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2019-2020 : La rentrée de tous les défis

Le processus de réforme de l’enseignement supérieur déclenché il y a quelques années semble avoir pris un nouveau virage cette année. De nombreux chantiers sont ouverts à différents niveaux et différentes vitesses, mais sont tous orientés vers un seul objectif : un enseignement de qualité qui cible une meilleure adéquation entre formation et emploi et permet de relever les défis technologiques, d’innovation et d’auto-employabilité.

2019-2020 : La rentrée de tous les défis
Une nouvelle architecture pédagogique, axée sur le modèle Bachelor en remplacement du diplôme de Licence, est programmée dès la rentrée 2020.Ph. Shutterstock

«C’est une fenêtre d’opportunités unique qui s’ouvre aujourd’hui pour le Maroc en matière d’éducation, car ce secteur fait désormais l’objet d’un chantier national, directement supervisé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu le glorifie, et fédère tous les acteurs institutionnels autour de ses nombreux objectifs. Peu à peu, notre pays se rapprochera plus que jamais de cet idéal que tous les Marocains appellent de tous leurs vœux, celui d’une “École de l’équité, de la qualité et de la promotion individuelle et collective”, car si le passé ne peut être changé, l‘avenir, lui, est entre nos mains.» C’est le message optimiste et ambitieux du ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, lancé lors de sa participation à la 4e édition du Morocco Today Forum. Cet appel de Saïd Amzazi résume la situation actuelle du secteur de l’éducation qui vit au rythme d’un grand mouvement de réforme à tous les niveaux.
Des chantiers sont actuellement ouverts et convergent tous vers un objectif majeur : une meilleure adéquation entre formation et emploi. Ces chantiers viennent en réponse aux dysfonctionnements dont souffre le secteur et qui ont été identifiés plus d’une fois par les différentes parties prenantes. Ainsi, et en mai dernier, le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS) avait publié les conclusions de son rapport sur «l’enseignement supérieur à l’horizon 2030». Parmi les dysfonctionnements relevés, figure notamment l’existence d’une déperdition dans le premier cycle du supérieur et l’absence d’un plan numérique structurant pour l’enseignement supérieur. Le ministère de tutelle a également multiplié les occasions pour approfondir le diagnostic du secteur et enclencher le processus de réforme urgente et délicate en se focalisant sur quatre volets :
- Un système efficient et efficace d’orientation des élèves souhaitant intégrer l’université qui prévoit des mesures d’accompagnement pour encourager l’élève à choisir la formation correspondant à ses compétences et ses penchants.
- Une révision de la structure des universités à accès ouvert de sorte à adapter son offre de formation aux exigences du marché à travers la création de nouvelles filières qui prennent en compte le développement de nouveaux métiers sur le marché de l’emploi.
- L’instauration d’une nouvelle architecture pédagogique pour la licence qui commence par le changement de l’appellation de ce cycle et la révision de l’enveloppe horaire pour chaque unité de spécialisation et l’adoption du système de crédit dans le cadre de l’harmonisation de notre système avec les systèmes mondiaux.
- Le renforcement de l’apprentissage des langues et des techniques de communication et l’intégration des nouvelles technologies de l’information dans la formation.
Parmi les actions pratiques annoncées par le ministère de tutelle, une nouvelle architecture pédagogique dès la rentrée 2020, axée sur le modèle du Bachelor, en remplacement du diplôme de Licence. Une réforme qui permettra, selon M. Amzazi, d’instaurer une année fondatrice post-bac au cours de laquelle une véritable mise à niveau des bacheliers sera effectuée tant sur le plan disciplinaire que sur le plan linguistique. Elle prévoit en outre une orientation active des bacheliers à leur entrée à l’université afin que leurs choix de filière soient en réelle adéquation avec leurs compétences et leurs affinités. Le ministère prévoit également de développer la mission de l’université. «Tout le monde conviendra que l’enseignement et la recherche sont les deux missions fondamentales de l’université. Elle doit former des chercheurs, bien évidemment. Or ces derniers sont une minorité. Il faut donc oublier cette idée largement répandue selon laquelle chaque étudiant doit être considéré comme un futur docteur. Désormais, l’université n’a pas seulement vocation à former des spécialistes, elle doit également transmettre à ceux qui la fréquentent une formation humaniste, c’est-à-dire une formation permettant à chacun d’appréhender la complexité du monde qui l’entoure», avait expliqué le ministre. Le cursus Bachelor a également été pensé de façon à renforcer l’employabilité des étudiants. Pour cela, des modules de soft skills seront intégrés à tous les cursus, toutes filières confondues, afin de développer les compétences humaines des étudiants, à savoir le leadership, la communication, le positivisme, la créativité, l’esprit d’initiative… Le tout via des approches de simulations, de jeux de rôles, de mise en situation, d’études de cas… Tous les étudiants, toutes filières confondues, bénéficieront également d’une formation de base en TIC.

De nombreux autres chantiers sont ouverts en parallèle dans le cadre de la feuille de route de réforme de l’enseignement supérieur. Il s’agit notamment de la restructuration de la recherche scientifique, son autonomie et la réforme des études doctorales. «La recherche est, certes, toujours une source de connaissance, mais elle devient surtout productrice de richesse, grâce à l’innovation. Or le mode de financement constitue une entrave lourde à notre production scientifique. La recherche ne mène pas suffisamment vers l’innovation et, en plus, on constate une absence très préjudiciable de statut pour les doctorants. Du coup, nombre de nos étudiants abandonnent tout simplement leurs thèses et seul 1 sur 10 au final soutient sa thèse dans un délai de plus de trois ans», révèle M. Amzazi. L’ambition du département est donc de regrouper les petites structures de recherche pour en faire de grands centres permettant de réunir une masse critique de chercheurs regroupés autour de la même thématique et aussi dans un esprit de mutualisation des différentes ressources.
Autre grand défi pour les universités est de disposer des outils nécessaires pour pouvoir jouer pleinement leur rôle dans la réforme de l’enseignement supérieur. C’est d’ailleurs l’appel qu’avait lancé le ministre de tutelle en permettant aux universités de définir leurs stratégies financières, pédagogiques, de management des ressources humaines et de recherche dans le cadre d’une «institutionnalisation de la contractualisation, d’une consécration de la gestion basée sur les résultats, d’une institutionnalisation des mécanismes d’évaluation et d’audit, et surtout à travers la mise en place d’un système d’information intégré, qui manque encore cruellement à l’appel.»

Qualité, efficacité, efficience, enjeux de la technologie, recherche & innovation… Autant de défis que l’université marocaine, que ce soit dans le secteur public ou privé, se doit de relever pour garantir un avenir meilleur pour le Maroc. Le changement est bien là, le secteur est en ébullition et nous sommes en train d’acquérir une maturité à ce niveau. Il faut prendre le temps d’expliquer ces réformes et de les faire adopter et accepter. L’exercice est long, passionnant mais pas compliqué, nous avait confié M. Amzazi lors de l’émission L’Info en Face en marge du MTF 2019. n

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