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Abdelhamid Azzubair, un artiste aux multiples facettes  qui exalte la calligraphie arabe

Abdelhamid Azzubair, un artiste aux multiples facettes  qui exalte la calligraphie arabe

C’est dans les rues étroites de l’ancienne médina de la ville de Larache que réside Abdelhamid Azzubair, calligraphe, sculpteur, peintre et écologiste. Cet artiste multifacette qui ne cesse de se découvrir et de faire découvrir son univers, incarne les qualités inhérentes des artistes authentiques, à savoir la passion, l’hospitalité et la générosité. Recevant la MAP dans son atelier avec un sourire franc qui trahit sa timidité, Abdelhamid confie que ce lieu a été longtemps un dépotoir avant qu’il ne lui redonne vie en le transformant en un espace vert où on retrouve des objets recyclés et une variété de plantes. Son atelier comprend également des pots remplis de porte-plumes, de kalams, des roseaux taillés pour l’écriture, des matériaux de sculpture, d’autres sculptures construites avec des objets récupérés, ainsi que des tableaux. Originaire de la ville de Larache, la soixantaine passée, Abdelhamid puise ses sources d’inspiration chez les grands hommes de la littérature marocaine et arabe, tels que Mohamed Bennis, Mahmoud Darwich, Ahmed Bel Badaoui ou encore Abdellatif Laabi. Même s’il a quitté les bancs de l’école sans décrocher son baccalauréat, cet artiste n’a pas coupé le cordon avec la lecture. «Je rentrais toujours à la maison avec plusieurs journaux et livres dans la main et ma mère me demandait souvent ce que j’allais faire avec des bouts de papier», se remémore Abdelhamid, un brin sarcastique. Ce sont justement ces «bouts de papier» qui ont fait redécouvrir à cet artiste la calligraphie. Au début des années 1980, le sculpteur se souvient du «mouvement» initié par Mohamed Bennis en publiant des recueils poétiques en calligraphie marocaine. Le temps passé à l’école coranique a refait surface dans sa mémoire. Aussi, «je me rappelle de l’écriture remarquable de mon père qui me signait mes cahiers d’école», dit-il avec les yeux embués et le ton mélancolique de sa voix de Larachien pur jus. Passionné par ce moyen d’expression, cet artiste redonne vie aux poésies arabe et marocaine à partir de mouvements précis. Il assoit l’encre sur une feuille, à l’aide d’un kalam de bambou. Entre gestuelle artistique et textualité, cet héritage fondateur de l’art islamique rappelle la place primordiale qu’occupait l’écriture dans la religion musulmane. La calligraphie arabe est originellement dédiée à délivrer le message du divin. On retrouve dans ses œuvres et tableaux des motifs arabo-mauresques, la calligraphie est illustrée dans plusieurs représentations artistiques et notamment en peinture. Avec des formes variées, des traits vifs et des courbes prononcées, Abdelhamid n’en finit pas de s’inspirer des grands poètes arabes. «Les gens associent souvent la calligraphie au Coran, on se demande souvent lors de mes expositions si le contenu dans mon œuvre est un verset coranique», a révélé Abdelhamid. Cette passion qu’il exerce avec amour sans chercher à en tirer un quelconque profit matériel lui a valu plusieurs expositions. Ses œuvres ont voyagé jusqu’au Guatemala. À l’ère du numérique où l’écriture est en perte de vitesse, Abdelhamid Azzubair, ce père et mari dévoué, continue à graver ses mots, comme un acte de résistance face à la déferlante numérique. Aujourd’hui, «tout le monde est connecté à son smartphone ou sa tablette», déplore-t-il. La calligraphie devenant moins attrayante, Abdelhamid se donne pour mission de la promouvoir, à travers notamment des ateliers organisés à Larache pour faire découvrir aux plus petits et aux jeunes cet art ancestral. Pour cet artiste accompli, un peuple ne peut se «mondialiser» sans préserver ses spécificités, c’est pour cette raison qu’il est convaincu que le premier pas pour conserver notre héritage commence tout d’abord par inculquer aux enfants les arts qui ont fondé notre identité.

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