C’est autour du thème «L’agriculture face aux changements climatiques» que les travaux de la troisième édition de la Foire agricole internationale de Dakhla-Oued Eddahab (FAID 2018) ont pris fin samedi dernier. La question de la valorisation de l’agriculture dans les zones arides et désertiques a été le sujet phare des débats et des échanges qui ont eu lieu parallèlement à cette manifestation. Les différents aspects de cette question ont ainsi été passés au peigne fin par des scientifiques, dont des savants, qui sont regroupés dans le cadre de la structure baptisée les «Savants du Sahara». Les éclairages apportés par des hommes de terrain et des experts, notamment de l’Institut national de la recherche agronomique (INRA), ont enrichi le débat qui a été suivi par une assistance composée de spécialistes, d’agriculteurs et d’entrepreneurs du secteur.
Par ailleurs, d’autres idées en relation avec les moyens de faire face à la rareté de l’eau ont également été discutées lors de ce sommet. Le professeur Nguyen Huu Ninh, lauréat du Prix Nobel, a affirmé que le monde scientifique se concentre pour trouver des solutions à ces problématiques. Il a insisté sur les effets des changements climatiques sur la production agricole et l’alimentation. «Il y a une menace sur la production agricole. Les agriculteurs vont affronter des problèmes pour produire. L’eau représente une source de pression en raison de sa rareté. Déjà 60% des habitants du Sahara font face à ce problème. Il faut trouver des solutions efficaces pour aider les agriculteurs», a-t-il dit.
En plus des interventions des membres du groupe des savants, des ingénieurs et des chercheurs marocains en agronomie, notamment de l’INRA, ont présenté de nombreux constats et conclusions de leurs recherches en relation avec la question. À ce sujet, Abdelaziz Mimouni, directeur du Centre régional de la recherche agronomique d'Agadir, relevant de l’INRA, et les membres de son équipe, ont focalisé sur le cas marocain. Sur un ton alarmant, il a affirmé que le Maroc fait partie de pays à stress ou de pénurie hydrique.«La vulnérabilité du Maroc aux changements climatiques et particulièrement celle des ressources en eau reste une donnée fondamentale qui conditionne l'avenir de l'économie, de la société et la précarité de ses composantes. L'étude des projections climatiques, qui corrobore les tendances au réchauffement et à l'aridité du climat marocain, montre que la situation des ressources en eau du pays est déjà critique et risque de devenir un problème entravant toute poursuite de développement», a-t-il déclaré.Comme solutions alternatives, il a avancé, entre autres, le scénario du dessalement de l’eau de mer, une option à même d’augmenter la disponibilité des ressources en eau et donc de diminuer la rareté de l’eau au niveau du bassin. «On assiste à une augmentation moins importante du prix économique de l’eau en comparaison avec la simulation sans dessalement. Le prix économique moyen a atteint 5,2 DH/m³ alors qu’il a atteint 15 DH/m³ dans la première simulation sans dessalement», explique-t-il en présentant l’importance, dans le cas du bassin de Souss-Massa, du recours au dessalement de l’eau. À cet effet, il a annoncé qu’il y a des projets pilotes qui seront lancés sur de nombreux hectares à Agadir et à Dakhla dans cette perspective.