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Six paradoxes et cinq défis à prendre en considération, selon Driss El Guerraoui

Le centre LINKS poursuit sa série de rencontres dédiée à l’examen et l’analyse du modèle de développement de l’économie nationale. Invité dans ce cadre, le secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Driss Guerraoui, a mis en avant six paradoxes et cinq défis à prendre en considération dans cette réflexion.

Six paradoxes et cinq défis à prendre en considération,  selon Driss El Guerraoui

Depuis que S.M. le Roi Mohammed VI a appelé, en octobre dernier, à une reconsidération du modèle de développement marocain pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le Royaume, l’espace public s’est emparé de cette question pour en faire un sujet de débat. Le Centre LINKS (Centre de recherches juridiques, économiques et sociales), rattaché à l’Université Hassan II de Casablanca, s’est inscrit dans cette tendance. Il organise ainsi, depuis décembre, une série de rencontres débat ayant pour thème central le modèle de développement de l’économie nationale. Ainsi, la dernière activité en date est celle qui a eu lieu, mardi dernier, à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Casablanca Aïn Chock (où siège le centre LINKS). Elle a été animée par l’économiste et président du Centre, Mohammed Berrada (ancien ministre de l’Économie et des finances), un autre économiste, le secrétaire général du Conseil économique, social et environnemental, Driss Guerraoui, ainsi que l’expert économiste marocain et ancien président de la commission PME-PMI à la CGEM Hammad Kassal.
Présentant la problématique de ce débat, Mohammed Berrada a rappelé que depuis son indépendance, le Maroc a marché selon le modèle économique keynésien. Mais, selon lui, c’est un modèle qui a montré ses limites au Maroc puisque, même s’il permet de créer de la croissance, la création d’emploi ne suit plus. Il considère ainsi qu’il faut ajuster ce modèle de développement économique.
En tant que principal intervenant, Driss Guerraoui a présenté un long développement sur les principaux éléments à prendre en compte dans la réflexion pour l’élaboration d’un nouveau modèle de développement économique, mais également de développement social. Le premier élément, estime-t-il, c’est d’avoir à l’esprit le passé glorieux du Maroc en posant la question : qui sommes-nous ? «Nous sommes une nation forgée par une Histoire et portée par une culture multidimensionnelle». 
Pour le confirmer, il a fait une lecture du préambule de la Constitution de 2011 et de son premier article. À partir de là, il a fait un rappel historique du progrès des dynasties marocaines. Il a ainsi rappelé le rôle joué par les différents acteurs pour pousser vers l'évolution en faisant face à une réalité interne et externe ainsi qu’une réalité civilisationnelle. Or, explique-t-il, «à chaque époque, les réformes entreprises ont été portées par les Rois marocains et les évolutions connues l’étaient grâce aussi à l’ouverture du Maroc sur son environnement». À chaque fois «que le Royaume se replie sur lui-même, il y a régression», dit-il, en ajoutant que toute réforme dépend de la masse critique et de la qualité consciente des enjeux des réformes en jeu. Ainsi, pour lui, «le développement et les réformes de modernisation dépendaient et dépendent de la nature des rapports de force entre l’État et la société».
En ce qui concerne la situation actuelle du Maroc, à prendre en considération pour l’élaboration du nouveau modèle de développement, elle est marquée par six paradoxes qui doivent être présents à l’esprit en réfléchissant à ce modèle, souligne Driss Guerraoui. Tout d’abord, il y a un rythme de croissance tournant au tour de 4,5% depuis la fin des années 1990, mais, en face, il y a un taux d’emploi qui ne suit pas et qui, au contraire, est en régression. Il faut donc concilier croissance et emploi. Aussi, 25% du budget est consacré à l’éducation. Pourtant, c’est un secteur qui est en crise. De même, les indicateurs montrent qu’il y a une évolution des revenus moyens par habitant. Cependant, même s'il y a des richesses, elles sont mal réparties.
Un autre paradoxe est relatif aux institutions et à l’État de droit ainsi qu’au système politique démocratique (avec quelques points à améliorer). «Mais on n’a jamais enregistré une telle défiance vis-à-vis des institutions et des élus», regrette-t-il. Le cinquième paradoxe est en relation avec les acquis et les droits des femmes. En effet, même s’ils se sont nettement améliorés, on constate qu’il y a, en face, un taux d’activité des femmes encore bas et le mariage précoce qui a toujours la cote. Le dernier paradoxe présenté par M. Guerraoui a trait à l’environnement. Ainsi, même si un cadre juridique est adopté avec la Charte environnementale, les nappes phréatiques n’ont jamais été aussi exploitées et la désertification aussi étendue.
Parallèlement à cela, M. Guerraoui met l’accent sur les défis qui s’imposent dans le cadre de l’élaboration du nouveau modèle de développement. Le premier est de produire des élites (politiques, syndicales…) et des compétences. Un deuxième défi consiste en la création de nouvelles richesses. «L’enjeu de ce nouveau modèle c’est de savoir comment mobiliser les gens et l’intelligentsia pour produire de la richesse nouvelle. Il faut créer les énergies et un climat propice marqué par l’égalité des chances, la transparence…», pense-t-il. 
Un autre défi est en relation avec la gouvernance qui est au cœur de la problématique de développement du Maroc. Le dernier défi consiste en la capacité à valoriser le capital immatériel pour en faire un vecteur de production de richesse. 

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