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Le stage, ce baptême de feu professionnel pour les étudiants

Le stage, cette étape majeure dans la vie de tout étudiant, est aujourd’hui au cœur des problématiques qui caractérisent l’enseignement supérieur. Face à un taux de chômage élevé, les établissements d’enseignement supérieur œuvrent pour améliorer l’insertion professionnelle de leurs lauréats, en réduisant les écarts avec le marché du travail. Quelle meilleure manière que de ponctuer les cursus de formation par des expériences en entreprise afin de permettre aux étudiants de se familiariser avec le monde professionnel !

Le stage, ce baptême de feu  professionnel pour les étudiants

Porte d’entrée de l’étudiant vers le marché de l’emploi, le stage est sans doute un moment important pour se forger une idée sur sa carrière professionnelle. L’idée étant de mettre en pratique ce qu’il a étudié tout au long de son parcours universitaire, en projetant les concepts théoriques au sein du monde professionnel. La meilleure manière pour savoir si son choix d’orientation est correct, avant d’intégrer le marché du travail.
Qu’il s’agisse des stages d’observation, des stages opérationnels ou des stages de fin d’études (PFE), les étudiants sont appelés à découvrir le monde de l’entreprise, dès le début de leur parcours académique. Pourtant, bon nombre de cursus, notamment dans les établissements publics, pèchent dans ce domaine, chose qui pénalise leurs étudiants en termes d’insertion professionnelle. Un constat qui ressort du dernier baromètre du marché des stages au Maroc, réalisé par la plateforme de mise en relation entre étudiants et recruteurs, stagiaires.ma. 
«Les étudiants du privé ont plus de chances d’intégrer le milieu professionnel, car ils ont l’opportunité d’être sur le marché du travail bien avant ceux du public grâce aux stages réalisés dès la première année d’étude. Dans le

public, une bonne partie des étudiants attendent la fin du cursus pour commencer à chercher un stage PFE, chose qui les pénalise», explique Youssef Elhammal, directeur fondateur de stagiaires.ma.  En revanche, certains établissements à accès ouvert sont en train d’essayer de rectifier le tir, en mettant en place des programmes d’accompagnement en faveur de leurs étudiants, par exemple le programme des Career Centers pilotes lancé en 2016 dans les universités de Marrakech et Tanger. La vocation de ces centres de carrières étant d'aider les jeunes dans leur transition de la formation vers l'emploi.
Aussi, il faut noter que les formations spécialisées dans les établissements publics sont conscientes de la nécessité du rapprochement avec le monde professionnel. Un bon exemple étant celui du Master Biotechnologie & Démarche Qualité (BDQ) de la Faculté des sciences Ben M’sik à l’Université Hassan II. La démarche d’insertion professionnelle des étudiants du Master s’articule autour de trois temps forts, souligne Pr Anass Kettani, coordonnateur du Master BDQ. D’abord, les étudiants sont appelés à réaliser un micro audit d’observation en entreprise durant le premier semestre. Ensuite, à la fin de la première année, ils vont tous faire un stage ouvrier d’un mois pour se familiariser avec le monde professionnel. 

Le troisième volet est le stage PFE, qui se déroule durant le quatrième semestre, où les étudiants vont répondre à une problématique de l’entreprise, avec l’accompagnement d’un encadrant en entreprise qui fait le suivi technique au quotidien et un encadrant pédagogique professeur universitaire qui intervient dans la partie exploitation et valorisation des résultats qui seront présentés dans le rapport final. La dernière étude sur le devenir des lauréats du master sur les 10 dernières années a montré un taux d’insertion supérieur à 90%.
En effet, l’autre élément favorisant l’employabilité qui ressort du baromètre est la spécialisation pendant les stages. Les recruteurs préfèrent les stagiaires qui ont effectué plusieurs stages dans un même domaine. Selon 
M. Elhammal, «les entreprises recrutent de plus en plus d’étudiants spécialisés dans un domaine donné. Les établissements d’enseignement doivent arrêter de vendre aux étudiants le fait qu’ils sont polyvalents et qu’ils peuvent exercer n’importe quel métier. Ils devraient plutôt les pousser à ce qu’ils se spécialisent».
Enfin, le dernier constat à retenir dans l’enquête est la corrélation entre le stage et l’employabilité des jeunes : «un étudiant ayant cumulé plus de 12 mois de stage pendant sa formation a plus de chances d’intégrer le marché du travail. Même constat pour un étudiant ayant effectué plus de 4 stages pendant sa formation, de préférence dans des organismes différents», rappelle le fondateur de la plateforme de mise en relation entre 
étudiants et recruteurs. 
Ceci démontre que le nombre de stages effectués, ainsi que la durée de l’expérience cumulée en stage sont déterminants en termes d’opportunités d’emploi. Plus l’étudiant effectue de stages, plus ses chances de trouver un emploi  augmentent. 
Car, avoir plusieurs expériences sur son CV est l’occasion de mettre en avant la volonté de l’étudiant d’acquérir de nouvelles compétences et de s’intégrer dans le monde professionnel, encore faut-il savoir être «force de proposition» pour pouvoir concrétiser ses objectifs et ceux de l’entreprise d’accueil. 


Décrocher un stage, ça se prépare !

«Avant de se lancer dans la recherche d'un stage, l'étudiant doit faire un petit bilan de ses compétences académiques, “théoriques et pratiques” afin de bien définir ce qu'il va proposer à l'entreprise comme valeur ajoutée», explique Mohamed Reffadi, consultant, formateur et conférencier chez You & Me Consulting. En deuxième lieu, l’étudiant doit faire une liste des métiers que ses études académiques lui permettent d'exercer pour avoir une idée claire sur les entreprises qui peuvent jouer un rôle important dans le développement de ses compétences et faciliter son insertion professionnelle. Vient ensuite le développement du réseau professionnel. Pour cela, l'étudiant est appelé à s’intégrer dans les associations, les bureaux des étudiants BDE, visiter les forums, en plus d’une présence professionnelle dans les réseaux sociaux (Viadeo et LinkedIn) afin de bien préparer son carnet d'adresses.
«L'étudiant doit écrire ses CV à main dans un premier temps, pour bien maîtriser son histoire et avoir une fluidité dans la présentation en suivant les techniques du Storytelling, aussi, il doit adapter ses lettres de motivations avec la nature de l'entreprise en mentionnant son nom plusieurs fois dans sa demande, au moins trois fois», conseille M. Reffadi. Enfin, il faut garder en tête que pour décrocher un stage, il faut entamer les recherches bien à l’avance, car les candidats postulent, pour la plupart, en même temps !


Entretien avec Youssef Elhammal, directeur fondateur de stagiaires.ma

«Plus l'étudiant a fait de stages, plus il a des chances d'intégrer le marché du travail»​

Éco-Emploi : Quels sont les constats phares qui se dégagent sur le marché des stages au Maroc (satisfaction, insertion...) ?
Youssef Elhammal : Le premier constat c’est qu’il existe une disparité entre les étudiants des secteurs privé et public en termes d’insertion professionnelle. Les étudiants du privé ont plus de chances d’intégrer le milieu professionnel, car ils ont l’opportunité d’être sur le marché du travail bien avant ceux du public grâce aux stages réalisés dès la première année d’étude. Les écoles privées disposent de «Départements Relations avec les entreprises» spécialisés dans l’accompagnement des étudiants par rapport à leur recherche de stages et leur recherche d’emploi. Des ateliers de rédaction de CV, recherche de stage/emploi sont fréquemment organisés par ces départements pour permettre aux étudiants de tirer profit des opportunités qui existent sur le marché du travail. 
Dans le public, une bonne partie des étudiants attendent la fin du cursus pour commencer à chercher un stage PFE (projet de fin d'études), chose qui les pénalise. 
Le deuxième constat qu’on a pu dégager est qu’il y a une corrélation entre le stage et l’employabilité des jeunes : un étudiant ayant cumulé plus de 12 mois de stage pendant sa formation a plus de chances d’intégrer le marché du travail. Même constat pour un étudiant ayant effectué plus de 4 stages pendant sa formation, de préférence dans des organismes différents. Enfin, la spécialisation pendant la période de stage. Les entreprises recrutent de plus en plus d’étudiants spécialisés dans un domaine donné. Dans cette optique, les établissements d’enseignement doivent arrêter de vendre aux étudiants le fait qu’ils sont polyvalents et qu’ils peuvent exercer n’importe quel métier. Ils devraient plutôt les pousser à ce qu’ils se spécialisent. Sur le volet de la satisfaction des stagiaires, il faut retenir que plus la structure est grande, plus les étudiants sont insatisfaits de leur stage. Les étudiants ont plus intérêt à passer des stages dans des TPE et PME que dans de grandes structures, parce qu’ils vont travailler sur de vraies problématiques et ils vont être généralement payés pour les missions qu’ils vont effectuer. Enfin, les TPE et PME retiennent dans 70% des cas les étudiants ayant effectué des stages de fins d’études, contrairement aux grandes entreprises.

Quel rôle de l’implication des établissements d’enseignement dans l’insertion des étudiants ?
Les établissements d’enseignement devraient inscrire le stage comme une étape primordiale dans l’accomplissement de la formation de leurs étudiants. Dans le privé, comme expliqué précédemment, c’est chose faite. Pour les universités publiques, nous assistons depuis l’année dernière à une prise de conscience sur l’importance des stages. D’ailleurs, plusieurs programmes d’accompagnement des étudiants ont été lancés notamment avec l’appui d’organismes internationaux tel que l’USAID.

Quelles sont les qualités/compétences pour réussir la période de stage ?
Ce qui fait la différence entre un étudiant issu d’un établissement privé et un autre issu du public, ce sont les Soft Skills. La formation dispensée par les établissements publics est aussi complète que dans l’enseignement privé. Toutefois, un étudiant inscrit dans une école ou université privée développera plusieurs aptitudes (Soft Skills) grâce au travail associatif, l’enrôlement dans des clubs et l’organisation d’événements telles que des conférences. Développer ces Soft Skills permettra aux étudiants, dans un premier temps, de réussir leur mission durant la période de stage et dans un deuxième temps de réussir leur intégration du marché de l’emploi.

Quels sont vos conseils pour les chercheurs de stages ?
Un seul conseil : se démarquer des autres étudiants dans leur démarche de recherche. Montrer au futur recruteur en quoi vous êtes différents et ce que vous allez apporter de plus à votre entreprise d’accueil. Les recruteurs sont généralement très sensibles aux étudiants qui sont «force de proposition». 

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