une dizaine de grands équipementiers automobiles qui sont déjà opérationnels sur le site dans différentes spécialités, dont le dernier est le groupement composé du leader mondial AGC Automotive et l’opérateur marocain Induver. Ce groupement va mobiliser près de 1,2 milliard de DH pour la construction d’une usine spécialisée dans la fabrication de verre automobile dont la mise en service est prévue pour 2019.

L’installation de PSA Peugeot Citroën dont le démarrage de la production est prévu en 2020 et qui «constitue le grand atout», va continuer, selon le président Régional de la CGEM, à entrainer d’autres entreprises qui contribueront significativement au taux d’intégration de l’industrie automobile. Cet écosystème va également être accompagné par la création de nouvelles infrastructures logistiques nécessaires à son développement.

Par ailleurs, en plus de la P2I Atlantic Free Zone , la région a été dotée de plusieurs zones industrielles, notamment le projet d’Agropole structurant pour l’agro-industrie régionale.

Concernant le secteur primaire, il est marqué par sa forte vocation agricole dans la région, dynamisée par le Plan agricole régional. En 2015, il a généré 17,7% de la valeur du secteur primaire au niveau national, avec 22 milliards de DH, et représente 13,9% du PIB régional. Les filières phares à fort rendement et génératrices de valeur ajoutée sont notamment les cultures d’agrumes, de primeurs (notamment les fruits rouges), maraîchages, cultures sucrières et la production de lait.

La région de Rabat-Salé-Kénitra développe également depuis plusieurs années des pôles de services et de l'offshoring (à l'image du parc Technopolis à Salé) et se cherche une vocation touristique. Ceci, en s’appuyant sur différents projets structurants déjà lancés qui comprennent des composantes touristiques et de loisir (hôtels de luxe, complexes multifonctionnels, nouvelle station touristique de Mehdia «Difaf Mehdia», projet «Al Saha Al Kabira», réaménagement de la vallée du Bouregreg…).

L'édification du port de Kénitra-Atlantique et le projet de TGV devraient accélérer ces nouvelles vocations, selon Abdelkader Benbekhaled. Ce dernier note que la région possède également d’autres atouts, particulièrement, un potentiel en matière d’infrastructures et de développement de l’innovation et de l’enseignement supérieur, qui permet à la région de se positionner dans d'autres secteurs, tels que les industries culturelles et artistiques ou encore les nouveaux métiers de l'environnement.

Par ailleurs, la région travaille à l’élargissement de son tissu d'entreprises, via notamment la promotion des startups et de l’innovation. La région connait, en effet, l’organisation de «PitchingLab» qui permettra à de jeunes porteurs de projets de venir présenter leur startup et défendre la viabilité économique de leurs projets. Une initiative à laquelle le Fonds Inov Invest devra également être associé.

À cet effet, au moins 700 millions de DH sont prêts à être investis durant les cinq prochaines années dans des start-up innovantes, révèle Abdelkader Benbekhaled, précisant que sur ce montant, 300 millions de DH seront mobilisés par la Caisse centrale de garantie (CCG) via le fonds, et le reste sous forme de participation d’investisseurs. Le même responsable fait remarquer que les start-up sont bien représentées au niveau du bureau de la CGEM Rabat-Salé-Kénitra. 


Entretien avec Abdelkader Benbekhaled, président de la CGEM Rabat-Salé-Kénitra

«L’industrie connaitra un développement certain autour du projet PSA»​

Le Matin-Éco : Quels sont, globalement, selon vous, les atouts et les faiblesses de la région de Rabat-Salé-Kénitra ?

Abdelkader Benbekhaled : Classée au deuxième rang national, la région de Rabat-Salé-Kénitra dispose d’importantes potentialités, que ce soit dans le secteur primaire avec l'amélioration de la productivité agricole et de l’élevage et leur mise en valeur ou l’industrie qui connaitra un développement certain autour du projet PSA Peugeot Citroën. L’infrastructure qui lui sera dédiée sera un bon levier pour développer d’autres projets industriels, logistiques, commerciaux ou touristiques en relation directe ou indirecte avec l’industrie automobile. Au niveau tertiaire, la région capitalisera sur ses atouts pour en créer d’autres autour des nouveaux métiers, en particulier ceux liés aux nouvelles technologies de l’information et l’innovation.

Le Comité régional de l’environnement des affaires a été lancé en octobre dernier. Quels sont vos chantiers pour l’amélioration du climat des affaires et l’attractivité de la région pour les investisseurs ?

Après le lancement du Comité d’amélioration du climat des affaires (CREA RSK) le 10 octobre 2017, nous avons déjà initié différentes activités dans ce sens. Il s'agit de la formation sur les codes de bonne conduite et la gouvernance des entreprises, les 1er, 7 et 17 février 2018. La CGEM Rabat-Salé-Kénitra et l’Université Al Akhawayn à Ifrane ont convenu de mobiliser le Center For Business Ethics, pour la formation et l’accompagnement des managers des entreprises de la région sur la conception et la mise en place de bonne conduite. Cette formation de responsables d’entreprises porte sur la promotion de l’intégrité par le développement et la mise en œuvre des codes de bonne conduite dans leurs organisations.

En outre et en partenariat avec le CRI et avec l’implication des différents acteurs de la région, un plan d’action a été lancé pour activer le travail des commissions du CREA qui est axé sur trois chantiers prioritaires, à savoir :

• La fluidification des circuits des autorisations et la simplification des procédures administratives ;

• La mise à niveau des espaces d’accueil de la région ;

• L’amélioration des procédures relatives à l’obtention de l’attestation de l’acceptabilité environnementale.

Quels sont, à votre avis, les points à améliorer dans les relations entre les opérateurs et les pouvoirs publics au niveau de votre région ?

À mon avis, il faut utiliser tous les outils offerts par la charte relative à l’amélioration du climat des affaires à travers le CREA. Il faut également développer la communication entre toutes les parties intéressées par le développement de notre région. 

La CGEM de la région veut grossir ses rangs en accueillant de nouveaux adhérents. Qu’est-ce qui a été fait et pour quels résultats ?

La CGEM organise régulièrement des manifestations d’intérêts au profit des entreprises membres répondant à leurs attentes. La CGEM RSK démarche régulièrement les entreprises non-membres pour leur faire connaitre tous les avantages et services offerts par notre confédération.

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