En Algérie, tout porte à croire que le vent du changement a soufflé. Les citoyens algériens se sont élevés comme un seul homme pour protester contre un cinquième «mandat de trop» du Président sortant, Abdelaziz Bouteflika. Les imposantes marches de vendredi et dimanche derniers ont montré la voie à tous les Algériens et surtout brisé le mur de la peur. Le peuple algérien a finalement compris que manifester pacifiquement demeure un droit qui lui est garanti par la Constitution et que rien ne peut se constituer comme un obstacle face à ses revendications. Des appels étaient anonymes, certes, pour les premières marches, mais le comportement des Algériens et l'image qu’ils ont véhiculée ce jour-là ont fini par changer la donne, estiment de nombreux observateurs qui font remarquer que maintenant, c’est tout le monde qui nage dans le même sens. En effet, après les citoyens lambda, le tour était venu des politiciens, regroupés sous l’égide du mouvement Mouwatana, suivis des avocats d’Alger, de protester contre ce qu’ils qualifient de «mandat de trop».
Les représentants des médias publics ont, eux aussi, exprimé leur ras le bol face à la politique de «pitonnage» dans le traitement de l’information concernant la candidature du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, au détriment des autres et la manière opaque avec laquelle ont été couvertes les marches de vendredi dernier. Les avocats se sont joints à ce mouvement de protestation et ont organisé, lundi au Tribunal Abane-Ramdane d’Alger, un sit-in pour protester contre ce qu’ils qualifient d’«arrestations arbitraires» de manifestants pacifiques qui protestaient contre la candidature du Président sortant Abdelaziz Bouteflika pour un cinquième mandat.
Les contestataires ont scandé plusieurs slogans appelant à la liberté de manifester et exprimant le refus du cinquième mandat, comme ils se disent également prêts à défendre toutes les personnes qui sont encore en état d’arrestation. Ce mouvement de protestation ne semble pas s’arrêter là. Des étudiants de différentes universités en Algérie ont appelé à des sit-in au sein des campus ainsi que des marches pour faire entendre leurs voix et exprimer leur refus du maintien du système en place. Des journalistes de différents médias ont également prévu d’observer, jeudi prochain, un sit-in sur la Place de la liberté de la presse, à Alger-centre, pour revendiquer «un traitement neutre» de l’information sans qu’il y ait du favoritisme d’une partie au détriment de l’autre. «Il faudra sauver ce qui reste encore de ce métier noble», peut-on lire sur un des appels lancés pour ce sit-in sur les réseaux sociaux. Dans la même journée, un autre sit-in est prévu, dans la wilaya de Tizi Ouzou, initié par des avocats, après celui tenu ce lundi au Tribunal Abane-Ramdane d’Alger. «Le grand jour» devrait être le vendredi 1er mars, avec des appels «à de très grandes marches, dans les 48 wilayas du pays».Le point commun entre tous ces appels, c’est que les initiateurs insistent sur le cachet «pacifique» à donner à ces mouvements de manifestations pour qu’il n’y ait aucun dérapage. «Les revendications doivent se faire selon ce que stipule la Constitution. Il ne faut laisser aucune brèche au pouvoir en place pour nous faire taire», toujours selon les appels lancés.Les appels, lancés de façon anonyme sur les réseaux sociaux, ont été énormément partagés par les internautes algériens qui promettent d’envahir le terrain dans toutes les régions du pays. Qu’elles se tiennent ou pas, ce qui est sûr, c’est que la vague d’indignation et de contestation populaire, notamment depuis la confirmation de la candidature de Bouteflika, n’arrange pas les affaires des tenants du pouvoir. MAP