Il faut dire que Rim Laâbi nous réserve toujours de bonnes surprises qui sont l’aboutissement d’un grand effort professionnel et d’une sincère passion pour offrir aux passionnés de l’art des projets grandioses qui méritent une attention particulière. C’est le cas de l’exposition «Plasticiens du Maroc, Poètes du Monde», réunissant 26 plasticiens, 24 poètes et 4 musiciens, et ce, à travers 100 œuvres plastiques et 50 poèmes écrits et sonores que la commissaire de l’exposition a répartis en huit espaces thématiques. Il s’agit de «L’œil écoute», «Ligne de fuite», «Airs», «Nomade est la lumière», «À l’ombre des mots», «Souffles», «Ostinato» et «Tout n’est pas dit». À travers ces huit espaces, on découvre une exposition d’arts et de poésie qui, selon Rim Laâbi, cristallise une rencontre de faits plastiques et d’écritures poétiques proposant un parcours enchanté où vibrent couleurs et mots, dans un souci de «liberté guidée». «Cette poésie plastique, poétique par le langage, plastique par l’image, doit être un moment de bonheur qui offre le plaisir de la mise en espace du corps. Il est à préciser que le poème ne doit pas être un simple commentaire artificiellement ajouté à une œuvre d’art plastique. Par son rythme, son contenu relatant une expérience vécue, le poème révèle le processus par lequel la pensée du peintre aboutit au tableau, puis par l'écho qu'il suscite, il prolonge le tableau… De fait, c’est à travers l’analyse de la structure sémantique d’un poème et celle de la structure visuelle d’une œuvre plastique, autrement dit, la réalisation d’une esthétique comparée, que le dialogue arts plastiques et poésie prendra forme…», explique la commissaire de l’exposition. Et d’ajouter que «c’est en valorisant le patrimoine artistique marocain tout en l’ouvrant au croisement des arts, en l’occurrence la poésie et d’une certaine manière la musique, canal d’expression des émotions, des ressentis, des rapports entre les hommes et la nature, entre les hommes et la conscience, entre les hommes et le monde, que la collection de la Société Générale se propose, cette fois-ci, autrement et novatrice». En effet, grâce au génie de Rim Laâbi, conceptrice de l’événement, d’aucuns ne peuvent nier l’effort accompli pour donner à voir ce merveilleux parcours que Hicham Daoudi a qualifié d’exposition magistrale qui vient réconcilier les Casablancais avec l’art dans leur cité. «Loin des événements mondains qui s’appuient sur l’art pour drainer du monde, l’exposition de la Société Générale draine du monde pour montrer de l’art. Et c’est là le changement radical à Casablanca. On est enfin dans le vrai, le sensible et l’intelligent. Une exposition qui lie poésie, poètes, artistes modernes et contemporain, c’est célébrer les modes d’expressions en rendant visible les passerelles entre les créateurs. Quand le propos appuie le geste et quand la scénographie vient murmurer quelque chose au public, c’est l’état de grâce», renchérit Hicham Daoudi.
Rim Laâbi : «C’est une exposition qui joue sa partition singulière et universelle à travers les 100 œuvres plastiques exceptionnelles, les 50 poèmes écrits et sonores»
Après la superbe exposition de peintures de femmes, dont Rim Laâbi a été la commissaire d’exposition au Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain, c’est au tour de l’espace de la Fondation Société Générale Maroc «Solidarité et Culture» d’accueillir «Plasticiens du Maroc, Poètes du Monde» que cette même artiste-plasticienne, docteure ès arts plastiques et sciences de l’art (Paris I – Sorbonne) et professeure universitaire, a pris la charge d’organiser pour le plaisir du large public casablancais. Cette magnifique prestation, qui a été très appréciée lors de son inauguration, restera en place pendant un an et demi pour donner l’occasion à un maximum de visiteurs de la contempler.
Ouafaa Bennani
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18 Janvier 2018
À 18:36