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Les réglages stratégiques d’Almabat pour intégrer l’écosystème de PSA Kénitra

Les véhicules Peugeot qui sortiront de l’usine PSA à Kénitra rouleront avec une batterie marocaine, signée Almabat. Le spécialiste marocain a été sélectionné par le constructeur français pour intégrer son écosystème. Il met donc les petits plats dans les grands pour honorer ce partenariat avec l’ambition de fournir à moyen terme les différentes usines de PSA dans le monde. La société a investi plus de 50 millions de DH dans une nouvelle unité de production, entièrement automatique, dont l’entrée en service est prévue pour début 2019.

Les réglages stratégiques d’Almabat pour intégrer l’écosystème de PSA Kénitra

Le spécialiste marocain des batteries, Almabat, aiguise son outil industriel. L’entreprise a été sélectionnée par PSA pour intégrer son écosystème automobile à Kénitra. Pour son managing director, Naoufal Mahdar, le choix d’Almabat par le géant français de l’automobile est non seulement une fierté pour la société, mais aussi pour toute l’industrie marocaine de la batterie. «La première monte est un relai de croissance primordial pour l’industrie de la batterie dans le Royaume et à l’échelle internationale», souligne Mahdar. Le projet PSA-Almabat a démarré en 2017. La société avait alors soumissionné à l’appel d’offres de PSA et fait l’objet des premiers audits de terrain la même année. La bonne nouvelle est tombée en 2018. Le processus a abouti à la sélection d’Almabat en tant que fournisseur de l’usine PSA. 

Chez le constructeur tricolore, ça ne rigole pas. Si son choix est tombé sur Almabat, c’est que le partenaire a vraiment de quoi séduire : «Almabat a été sélectionnée pour son système de management et de qualité robuste et aussi pour tout son potentiel à venir qu’il provienne du groupe auquel elle est adossée, Almamed, de la qualité de ses produits ou de ses projets de développement qui ont commencé à donner leurs fruits», s’enorgueillit Mahdar. 

Schéma logistique

L’entreprise est actuellement en discussion avec les cols blancs de PSA sur le produit à adapter au véhicule que le groupe français compte produire à Kénitra. Les négociations portent également sur le schéma logistique à opérationnaliser dans le cadre de ce partenariat. En effet, nous déclare le directeur d’Almabat, l’écosystème ne sera pas entièrement installé à Kénitra. Conséquence : le schéma logistique en projet évoluera pour intégrer des optimisations futures. «Almabat est dotée d’une grande capacité d’adaptation qu’elle a acquise tout au long de son histoire (production de batteries au Maroc depuis 1963) et dispose d’une équipe de production et logistique performante», assure Mahdar. 

Pour pouvoir honorer ses engagements avec PSA, l’entreprise électrise ses troupes afin d’accélérer l’installation d’une nouvelle ligne d’assemblage de batteries, entièrement automatique. La nouvelle usine qui élira domicile à Bernoussi à Casablanca devra entrer en service début 2019. «Cette ligne de production répondra aux exigences de production et de qualité de la première monte les plus élevées. Par cet investissement, Almabat donne un coup d’accélérateur à son développement et à l’augmentation de sa capacité de production, bien au-delà de 1 million de batteries dont elle dispose déjà. La nouvelle ligne de montage met également Almabat au même rang que les producteurs européens les plus renommés», fait valoir le patron. Investissement : plus de 50 millions de dirhams. Son démarrage permettra de créer de nouveaux emplois sur toute la chaine : de l’unité de collecte et de recyclage (Samab) à la force de vente des batteries, en passant par l’usine de production et la chaine logistique. Almabat livrera PSA graduellement et son management espère rapidement atteindre un volume critique dans l’usine du groupe français. «Nous espérons, à terme, produire environ 90.000 batteries pour cette usine.

Ce qui est largement à la portée d’Almabat qui dispose déjà d’une capacité de 1 million», précise Mahdar.  Les ambitions de l’entreprise n’ont pas de plafond. Son management étudie sérieusement la possibilité de monter carrément une autre unité de production dans la zone franche de Kénitra. Tout près de son client PSA. «Nous étudions actuellement les différents contours de ce projet. D’ailleurs, le groupe PSA nous encourage vivement à installer une usine de production dans la zone franche», nous confie Mahdar. Derrière ces différents projets, Almabat a construit toute une vision : «la qualification pour l’usine PSA nous permettra de fournir d’autres usines du groupe dans le monde. Si à cela s’ajoute le reste des constructeurs automobiles installés au Maroc ou potentiels, Almabat peut à moyen terme assurer une production de plusieurs centaines de milliers de batteries à l’industrie automobile», affirme le management. 


Actuellement, «nous visons une augmentation de la capacité de production à deux millions de batteries par an à moyen terme». La première monte fait beaucoup saliver Almabat. Si à moyen terme l’entreprise arrive à livrer plusieurs centaines de milliers de batteries pour l’industrie automobile, la première monte pourra peser entre 20 et 40% de son chiffre d’affaires. «C’est d’ailleurs la fourchette des ratios des producteurs internationaux de batteries», souligne Mahdar. 

Chasse au gaspillage

L’industrie de la batterie est très énergivore. «La contribution de l’énergie dans la structure de coûts d’une batterie est significative», indique Mahdar. Mais Almabat optimise ses coûts par l’organisation des postes de travail de manière à éviter au maximum les heures de pointe et profiter des heures creuses par la chasse au gaspillage. Une autre solution : la société étudie un projet dans le photovoltaïque. «Mais sa contribution ne peut être que petite sur le site actuel au regard des surfaces occupées par les panneaux», précise le management. Pour les matières premières, Almabat est «très active» dans la filière de collecte et de recyclage des batteries usagées, classées déchets dangereux. «Nous avons décroché cette année l’agrément auprès du secrétariat d’État au Développement durable pour le transport des batteries usagées à Almabat en plus de l’agrément de recyclage qui a été accordé à notre filiale Samab en 2017. Le fait de pouvoir collecter et recycler la matière première nous permet de gagner en compétitivité et surtout de sécuriser l’approvisionnement, vital à la survie de l’industrie de la batterie au Maroc», se félicite Mahdar. L’entreprise est par ailleurs toujours en discussions avec les ministères concernés pour structurer la filière de la batterie usagée. «Les décrets adoptés récemment ont permis à l’industrie de la batterie de souffler et d’investir dans la modernisation de son outil de production. Nous espérons que l’État va continuer ce travail en assurant l’application de tous les décrets y compris la consigne», confie le manager. 
Rappelons que l’opérateur avait investi en 2017 plus de 200 millions de dirhams dans une nouvelle unité de recyclage située au quartier industriel de Sapino à Nouaceur. L’usine, opérationnelle depuis février 2017, couvre une superficie de 2 hectares. Depuis son entrée en service, elle procède au traitement de 300 à 800 tonnes de batteries usagées par mois. 

«Nous ambitionnons d'atteindre 1.200 tonnes par mois», déclarait alors Naoufal Mahdar au «Matin-Éco». Ces tonnages permettent à Samab d’assurer une production de 50.000 batteries neuves par mois. Avec ce volume, la société pourra engranger jusqu’à 100 millions de dirhams de chiffre d’affaires en année pleine. Et ce n’est qu'un début. Samab entend, en effet, doubler son chiffre d’affaires d’ici 2020. Almabat, la maison mère, compte, elle aussi, doper ses performances. 

200 millions de chiffre d’affaires, le double en 2020

L’entreprise produit actuellement 500.000 batteries par an (batteries de démarrage, de traction et des batteries industrielles, commercialisées sous la marque Alma) et réalise un chiffre d’affaires de 200 millions de dirhams qu’elle entend doubler à l’horizon 2020. Selon Mahdar, l’investissement réalisé dans le recyclage des batteries usagées permet à Almabat et sa filiale de disposer d’une plateforme de développement durable capable de traiter la totalité des déchets de batteries générés au Maroc et estimés à plus de 15.000 tonnes par an. La nouvelle plateforme permet également au groupe de s’assurer une intégration verticale : du recyclage de la batterie usagée jusqu’à la fabrication et la commercialisation de toutes les gammes de batteries demandées sur les marchés national et international. Selon le management, la quantité de plomb provenant du recyclage de la batterie usagée est estimée entre 8.000 et 9.000 tonnes par an. Le plomb d’œuvre qui en ressort est à peine suffisant pour les besoins actuels d’Almabat et son confrère Afrique Câbles : les 8.000 à 9.000 tonnes de plomb dans les batteries usagées procureraient environ 6.000 à 7.000 tonnes de plomb affiné. L’entreprise emploie directement quelque 250 personnes (entre Almabat et Samab) et pas moins de 500 indirectement. Sa logistique est gérée en interne pour toutes les parties jugées «stratégiques» à Almabat comme l’approvisionnement, la gestion des stocks et la préparation des commandes et expéditions. La partie transport, quant à elle, est externalisée à 80%.

30% de part de marché au Maroc et nouvelles visées sur l'étranger

Almabat n’est pas une roupie de sansonnet sur le marché local. La société revendique, en effet, 30% de part de marché (270.000 batteries vendues localement en 2017). À en croire le top management, le marché marocain se porte bien malgré un ralentissement observé durant les mois de mai et juin derniers. Août, quant à lui, aura été un bon cru pour les ventes de la société malgré les jours de fête. Pour Mahdar, c’est le signe d’une haute saison prometteuse. Cette dernière s’étend généralement de septembre à janvier. «Almabat est présente sur le terrain à travers une bonne couverture et des liens étroits avec ses distributeurs à l’échelle nationale, par des campagnes marketing ciblées et aussi par plusieurs séminaires et tournées nationales organisées en faveur des revendeurs, électriciens et réparateurs», soutient le managing director. L’entreprise affirme être reconnue pour la qualité de ses produits et ses prix compétitifs. «Nous comptons rester leaders sur le marché par la compétitivité, la recherche-développement et l’innovation», promet Mahdar. Ainsi, Almabat a lancé cette année la série basse des batteries. Ce qui lui a permis de donner une alternative à l’importation xpuisqu’elle est «le seul fabricant local» à en produire. Almabat met au point également en cette année 2018 les batteries «Start & Stop» qui sont la dernière génération de batteries à très grand nombre de cycles.  Et l’export dans tout cela ? «L’activité à l’export est conforme aux attentes, stable par rapport à l’année dernière, sur le premier semestre. Le second semestre apparait plus difficile à cause de la crise économique en Corée du Sud et de la baisse de la livre turque», réagit Mahdar. 

En fait, détaille-t-il, ces deux pays sont de grands exportateurs de batteries et cherchent à donner un nouveau souffle à leurs exportations par la baisse des prix et nous concurrencer sur nos marchés traditionnels (Europe du Sud et de l’Ouest et Afrique, notamment). La baisse de la demande mondiale se traduit par la baisse sensible du cours de plomb au LME (London Metal Exchange). Mais cela ne freine pas l’appétit d’Almabat. La société est toujours en prospection de nouveaux clients sur le marché international. Régions cibles : l’Europe et l’Afrique. La société exporte depuis déjà des années un peu plus de 50% de sa production vers les marchés européen et africain. En Europe, les batteries signées Almabat sont présentes dans plusieurs pays notamment au Portugal, en Espagne, en France, en Belgique et en Angleterre. En Afrique, la société a réussi à pénétrer des marchés à fort potentiel comme la Mauritanie, le Sénégal, l’Algérie, la Libye, la Côte d’Ivoire et le Cameroun. D’autres pays figurent également sur la liste comme la Jordanie, le Liban et la Syrie. 

 

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