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Une rencontre sur la violence dans les stades

L’Institut français de Kénitra a abrité une rencontre-débat sur la violence dans le sport et notamment dans les stades, en marge de la présentation du livre intitulé «Des ultras dans la ville : un aspect de la violence urbaine», du journaliste et sociologue Abderrahim Bourkia.

Une rencontre sur la violence dans les stades
Abderrahim Bourkia (à gauche) est l’un des rares spécialistes marocains de la violence dans les stades.

Les images de violence et de vandalisme dans les stades, véhiculées par les médias et amplifiées par les réseaux sociaux, ont terni l’image du sport. Cette violence, dans les espaces où doit régner normalement l’esprit sportif, constitue désormais une grande source d’inquiétude. L’on a tous à l’esprit ces graves incidents, qui ont fait 14 blessés parmi les forces de l'ordre, lors du match ayant opposé le Kawkab de Marrakech au Raja de Casablanca au mois de février dernier.  
Ce sujet brûlant et d’actualité a été l’objet d’une rencontre-débat à l’Institut français de Kénitra, jeudi dernier, lors de la présentation du livre «Des ultras dans la ville : un aspect de la violence urbaine», du journaliste et sociologue Abderrahim Bourkia. 
L’idée générale qui s’est dégagée lors de cette rencontre, animée par Mourad Mkinsi, spécialiste du hooliganisme, de l’Université Ibn Tofaïl, est que la violence dans le sport, et notamment dans les stades de football, n’est qu’un concentré de la violence dans la société. Elle est le reflet d’un certain malaise social. 
Le sociologue a tenu à souligner que les tentatives d’explication sont multiples et parfois même contradictoires. Elles peuvent être plus ou moins argumentées. Compte tenu de la complexité du phénomène et des conséquences graves qui peuvent en découler. Abderrahim Bourkia appelle à abandonner les schémas classiques d’analyse, teintés de manichéisme et qui accordent plus d’importance aux symptômes qu’aux véritables causes. 
Le conférencier n’a pas manqué de rappeler que l’éradication ou du moins l’atténuation de la violence dans le sport, ne peut aboutir que dans le cadre d’une approche intégrée, engageant l’ensemble des composantes de la société. Il s’agit, a-t-il dit, d’une responsabilité collective impliquant la famille, l’école, les institutions socio-éducatives et culturelles, ainsi que les pouvoirs publics. 
«Cette violence qui s’invite dans les stades prend en otage le spectacle footballistique et révèle les maux de notre société : malaise, errance socioéconomique, scolarité défaillante, familles en difficulté, habitat insalubre, chômage, précarité persistante, vives inquiétudes quotidiennes et futur incertain», a-t-il précisé. Tout cela dans un contexte où les réponses institutionnelles ont toujours abouti sous forme de sanctions-réactions à des actes dramatiques, au lieu de favoriser des solutions de prévention socioculturelle adaptées et mûrement réfléchies. Une approche uniquement répressive, a-t-il affirmé, avec un important déploiement des forces de sécurité, reste insuffisante, d’où l’extrême nécessité d’allier les stratégies préventives aux mesures punitives. 
Évoquant la question de ce qu’il appelle «le supporterisme», l’intervenant a souligné que le stade est devenu un lieu privilégié d’expression identitaire et de revendication sociale. À cet égard, les supporters de football ont réussi à faire du stade un espace de visibilité collective et ont emprunté des slogans du lexique politique ou public. L’auteur du livre tient d’abord à souligner qu’il n’y a pas de recette magique pour lutter contre la violence dans le sport et que seule une action concertée et cohérente permettra d’y faire face. Tout en mettant l’accent sur la dimension mondiale de ce phénomène, l’auteur de ce livre-précurseur estime que les facteurs de violence individuelle ou collective diffèrent d’une société à une autre. 
Les intervenants ont souligné que l’importance de cet ouvrage réside dans cette capacité à proposer à l’ensemble des acteurs concernés des pistes de réflexion. Il ne prétend nullement donner des réponses clés en main. 
Il est à souligner que Abderrahim Bourkia est l’un des rares spécialistes marocains de la violence dans les stades. Membre-chercheur du Centre marocain des sciences sociales et chercheur associé à l’Observatoire de la délinquance et des contextes sociaux, ainsi qu’au Laboratoire méditerranéen de sociologie, à la Maison méditerranéenne des sciences de l’Homme de l’Université d’Aix-Marseille, il mène depuis longtemps des recherches sur le «supporterisme» en Méditerranée, la violence urbaine de la délinquance. 

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