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Bangalore, l’incarnation des ambitions technologiques de l’Inde de demain

Visiter Bangalore est une expérience exceptionnelle. Cette métropole située à plus de 2.000 kilomètres au sud de la capitale New Delhi fascine autant par son climat agréable, ses jardins luxuriants et ses monuments sans pareils que par son dynamisme et ses ambitions technologiques débridées. Capitale de l’État du Karnataka, elle offre l’image d’une cité intelligente, animée et résolument ouverte sur l’avenir. Elle regroupe une constellation des plus grandes entreprises IT, ainsi qu’un nombre considérable des plus prestigieux centres dédiés à la recherche & développement. Bangalore, que nous avons eu la chance de découvrir, représente à nos yeux un des symboles de la marche inexorable du Pays de Gandhi vers la modernité et le progrès. C’est aussi et surtout le visage de l’Inde de demain.

On la qualifie souvent de la Silicon Valley de l’Inde. Et il faut dire qu’elle porte bien ce surnom. Il s’agit de Bangalore, une métropole située à plus de 2.000 kilomètres au sud de la capitale New Delhi. Ville moderne et dynamique, elle incarne l’ambition ardente de l’Inde de faire partie des géants mondiaux de la haute technologie. Ayant misé très tôt sur les IT, cette ville de 6,5 millions d’habitants, capitale de l’État du Karnataka, offre l’image d’une cité intelligente, animée et résolument ouverte sur l’avenir. C’est un des symboles de la marche inexorable du pays de Gandhi vers la modernité et le progrès. C’est aussi et surtout le visage de l’Inde de demain.
Bangalore abrite en effet, les plus grandes entreprises technologiques, ainsi que les plus prestigieux centres dédiés à la recherche et développement à l’échelle du pays. Elle est également le berceau d’un grand nombre de start-ups innovantes et de sociétés informatiques qui offrent des prestations de haute qualité à des coûts qui font pâlir de jalousie les concurrents. Bref, Bangalore se veut le symbole de cette Inde conquérante, qui se développe grâce au talent, au génie et à la détermination de ses hommes et femmes.
Au cours de notre court séjour dans cette métropole, nous avons eu l’occasion de visiter trois compagnies emblématiques qui font sa fierté ainsi que celle de toute l’Inde.

Bharat Electronics Limited
Entreprise publique placée sous tutelle du ministère de la Défense, Bharat Electronics Limited (BEL) est considérée comme un des joyaux du gouvernement indien. Avec ses 9.000 employés, des ingénieurs pour la plupart, cette structure a fait de la recherche-développement son cheval de bataille. Spécialisée dans la conception, la fabrication et le développement de produits/systèmes électroniques de haute technologie dédiés à la défense, BEL avance progressivement et avec méthode ses pions sur l’échiquier des géants de l’industrie militaire. Ses produits (systèmes radar et de conduite de tir, systèmes de commandement, de contrôle, de communication, les systèmes informatiques et de renseignement, appareils de télécommunication et de radiodiffusion…), qui ont fait leur preuve en termes de fiabilité, offrent surtout l’avantage d’être de moindre coût par rapport aux concurrents. «Mais la qualité et la fiabilité de nos produits sont une priorité absolue pour nous. D’ailleurs, nous avons à notre actif des dizaines de brevets d’invention», explique Anil Pant, le directeur général marketing international. Disposant de neuf unités dans neuf villes réparties sur l’ensemble du territoire indien, BEL met au point également des solutions et des produits à usage civil, tels que les radars destinés aux aéroports et à la surveillance des frontières. «15% des produits de BEL sont destinés à des usages civils», ajoute M. Pant. Et de rappeler que «l’une des fiertés de cette entreprise ces dernières années est la mise en place d’un système de vote électronique qui a fait l’objet d’une importante commande de la part du gouvernement». Bharat Electronics Limited, qui a réalisé en 2018 un Chiffre d’affaires de plus 1.690 millions de dollars, a pu décrocher ses premiers contrats à l’international dans des pays voisins (Sri Lanka, Myanmar), mais aussi en Afrique (Seychelles, Ile Maurice).

Indian Space Research Organisation
Bangalore abrite également l’Indian Space Research Organisation (ISRO, Organisation de la recherche spatiale indienne). Dans ce lieu hautement sécurisé, le pays de Gandhi développe depuis plusieurs années, sans tambour ni trompette, son programme de conquête de l’espace. Chargée d’élaborer et de mettre en œuvre le Programme spatial de l’Inde, ISRO conçoit et exploite des satellites et des lanceurs de fusées. Symbole des ambitions technologiques du pays de Gandhi, l’Indian Space Research Organisation n’a de ce fait rien à envier aux pionniers de ce domaine. Si bien qu’elle compte envoyer le premier Indien sur la lune à l’horizon 2022. Un objectif tout à fait atteignable et qui s’inscrit dans l’évolution logique de cette structure qui fait preuve depuis des années d’une grande maîtrise de la technologie de pointe liée à la fabrication et le lancement des satellites.
Et pourtant, le programme spatial indien, qui semble bien engagé dans la bataille pour la conquête des orbites, avait commencé de manière modeste au début des années 1960. Mais au fil des années, il s’est développé de manière soutenue, offrant à l’Inde la possibilité de mettre la technologie de l’espace au service de son développement socioéconomique. C’est ainsi que ses applications ont été mises à profit dans des domaines aussi divers que l’agriculture, la météorologie, la gestion des ressources hydriques, la télémédecine ou l’enseignement à distance. À présent, l’Inde, forte de son expertise et de ses avancées, se dit prête à partager son expertise avec les pays amis, notamment en Afrique. Des sessions de formation sont offertes à des techniciens de divers pays, dont le Maroc.

La saga Infosys, une success-story indienne
La saga Infosys a débuté en 1981. Un groupe d’ingénieurs indiens fondait à Bangalore une Société de services et d’ingénierie en informatique qui allait devenir l’un des géants mondiaux. Avec un capital de près de 250 dollars (l’équivalent de près de 700 dollars actuellement), Narayan Murthy, Nandan Nilekani, N.S. Raghavan, S. Gopalakrishnan, S.D. Shibulal, K. Dinesh et Ashok Arora jetaient, il y a près de 40 ans, les bases d’une entreprise qui personnifie les ambitions débridées de l’Inde.
Au fil des années, la société a pris un essor tel qu’elle est désormais une référence mondiale dans le domaine des services informatiques délocalisés. En février 2015, Infosys acquiert Panaya, une entreprise américaine spécialisée dans l’automation pour environ 200 millions de dollars. Ayant misé à fond sur l’innovation, la firme est actuellement la deuxième plus grande compagnie indienne IT après TATA. En 2019, sa capitalisation boursière culminait à plus de 46,5 milliards de dollars. Son revenu annuel est passé de 100 millions en 1999, à un milliard en 2004 puis à 10 milliards en 2017. Elle emploie plus de 170.000 personnes dans les quatre coins du monde. À présent, Infosys est un leader mondial dans le domaine des services numériques de nouvelle génération et de conseil aux entreprises. Elle accompagne ses clients dans leurs transformations numériques dans une cinquantaine de pays. 
Nous avons eu l’occasion de visiter son siège social où des explications nous ont été fournies sur la genèse et le développement de ce mastodonte. Un de ses fondateurs, Narayana Murthy, se confiait en 2012 dans une interview accordée à la revue Paris Innovation Review : «L’histoire d’Infosys est étroitement liée à celle de l’Inde, à son évolution et à ses réformes, mais elle s’inscrit d’emblée dans un environnement global. (…) Les débuts, entre 1981 et 1991, ont été difficiles, car l’environnement indien était réellement hostile aux entrepreneurs. Pour voyager une journée à l’étranger, il fallait l’accord de la Banque centrale, ce qui prenait quinze jours. Pour importer un ordinateur d’une valeur de 100.000 dollars, il fallait attendre trois ou quatre ans et nous rendre à Delhi une bonne cinquantaine de fois», expliquait-il. C’est dire l’importance du chemin parcouru et l’importante contribution de cette entreprise au progrès du pays. Infosys est la preuve tangible de la capacité de l’intelligence indienne d’innover, de produire et de réussir en dépit de l’adversité. 

Ville aux atouts touristiques considérables

La route qui mène de et à l’aéroport de Bangalore (une infrastructure ultra moderne du reste) donne toute la mesure de l’essor que connaît cette ville. Des bâtiments flambants neufs aux façades vitrées vous accueillent et vous donnent un avant-goût de sa vocation et de son essor effréné. Le climat de la ville est plutôt agréable. Des vents modérés et des pluies intermittentes contrastent avec la chaleur suffocante de New Delhi et sa pollution infernale. C’est une ville où il fait bon vivre dans l’ensemble. Certes, la circulation y est un peu difficile, mais de grands chantiers sont en cours de réalisation pour alléger sa densité (des ponts, des tramways en cours de réalisation). Au-delà de sa vocation technologique, Bangalore est une ville touristique par excellence. Parmi ses principales attractions, les jardins botaniques de Lal Bagh, que nous avons eu la chance de visiter par un samedi ensoleillé. Initiés sous le règne de Hyder Ali, dirigeant de l’état de Mysore en 1760, ils ont été terminés sous le règne de son fils Tipû Sâhib. Lal Bagh abrite également une importante collection de plantes tropicales ainsi que des lacs d’une beauté à couper le souffle. Bangalore compte par ailleurs une multitude de monuments et de musées témoignant d’un passé riche et d’une civilisation sans pareille.

L’Indian Institute of Management Bangalore dans le top 50 mondial

Bangalore s’enorgueillit à juste titre d’abriter l’Indian Institute of Management, un des meilleurs de sa catégorie en Inde et dans le monde. Créée il y a 45 ans, cette école privée avait pour vocation au départ de doter le secteur public de ressources humaines hautement qualifiées. Puis à mesure que Bangalore se transformait en ville technologique, elle s’est mise au diapason en accompagnant cette profonde mutation. Jouissant de l’autonomie financière – les recettes proviennent des frais d’inscription ainsi que des formations dispensées au profit des cadres des entreprises et des départements gouvernementaux – et en termes d’élaboration de ses programmes d’étude, elle s’est imposée par la qualité de ses curricula et leur adéquation avec marché de l’emploi. Ses diplômes sont reconnus en Inde et à l’international comme le gage d’une formation d’excellence. À telle enseigne que l’Indian Institute of Management Bangalore est classé actuellement première école de sa catégorie en Inde et est dans le Top 50 au niveau mondial. «Le taux d’insertion des lauréats, près de 400 chaque année, est de 100%», nous explique non sans fierté un haut responsable pédagogique.


DNES Abdelwahed Rmiche

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