«Le Maroc pourrait bénéficier de l’aubaine que présente la transition démographique dont l’un des traits caractéristiques est la baisse de la part des jeunes dans la population», a affirmé le chercheur et académicien Youssef Courbage en décrivant la situation démographique du Maroc lors d’une conférence organisée vendredi par l’Institut CDG sous le thème «Perspectives démographiques et croissance au Maroc». En effet, mettant en corrélation directe la croissance démographique et le développement économique, le chercheur et auteur syrien de plus de 600 ouvrages a estimé que le Maroc pourra profiter de la baisse du taux de fécondité qui est passé de 2,47 enfants par famille en 2004 à 2,20 enfants en 2014, soit une baisse soutenue de moins de 2% par an pour dynamiser son économie. Toutefois, le même interlocuteur a fait savoir que cette transition démographique marquée par le changement de la pyramide des âges doit être accompagnée d’une bonne gouvernance pour permettre au pays de tirer le meilleur profit de ce «bonus démographique», donnant à titre d’exemple le cas de l’Asie orientale qui a su tirer profit de sa transition démographique.
Évaluant les retombées de cette transition démographique pour le Maroc, M. Courbage a indiqué qu’il n’existe pas encore d’études approfondies menées au niveau national pour évaluer le dividende démographique. «Le Maroc tarde à tirer profit des retombées de la transition démographique à cause de plusieurs facteurs, notamment la non-orientation des investissements publics et des infrastructures pour la création de l’emploi. En effet, bien que les investissements représentent 34% du PIB, ils restent mal utilisés. Il existe par ailleurs une dégradation de l’efficacité des investissements. Nous remarquons en outre le manque d’une approche sociale pour traiter le phénomène du chômage prévoyant la création des petits emplois à petit revenus pour lutter contre le phénomène NEET (ni étudiant, ni employé, ni stagiaire) qui représente une classification sociale d'une certaine catégorie de personnes inactives», souligne-t-il. Pour surmonter cette situation, l’expert démographique recommande ainsi de réorienter les investissements publics et les infrastructures pour garantir une meilleure création des emplois. M. Courbage propose par ailleurs d’encourager le secteur privé à s’orienter vers une économie moins capitalistique afin de permettre la création de plus d’emplois.
