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Le Matin : Quel impact peut avoir, selon vous, la nouvelle ligne Casablanca-Amman sur les relations entre le Maroc et la Jordanie ?
Mohammed Sitri : Je suis sûr que cette ligne va contribuer de manière effective à la promotion des relations maroco-jordanienne. Et ce non seulement sur le plan humain à travers les échanges des visiteurs, mais également sur le plan économique et culturel. Car beaucoup de Jordaniens s’intéressent au Maroc et vice versa. S’ouvrir l’un sur l’autre est le désir de tout un chacun. Donc, cette ligne sera bénéfique aussi bien à la communauté marocaine en Jordanie qu’aux Jordaniens qui résident au Maroc. Cette ouverture reflète une volonté commune des deux pays de faciliter les échanges sur tous les plans, d’autant que Amman devient un hub aérien. Je considère en tant qu’ambassadeur de S.M le Roi qu’il fallait assurer une présence marocaine à travers RAM.
Globalement, comment qualifiez-vous les relations entre les deux pays ?
Ce sont des relations particulières et historiques. Le premier ambassadeur du Maroc a été nommé en 1956. Il y a deux ans, on a célébré le 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre les deux Royaumes. Et puis, il ne faut pas oublier la proximité des liens entre notre Auguste Souverain et celui de la Jordanie, sans oublier les affinités entre les deux peuples, ce qui renforce davantage les liens de fraternité et d’amitié.
Que pourriez-vous nous dire de la communauté marocaine établie dans ce pays ?
La communauté marocaine n’est pas assez nombreuse en comparaison avec d’autres pays de la région. La plupart sont des Marocaines mariées à des Jordaniens. La majorité de ces derniers ont fait des études au Maroc. Le nombre d’inscrits à l’ambassade est de l’ordre de 300 personnes, établies en général à Amman, vu que c’est la plus grande ville. La communauté est très dynamique et comprend des médecins, des avocats, des hommes d’affaires, des étudiants… D’ailleurs, cette communauté vient de constituer une association, en tant que cadre regroupant tous les membres. Je trouve que c’est une bonne chose. Car il y aura des activités tout au long de l’année, surtout lors des fêtes nationales du Royaume. C’est aussi une manière de mettre en valeur la force des Marocains dans ce pays.
Qu’en est-il de l’accord pour l’obtention des visas de part et d’autre ?
On a signé un accord bilatéral concernant le visa qui s’impose aux ressortissants des deux pays, gratuitement. La procédure est marquée par sa facilité. Parfois, il y a des exceptions comme partout.
On constate que les relations diplomatiques et politiques entre le Maroc et la Jordanie sont très bonnes, ainsi qu’entre les deux peuples, mais cela ne se répercute pas sur les échanges économiques ?
Sur le plan bilatéral, les échanges économiques ne sont pas à la hauteur des relations politiques et des possibilités disponibles, parce qu’il y a des obstacles objectifs qu’il faut dépasser. Et je pense que cette ligne aérienne sera un facteur favorable pour intensifier ces échanges d’une manière directe et indirecte. Un vol direct est aussi important pour les marchandises que pour les hommes d’affaires et les investisseurs. Et puis, nous avons l’ambition d’établir une liaison maritime Tanger Med-Aqaba. En tous cas, le Maroc inscrit ses relations avec la Jordanie dans le cadre de la logique gagnant gagnant. Les opportunités offertes de part et d’autre doivent profiter aux deux parties. Donc Rabat pourra offrir Amman ses réseaux et son expertise en Afrique et Amman pourra faire la même chose avec nous en ce qui concerne l’Asie et le Moyen-Orient.
Parlez-nous du rôle que joue l’hôpital de campagne marocain du camp Zaâtari ?
Sa première mission est d’offrir une aide humanitaire aux victimes de la guerre en Syrie. Et ce abstraction faite des considérations politiques. Il s’agit de prêter assistance aux personnes vulnérables, notamment les enfants et les vieillards. Plus d’un million d’ordonnances médicales ont été prescrites depuis l’installation de cet hôpital, dans des spécialités diverses. Il y a 25 médecins présents en permanence et deux blocs opératoires qui effectuent des opérations gratuites. C’est une fierté pour le Maroc et un signe de solidarité avec les autorités jordaniennes.
Entretien réalisé par Ouafaâ Bennani
