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Bilan de la première édition

Bilan de la première édition
Ph. Saouri

Les premières Assises des industries culturelles et créatives au Maroc ont été clôturées le 5 octobre. Cet événement était l’occasion de discuter de l’identité culturelle marocaine et de l’importance du soutien à la diversité culturelle et à la créativité artistique. L’accès des jeunes aux arts et la culture ainsi que l’accès du citoyen à la pluralité culturelle et linguistique étaient également au centre du débat. Plusieurs intervenants ont appelé à intégrer la culture et l’art dans le système éducatif national.
Dans le même ordre d’idées, Abdelaziz El Idrissi, directeur du Musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain, a défendu la démocratisation de l’accessibilité aux musées et aux autres institutions culturelles et la vocation d’animation des musées à travers une programmation artistique diverse et inclusive. Karim Hendili, chargé du programme Culture à l’Unesco, a quant à lui insisté sur le rôle de la culture génératrice de revenus pour assurer la continuité de son existence.
Pour sa part, Mohamed Berrada, économiste, ancien ministre des Finances et ancien ambassadeur du Maroc en France, a souligné l’importance d’augmenter le budget alloué à la culture. Intervenant aux Assises, Narjiss Nejjar, productrice, réalisatrice et directrice de la Cinémathèque marocaine, a appelé à lever la tension commerciale existante au sein du marché cinématographique marocain et rappelé la nécessité de baisser les prix des tickets sans pour autant affaiblir les circuits de production et de distribution, ni léser les exploitants de salles. Le secteur de l’audiovisuel était très présent dans les Assises.

Dans les recommandations de l’événement, on a insisté sur l’encouragement et le suivi de la commercialisation des productions audiovisuelles et cinématographiques nationales à l’échelle internationale. Les intervenants ont aussi appelé à la mise en place de programmes de formation dans les domaines de l’audiovisuel et du cinéma au sein des Universités et des Instituts d’enseignement supérieur. Ils ont, par ailleurs, appelé à la protection de toutes les formes d’expression artistique menacées de disparition, et à la garantie leur transmission aux générations futures. Parmi les recommandations des Assises des industries culturelles, il y a également le recensement de tous les professionnels des industries culturelles et créatives au Maroc ainsi que l’inclusion des indicateurs relatifs aux pratiques culturelles dans les recensements et les statistiques du Haut-Commissariat au Plan.
Les participants à l’événement ont également appelé à l’implication des régions et des communes dans le renforcement et le développement de ces industries culturelles. La publication d’un manuel intégrant les normes, les dispositifs et les garanties en direction des entreprises opérant dans le domaine des industries culturelles et créatives, notamment événementielles, a aussi été réclamée. Plusieurs autres recommandations ont été émises à l’occasion de ces premières Assises des industries culturelles (pour plus de détails, voire www.lematin.ma). 

Ils ont déclaré

Rime Aït El Haj, actrice et comédienne

«Il y a tellement à faire dans le domaine culturel qu’on ne peut pas regarder une telle initiative de haut et se dire qu’on pourrait s’en passer. Il est important de tirer le meilleur de ce focus sur la culture, parce qu’on en a besoin. Beaucoup de choses sont à faire dans la culture et pas uniquement au niveau des infrastructures, parce que malheureusement jusque-là, dès qu’on s’intéresse à un secteur, on s’intéresse à ses infrastructures. Aujourd’hui, la culture marocaine a certes un problème de tissu économique, mais il faut se focaliser sur l’importance donnée à la culture. De fait, c’est une occasion de la mettre au centre de la vie de chaque citoyen, qu’elle fasse partie de prenante de l’éducation nationale, comme l’a dit M. Ahmed Reda Chami. Il faut qu’on ait un mécanisme de détection des talents précoces et surtout savoir où déverser ces talents, car le Maroc ne manque pas de jeunes originaux qui veulent travailler la culture et qui le font envers et contre tout. Malheureusement, on manque d’un tissu fédérateur et d’une industrie pour déverser ce flot d’ingéniosité et de créativité que portent les Marocains.» 

Abdelkader Retnani, président de l’Union professionnelle des éditeurs du Maroc et vice-président de la Fédération des industries culturelles et créatives

«Ces Assises constituent un premier pas pour la reconnaissance des industries culturelles comme étant un moteur de développement incontournable pour notre pays. Nous avons eu le plaisir de voir 600 personnes, des sphères privée et publique, répondre présentes pour deux journées entières. Ce qui est en soi un indicateur fort de l’importance de la question culturelle pour celles et ceux qui y travaillent et/ou qui aspirent à en faire un levier d’évolution tant sociale qu’économique. J’espère, en cette veille de remaniement ministériel, que nos responsables politiques pourront prendre en considération les recommandations émises à l’issue de cette rencontre afin de bâtir une nouvelle carte culturelle avec une stratégie claire et une vision globale des attentes et des besoins des filières qui constituent les industries culturelles et créatives.» 

Mohamed Beyoud, responsable de l’action culturelle à l’Institut français de Meknès

«Je pense que ces Assises des industries culturelles et créatives représentent une réelle opportunité pour les professionnels de la culture. Il est salutaire, bien entendu, d’impliquer le monde de l’entreprise dans un tel événement. Un tel rapprochement entre les chefs d’entreprise et les acteurs culturels ne pourrait qu’être bénéfique pour la dynamique culturelle dans notre pays. Mais une telle implication ne pourrait que compléter l’action de l’État. Dans cette perspective et à mon sens, il est indispensable d’investir dans la formation des cadres qui ont la responsabilité des infrastructures culturelles de proximité. Une telle initiative est donc à encourager.» 

Hicham Abkari, vice-président de la FICC et directeur du Théâtre Mohammed VI de Casablanca

«Ces Assises, les premières du genre au Maroc, ont été l’occasion de réunir dans un même lieu et durant deux jours les intervenants dans le secteur culturel et créatif afin de faire un vrai diagnostic et de proposer des solutions pragmatiques. Les institutionnels ont eu l’occasion d’écouter directement les acteurs de terrain sans passer par l’intermédiation des bureaux d’études et les divers acteurs ont pu découvrir les formes de soutien que propose l’administration. Les Assises ont souligné l’ampleur du chantier et l’intérêt de prendre les industries culturelles et créatives comme axe majeur dans la réflexion concernant le nouveau modèle de développement du Maroc. C’était un énorme défi. Nous l’avons relevé et réussi. Maintenant, la machine est enclenchée et il faut encore tenir pour réaliser les diverses recommandations qui ont été établies.» 

Mohamed Rachdi, acteur culturel

«Comme moi, beaucoup d’acteurs sur la scène culturelle marocaine, notamment dans le domaine des arts classiques et visuels, n’ont pas été conviés pour assister aux premières Assises des industries culturelles et créatives. C’est dommage parce que les Assises nationales devraient prendre en compte la pluralité des acteurs et les personnes qui agissent sur le terrain dans le domaine culturel. C’est important d’inviter des anthropologues, des sociologues... mais c’est aussi important d’avoir des acteurs de terrain. L’initiative en elle même est toujours la bienvenue, on devrait en faire un rendez-vous régulier, mais avec la concertation et l’implication des acteurs de différentes provenances. Il ne faut pas non plus orienter les Assises politiquement. Il y a des personnes qui n’ont pas de postes clés, qui sont dans des structures alternatives, mais qui font aussi la culture au Maroc. La vraie culture ne se fait pas dans les bureaux et les partis politiques. C’est celle qui touche le public directement.» 

 

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