Le rendez-vous de Buenos Aires, premier de la présidence argentine du G20, intervient dans un environnement particulièrement tendu. Il se tient tout juste avant l'entrée en vigueur le 23 mars des droits de douane américains sur les importations d'acier et d'aluminium en provenance du monde entier, à l'exception du Canada et du Mexique.
L'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), qui fait souvent office de bras opérationnel du G20, est à la peine sur un autre sujet épineux : la taxation des géants du numérique ou Gafa. Cet acronyme désigne les quatre mastodontes américains du secteur (Google, Amazon, Facebook, Apple), dont les pratiques d'optimisation fiscale sont régulièrement pointées du doigt. Dans un rapport intermédiaire qu'elle remet au G20 Finances, l'OCDE a constaté qu'il n'y avait pas de consensus sur la manière de taxer les Gafa, ouvrant la voie à des mesures unilatérales comme celles que la Commission européenne prévoit de dévoiler mercredi prochain à Bruxelles. Le rapport de l'OCDE a donné lieu à un premier avertissement à Bruxelles de la part des États-Unis avant même que ne débute la réunion de Buenos Aires. «Les États-Unis s'opposent fermement aux propositions de quelques pays que ce soit de cibler les compagnies numériques» par une taxation spéciale, a affirmé le secrétaire au Trésor, Steven Mnuchin. À Buenos Aires, où la question de la cryptomonnaie bitcoin doit aussi être abordée, le G20 devrait être en mesure de s'épargner au moins une polémique : celle sur le cours du dollar. M. Mnuchin avait fait chuter le billet vert en janvier dernier au forum économique de Davos, en disant sa préférence pour une devise américaine faible, au grand dam des pays qui exportent vers les États-Unis. Le brouillon du communiqué final, qui fait l'objet d'intenses négociations, devrait être ainsi formulé, pour apaiser toute crainte de guerre des changes se greffant à une guerre commerciale : «Nous nous abstiendrons de procéder à des dévaluations compétitives et nous ne viserons pas le taux de change à des fins compétitives». Mais le mot protectionnisme devrait rester le grand absent du texte, remplacé par une pudique critique des «Inward looking policies», soit «des politiques tournées vers l'intérieur». Cette expression soufflée par la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, selon les sources consultées par l'AFP, témoigne des difficultés du G20 à se mettre d'accord.