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Le silence complice de la FIFA

Un tweet et une intervention devant la presse du président des États-Unis d’Amérique Donald Trump ont été clairement menaçants pour les pays qui soutiennent la candidature marocaine. Une ingérence pure et dure de l’homme politique dans les affaires du football faisant fi des règlements de la FIFA. Au lieu de monter au créneau, comme elle a l’habitude de le faire à chaque fois que les politiciens s’approchent du football, la FIFA n’a pas réagi aux propos du Président américain laissant croire à sa complicité.

Le silence complice de la FIFA

Alors qu’elle se présente comme garante de la dissociation entre politique et football, la FIFA se terre dans un mutisme inquiétant depuis fin avril, à la suite de deux interventions du Président des États-Unis d’Amérique, Donald Trump. «J’espère que tous les pays africains et les pays à travers le monde, que nous allons soutenir et qu’ils nous soutiendront dans notre candidature, en compagnie du Canada et du Mexique, pour la Coupe du monde 2026», a déclaré Trump à l’occasion d’une conférence de presse conjointe avec le Président du Nigéria, Muhammadu Buhari. Jusque-là rien d’anormal : un chef d’État qui souhaite le soutien d’autres pays. Mais là où les choses se corsent, c’est lorsque le Président américain joue la carte de l’intimidation. «Nous allons surveiller de très près le processus, a-t-il poursuivi devant le parterre de journalistes réunis dans le jardin de la Maison Blanche. Et toute l’aide qu’ils (les pays, ndlr) peuvent nous apporter serait la bienvenue.» Des propos qui viennent confirmer, même avec un ton moins menaçant, le tweet du vendredi 27 avril où Trump se demandait «pourquoi soutiendrions-nous ces pays quand ils ne nous soutiennent pas ?» En temps normal, une sortie du Président aurait repris en grandes pompes par les premiers concernés. Mais le comité «United 2026» n’a pas daigné faire ne serait-ce qu’allusion aux déclarations de Trump. 

Le double jeu d'Infantino
La course à l’organisation de la Coupe du monde 2026 a alors atteint un point culminant où chaque candidat doit respecter les règles de jeu. Mais non. Donald Trump, l’homme le plus puissant de la planète, use désormais de l’intimidation et ne s’en cache pas. La FIFA devrait en toute logique le rappeler à l’ordre, mais il semble que Gianni Infantino et ses équipes n’ont pas le courage de le faire. Peut-être qu’ils craignent les représailles du locataire de la Maison Blanche. Ce qui est surprenant, c’est que la FIFA se montre intraitable avec des petits du tiers monde chaque fois qu’il constate un semblant d’ingérence politique dans le football. L’intimidation a peut-être réussi, avec le revirement du côté de l’Afrique du Sud, pourtant un soutien affiché. De même, le Libéria de Georges Weah, longtemps acclamé et bien reçu au Maroc alors que sa campagne présidentielle n’avait pas encore débuté, a annoncé le 24 mai qu’il soutiendrait la candidature «United 2026». 

Une pression qui compte autant que plusieurs plaidoyers
«Le Matin» a tenté à plusieurs reprises d’avoir la version des faits de l’instance internationale, mais cette dernière a préféré se murer dans le silence évitant tout commentaire. Elle se contente à chaque fois de faire allusion au règlement FIFA du processus de candidature pour l’organisation de la Coupe du monde. Pis encore, lorsque «le Matin» a tenté d’approcher la Chambre d’investigation du Comité d’éthique de la FIFA, l’équipe médias de l’organisation de Zurich nous a courtoisement redirigés vers les canaux officiels. Cela témoigne sans doute d’un malaise au sein de la FIFA, qui penserait à mille fois avant de se lancer dans un bras de fer avec les États-Unis, qui plus est lorsque l’ancien Président de US Soccer, Sunil Gulati, avait fait campagne en faveur de Gianni Infantino en février 2016, lorsque ce dernier briguait la présidence de la FIFA. S’attirer les foudres des Américains pourrait valoir une nouvelle enquête du FBI et un nouveau scandale auquel la FIFA ne pourrait survivre et y perdrait énormément, pas seulement en termes d’image.

Rien de nouveau sous le ciel de la FIFA
Il ne faut pas s’y tromper, pour une organisation internationale qui dépasse en nombres d’affiliés les Nations unies, la FIFA peut compter sur un arsenal juridique et sur une flopée d’experts qui annihileraient toute thèse d’ingérence politique. Mais se terrer dans le «no comment» dévoile la FIFA sous un nouveau jour. Celui d’une organisation qui fait du neuf dans du vieux, balayant du revers de la main toutes les espérances universelles de voir l’instance faitière du football dans le monde, une institution réformée et loin des années où l’argent faisait la loi et où le football générait plus d’argent que d’espérances. 

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