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«Je suis impatiente de rencontrer le public marocain»

L'artiste brésilienne Fabiana Cozza se produira le 3 octobre à 20 h à l'Auditorium de la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc, à Rabat. Retour avec la «meilleure chanteuse de Samba» sur ses inspirations et ses projets.

«Je suis impatiente de rencontrer le public marocain»
Fabiana Cozza.

Le Matin : C'est la première fois que vous vous produisez au Maroc, comment imaginez-vous la rencontre avec le public marocain ?
Fabiana Cozza :
Je suis honorée et heureuse de cette invitation. Je suis très curieuse de connaître le Maroc et surtout sa culture. Nous préparons un spectacle qui couvre bien mes 20 ans de carrière, mais qui comprend particulièrement les chansons de l’album «Partir», sorti en 2015. Je suis impatiente de rencontrer le public marocain et de partager avec lui la chaleur de ma musique.

L'ambiance de vos concerts en dehors du Brésil est-elle différente ?
J’aime offrir au public ma vision du Brésil. Cette lecture comprend différents portraits et facettes de mon pays. Ceci permet au public des pays qui m’accueillent d’avoir des repères pour «rêver» du Brésil. J’explore les nuances de la poétique afro-brésilienne, tellement profondes, variées et répandues du nord au sud du pays. 
Des couleurs de la samba jusqu’à la nature sonore et visuelle révélée par le sacré noir brésilien, je couds mes impressions dans mon art musical, qui reconnaît ses racines, mais cherche à se joindre à d’autres voix dans le monde. Dans ce sens, la quête de sympathies et d’apparentes contradictions nous rapproche de nos pairs. Pour atteindre cet objectif, j’ai d’excellents musiciens, qui sont des amis très chers et avec lesquels je partage ces découvertes musicales. Trois d’entre eux m’accompagneront à Rabat : Henrique Araújo, mandoline et «cavaquinho» (genre de ukulélé brésilien, NDT), Douglas Alonso, percussion et batterie, et Leo Mendes, guitare, guitare électrique et production musicale.

Qu'est-ce que vous connaissez de la musique marocaine ?
Pour le moment, je connais peu d’artistes marocains, mais j'ai commencé à m’intéresser particulièrement à une expression artistique, un genre sacré, le Gnaoua. Très beau !

Pouvez-vous nous parler davantage de votre album «Partir» ?
«Partir» est un mot qui a la même signification en portugais et en français. J’aime beaucoup cet album parce que j’y aperçois le monde spécialement à travers les fenêtres de la région du «recôncavo baiano». Quand je pars du Brésil, je reste Brésilienne, mais je suis prête à embrasser le monde et à rejoindre d'autres sons... Le «recôncavo» est une région de l’État de Bahia (nord-est du pays) et qui comprend plusieurs villes. C'était une région d´exploitation de la canne à sucre, où de nombreux Noirs travaillaient comme esclaves. C’est notre «Nouvelle-Orléans» avec le chant «blues» de la canne à sucre au lieu du coton, avec la «viola machete», instrument portugais joué dans la «chula», genre musical issu du «recôncavo». La région est aussi le berceau de grands artistes brésiliens, comme Roberto Mendes (dont j’interpréterai à Rabat quelques-uns des morceaux), Caetano Veloso, Maria Bethânia, João do Boi, Dona Edith do Prato...

Vous avez cherché les racines africaines de la culture brésilienne. Pourquoi ce choix ? Quel est le résultat d'une telle quête ?
J’ai été appelée : c'est plus qu’un choix conscient, c’est quelque chose de l’ordre du sacré, du spirituel. Je continue dans cette recherche, dans cette eau profonde qu'est la culture afro-brésilienne, qui me reconnecte à mes ancêtres et trace mon chemin vers 
l’avenir.

Vous avez collaboré avec de grands artistes internationaux, quels sont les sons qui vous inspirent le plus ?
Le tambour m’émeut toujours. C’est peut-être la sonorité de l’appel, le son ombilical. Chaque tambour, quel que soit le lieu d'où il vient, s'il est joué avec passion, me touche profondément.

Vous êtes l'une des interprètes les plus importantes de la musique brésilienne contemporaine. Est-ce une lourde responsabilité de promouvoir la culture brésilienne ?
Oui, j’ai beaucoup de respect et d’admiration pour la culture de mon pays, pour les artistes et l’art du Brésil.

Quels sont vos prochains projets ?
Je vais enregistrer un nouveau CD en octobre en l’honneur de Dona Ivone Lara, l’une des plus importantes compositrices brésiliennes, surnommée «La Dame de la Samba». J’ai aussi l´intention de faire une longue tournée internationale en 2019, présentant un nouveau projet, avec des chansons inédites de l'univers sacré afro-brésilien. Je retournerai également à Cuba dans la même année pour lancer le DVD «Ay, Amor !», avec des chansons dédiées au grand pianiste et chanteur cubain Bola de Nieve. À ce propos, la version en CD du spectacle «Ay, Amor !» m’a récemment valu le Prix de la musique brésilienne 2018 dans la catégorie «Meilleur disque en langue étrangère». 

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