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Les relations hommes-femmes décortiquées par Soumaya Naamane Guessous

La sociologue et écrivaine Soumaya Naamane Guessous revient sur les mutations de la société marocaine qui ne cessent de créer des paradoxes liés principalement à l’éducation et impactant les relations de couple.

Le mois de février est celui de la célébration de l’amour, avec à la clé, une date fétiche : le 14 février, fête de la Saint-Valentin. Cependant est-ce réellement l’occasion pour exprimer son amour à autrui ou est-ce juste une opération marketing ? Pour mieux cerner le problème, l’Union nationale des professionnels de l’assistanat a organisé, jeudi à Casablanca, une rencontre sur les relations hommes-femmes dans la société marocaine, et plus particulièrement les relations de couple, animée par la sociologue et écrivaine Soumaya Naamane Guessous qui a livré sa vision sur l'évolution de ces relations. Une évolution portée particulièrement par le développement de la femme et son indépendance, tandis que les hommes, pour la majorité, continuent de s’accrocher à leurs privilèges traditionnels.
Une vision basée sur des années de recherches et d’études qui font ressortir des comportements quelque peu paradoxaux liés principalement à l’éducation et la culture environnementale de la société marocaine.
«Notre société a connu des mutations sociales très importantes dans un laps de temps très réduit. En effet, en 60 ans, notre société a évolué de la même manière que la société occidentale en un siècle et demi. Cependant, quand une société connait des mutations aussi importantes, cela peut créer des paradoxes dans la société», souligne d’emblée 
la sociologue.

Pour appuyer ses propos, Naamane Guessous explique que malgré la modernisation que connait la société, l’éducation demeure traditionnelle. La preuve, c’est la différence qu’on met en avant dans l’éducation des filles et des garçons. «On remarque que beaucoup de parents responsabilisent les filles au sein du foyer, mais ne font pas la même chose avec les garçons. Cette attitude donne lieu à des hommes qui ne sont pas autonomes et qui risquent d’être confrontés à des épouses qui refuseront de les servir», souligne la sociologue. Cette dernière affirme ainsi qu’on éduque les garçons à se valoriser par leur virilité : «Le garçon ne doit pas pleurer, ni montrer ses faiblesses et encore moins exprimer sa souffrance ou ses émotions. Il doit défendre ses sœurs et veiller sur elles… On l’encourage aussi, directement ou indirectement, à développer ses compétences sexuelles». Par contre, explique Naamane Guessous, on éduque les filles au principe que leur valorisation passe par leur virginité ! «L’éducation crée ainsi des paradoxes : on forme les garçons à booster leurs expériences sexuelles et les filles à contenir leurs désirs et envies sexuels. Ce paradoxe crée des frustrations qui se manifestent notamment dans le nombre d'agressions et de harcèlement remarqués dans la rue», explique la 
sociologue. Cette différence dans l’éducation engendre des visions opposées de la vie. Chez la femme, l’amour est sublimé et le mariage est un commencement, alors que l’homme fuit l’amour, ou du moins évite de l’exprimer, et pour lui, le mariage est une fin. «Tous ces éléments augmentent le manque de confiance dans le couple. On ne nous prépare pas à vivre dans le cadre du couple. Parce que l’éducation ne prépare pas le garçon à vivre avec la fille, la preuve en est que c’est l’injustice et l’adversité qui marquent la relation entre frères et sœurs», note Naamane Guessous. 
  Hafsa Sakhi

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