Il est probable que les responsables tchèques choisissent à contrecœur la solution d'organiser de nouvelles élections législatives, alors qu'un scrutin similaire a été organisé il y a à peine trois mois et que le parti populiste ANO, grand vainqueur de ces élections, n'a pas réussi à ce jour à constituer une majorité au Parlement à même de lui permettre la formation d'un nouveau gouvernement.
Toutefois, Andrej Babis ne peut pas compter sur le soutien inconditionnel du Président Zeman, 73 ans, alors que le second tour de la présidentielle est prévu en fin de semaine et que les chances de ce dernier de briguer un second mandat ne sont pas très fortes face à Jiri Drahos, 68 ans, un adversaire sérieux soutenu par des pays influents au sein de l'Union européenne (UE).
Le nombre des partisans du Premier ministre et du Président du pays se réduit rapidement pour des raisons tant internes qu'externes, outre les soupçons de corruption qui pèsent sur le Premier ministre et les critiques dont il fait l'objet pour atteinte à la primauté de la Loi et tentative de mainmise sur les institutions constitutionnelles indépendantes, ainsi que ses positions anti-migration et son rejet total de la politique de l'UE en matière de réfugiés.Cependant, le milliardaire Andrej Babis aura deux nouvelles chances d'obtenir la confiance des députés avant d'abandonner le poste de Premier ministre, surtout s'il ne parvient pas à former une alliance entre le Parti social-démocrate tchèque, son parti ANO et le Parti chrétien démocrate comme ce fut le cas de 2013 à 2017.Jusqu'à présent, en raison de la personnalité «mystérieuse» d'Andrej Babis et son discours de droite anti-migrants et anti-musulmans, aucune des formations politiques représentées au parlement n'a accepté de former une coalition avec son parti ANO.
Face à cette situation politique complexe, le fossé se creuse davantage au sein de la société politique tchèque et le dialogue entre ses composants devient plus ardu, en particulier avec l'entrée en ligne de nouvelles parties politiques extérieures soutenant l'une ou l'autre partie.La vision sera plus claire après l'annonce des résultats du deuxième tour de l'élection présidentielle, qui devrait soit consacrer la puissance du Président actuel, principal allié du Premier ministre Andreij Babis, ou alors leur départ, ce qui permettrait d'ouvrir la voie à de nouvelles alliances pour surmonter cette longue période d'incertitude politique en particulier avec les alliés de la République tchèque au sein de l'Union européenne et en Europe centrale.