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«Je suis impressionné par l'engagement de Sa Majesté pour l’intégration africaine»

Pays fondateur de la Banque africaine de développement, (BAD) le Maroc est aujourd’hui le premier client de la banque au niveau du continent. La banque a mobilisé plus de 10 milliards de dollars de financements dans plus de 160 projets et programmes structurants au Maroc. Des projets qui ont concerné différents secteurs stratégiques comme l’énergie, les transports, l’eau, l’agriculture et le développement social. Dans le but de raffermir cette relation privilégiée entre le Maroc et la BAD, une relation qui puise ses racines dans l’unité africaine et la coopération Sud-Sud, Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement, a été invité à la célébration de la Fête du Trône, marquant le 19e anniversaire de l’Accession au Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. «Le Matin» l'a rencontré, le 31 juillet à Tanger.

«Je suis impressionné par l'engagement de Sa Majesté  pour l’intégration africaine»
«Nos interventions au Maroc vont s’aligner avec les messages phares du Discours Royal à l’occasion de la Fête du Trône. Ils concerneront davantage les actions sociales», a déclaré au «Matin», Akinwumi Adesina, président de la BAD.

Le Matin : Vous avez pris part à la célébration de la Fête du Trône, marquant le 19e anniversaire de l’Accession au Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Quelle est, selon vous, la portée de cette invitation ? 
Akinwumi Adesina : 
C’est un grand honneur pour moi de faire partie des invités à la cérémonie de la Fête d’Accession au Trône de Sa Majesté le Roi. C’est la première fois que j’assiste à cet événement et cette invitation témoigne de l’affection que Sa Majesté porte pour la BAD. Nous sommes un partenaire stratégique pour le Maroc depuis plus de 50 ans. Il s’agit d’un mariage durable de développement entre le Royaume du Maroc et la BAD. Ce partenariat a porté ses fruits grâce à des investissements dans des secteurs prioritaires pour le pays comme l’énergie, les infrastructures routières, ferroviaires, aéroportuaires, ou encore l’eau et l’assainissement. Si ce partenariat a bien marché, c’est grâce à une volonté royale qui m’impressionne pour différentes raisons. Sa Majesté dispose d’une véritable passion pour le développement et l’intégration africaine, il a de la compassion pour ses populations et s’attelle à accélérer le développement du Maroc.

Combien avez-vous mobilisé de financements jusqu’à maintenant pour le Maroc et comment évaluez-vous vos interventions au pays ?
Je suis très fier de la qualité des projets que nous finançons au Maroc. La BAD a mobilisé plus de 10 milliards de dollars en faveur du Maroc depuis le début de notre relation avec le Royaume. Actuellement, le portefeuille de la banque représente 3,1 milliards de dollars répartis dans des secteurs stratégiques et structurants pour le pays. Nous sommes ainsi présents dans le secteur énergétique grâce notamment à notre participation à la centrale thermosolaire de Aïn Béni Mathar, la deuxième interconnexion électrique entre le Maroc et l’Espagne ainsi que le mégacomplexe solaire Noor à Ouarzazate, sans oublier la station de Midelt. Nous avons également investi dans des projets d’accès à l’électricité dans le milieu rural, d’accès à l’eau et l’assainissement, ainsi que le secteur portuaire à Tanger et à Nador notamment. Outre ces secteurs, nous sommes mobilisés dans des projets à caractère social comme la santé. Ces investissements sont stratégiques pour le Maroc, puisqu’ils permettront au pays de s’industrialiser, de mieux s’intégrer avec le reste de l’Afrique et accélérer son taux de croissance.

Quelle place occupe le Maroc dans votre portefeuille global ?
Le Maroc est très important pour nous, puisqu’il représente 11% de notre portefeuille global en Afrique, ce qui le place au premier rang des bénéficiaires des prêts de la BAD. Au niveau régional, le Maroc représente 65% de nos engagements en Afrique du Nord.

En marge de votre visite officielle au Maroc, vous vous êtes rendu à la station d’interconnexion électrique Maroc-Espagne à Melloussa. Une troisième ligne d’interconnexion électrique est en discussion entre les deux pays. Allez-vous poursuivre votre soutien à ce projet ?
Nous ne pouvons qu’être intéressés par la troisième phase de ce projet stratégique. Notre financement a permis, pour rappel, de doubler la transmission de cette ligne de 700 à 1.400 MW. Nous portons un intérêt particulier pour ce type de chantiers et nous allons nous inscrire dans la continuité de notre engagement en faveur d’un meilleur accès à l’électricité, un gage d’une montée en puissance que ce soit pour l’industrialisation, la compétitivité et la croissance économique. 

Votre partenariat avec Masen (Moroccan agency for sustainable energy) peut-il être dupliqué ailleurs en Afrique ?
Je tiens, tout d’abord, à saluer le travail remarquable accompli par Masen, que j’ai eu le plaisir de visiter à deux reprises. Masen est une organisation très bien gérée avec des niveaux d’exécutions impressionnants que ce soit pour les stations Noor ou Noor 2 dont les délais de construction ont été considérablement réduits. Globalement, je pense que le leadership du Maroc dans le pilotage et la mise en œuvre de sa stratégie dans les énergies renouvelables le positionne parmi les pays visionnaires au niveau continental. Il existe trois choses que le Maroc peut apporter au reste du continent africain dans ce domaine, à savoir sa connaissance, son savoir-faire et sa compétence technique dans les énergies renouvelables. À ce titre, Masen est la mieux positionnée pour nous accompagner dans certains projets dans le continent. D’ailleurs, nous sommes convaincus que Masen peut être un partenaire stratégique dans le cadre de notre programme «Desert to Power» qui concernera la zone sahélo-saharienne et la Grande Muraille verte.  Ce projet qui prévoit une capacité de 10.000 MW, sera le plus large projet d’énergie solaire dans le monde et traversera plus d’une dizaine de pays, comme le Niger, le Mali, le Tchad, le Burkina Faso, le Sénégal, la Mauritanie et le nord du Nigeria. Le projet permettra à 250 millions de personnes d’avoir accès à l’électricité, c’est énorme. Je veux que Sa Majesté le Roi soit l’un des grands champions qui porteront ce projet structurant. De plus, pour les besoins de ce programme, il faudra construire sur place les panneaux solaires, d’où l’intérêt de nous allier à Masen qui dispose d’une expertise avérée dans ce domaine.

Quels sont vos axes prioritaires pour le Maroc ?
Le discours de Sa Majesté le Roi à l’occasion de la Fête du Trône a mis l’accent sur la nécessité de mener et accélérer les actions sociales pour un développement mieux partagé et harmonieux. Nos interventions seront en ligne avec ces priorités et nous allons financer plusieurs projets dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement et dans la création de l’emploi. 
Entretien réalisé à Tanger par Mohamed Amine Hafidi

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