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Richesse des pensées et expériences soufies : tout un océan de savoir

«Le soufisme : un paradigme de civilisation» est la première table ronde de la 11e édition du Festival de Fès de la culture soufie. Plusieurs intervenants y ont pris la parole pour évoquer cette question, chacun selon sa propre approche dans ce vaste univers qui suscite encore de nos jours beaucoup d’interrogations.

Richesse des pensées et expériences soufies : tout un océan de savoir
Ph. Kartouch

Dans son intervention, la chercheuse tunisienne Inès Safi n’a pas manqué de qualifier le soufisme de présent-absent au moment de la colonisation française, «car celle-ci a contribué à le combattre et il fallait maîtriser l’arme de l’ennemi, qui est la raison, pour pouvoir le réhabiliter». Inès Safi a également évoqué l’âge d’or de l’Islam où le soufisme fut le mieux représenté à l’époque d’El Ghazali. «On ne doit pas oublier qu’à certaines époques, raison et spiritualité étaient antinomiques. Puis, dans d’autres, elles s’alimentaient l’une de l’autre». Dans le même contexte, la spécialiste d’Ibn Arabi, la Libanaise Souad Hakim, a pu dissocier la conception de la raison en Occident, dont la fonction est d’organiser le savoir, de la vision de cette même raison en Orient où, en plus de son moyen de recevoir par l’inspiration, est définie comme capacité de compréhension et traduite en termes rationnels. De son côté, l’universitaire Abderrahim Hafidi s’est posé la question du soufisme de deux manières, le religieux et le théologique. Pour lui, le soufisme est un état d’esprit, de savoir-vivre qui peut énormément apporter dans la vie de la personne. Sans oublier son côté objectivable, c’est-à-dire sa fondation, son élaboration, son universalisation, son expérimentation… Et d’ajouter que le soufisme serait l’antidote d’une politique de l’extrémisme. «Car il pose les questions de l’individu. Donc, il faut le garder comme vigile morale et étique». Pour le diplomate et économiste Taoufiq Boutchich, il y a un lien étroit entre soufisme et développement humain durable.

Et ce, entre autres, en revalorisant le patrimoine culturel et cultuel, en fondant un nouveau regard sur l’humain, en tant qu’être social et spirituel, puis sa relation avec la nature, avec la société et avec les valeurs spirituelles. L’Algérien Abdelhafid Benchouk, qui est directeur de la Maison soufie à Paris et Moqaddem de la Tariqa Naqchebendi, a affirmé que cette plateforme de ressources communes, qui est le soufisme, se doit d’agir et interagir dans tous les domaines.

Mais pas dans le sens d’instrumentaliser les choses. En réponse à cela, Abdelaziz Debbagh, professeur universitaire et imam, qui a aussi travaillé dans le domaine du nucléaire, a insisté sur le fait de spiritualiser la politique et non de politiser la spiritualité, tout en s’ouvrant à toutes les approches et richesses des pensées et expériences soufies qui sont tout un océan de savoir. C’est ainsi que les interventions se sont poursuivies par des spécialistes venant de multiples univers, notamment Jamal Eddine Amrani, que le soufisme et la philosophie ont accompagné durant toute sa vie. La parole de ce chercheur a porté sur la présence tangible du paradigme soufi dans l’histoire, car, selon lui, le côté pratique est vérifié dans toute l’histoire. «Le soufisme reste une alternative spirituelle acquise par la formation et l’éducation», a-t-il indiqué. Par ailleurs, le public du festival a pu assister à une autre table ronde, et non des moindres, qui a abordé la thématique du «Soufisme au féminin», animée par des intervenants, en majorité des femmes, qui ont débattu sur le rôle qu’a pu jouer la femme dans le soufisme tout au long de l’histoire. Il s’agit de Carole Latifa Ameer, Leili Anvar, Salamatou Sow, Inès Safi, Ikram Bennani et Abdelhafid Benchouk. À la fin de chaque table ronde, le président du festival, Faouzi Skali, en tant que modérateur, donnait la parole à l’assistance pour poser des questions auxquelles répondaient tour à tour les conférenciers présents. Des rencontres très intéressantes à plus d’un titre et qui, depuis la création du festival, jouent un rôle important pour faire connaître toutes les facettes du soufisme par des spécialistes et académiciens qui ont fait des recherches approfondies dans ce domaine. 

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