Le système financier africain doit constamment s’adapter aux évolutions de l’environnement pour faire face aux nouveaux risques de vulnérabilité. Ces évolutions concernent les effets disruptifs de la transformation digitale et des innovations technologiques sur le paysage financier africain. L’essor des fintech et des insurtech, l’utilisation des big data, des modes de financement alternatifs, du développement du paiement mobile et de l’utilisation des technologies de la blockchain sont autant d’innovations pour les secteurs bancaire et assurantiel, explique Abdellatif Jouahri. Le gouverneur de Bank Al-Maghrib s’exprimait lors du symposium régional sur la stabilité financière tenu lundi dernier à Rabat. Organisée par la Banque centrale du Maroc en coordination avec le ministère de l’Économie et des finances, l’Autorité marocaine du marché des capitaux et l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale, cette troisième édition a drainé une centaine de participants, dont 40 hauts représentants de banques centrales et autres autorités du continent.
Attention à la fragmentation du marché !
«Ces évolutions qui vont devoir transformer notre environnement économique et financier nous imposent de leur accorder une grande importance. C’est dans ce sens que nous avons invité les acteurs du secteur financier à venir débattre de ces questions en mars dernier dans le cadre de la conférence régionale pour l’Afrique et le Moyen-Orient sur la transformation digitale», souligne Jouahri. Pour Rupert Thorne, secrétaire général adjoint au Conseil de la stabilité financière suisse (FSB), les pratiques de surveillance et les politiques réglementaires peuvent entrainer une fragmentation du marché. Si cette dernière est inexistante ou réduite, l’impact ne peut être que positif sur la stabilité financière et améliorer l’efficacité du marché.Intérêts divergents
Quid du rôle de l’AMMC (Autorité marocaine du marché des capitaux) dans le renforcement de l’intégration du marché régional ? Lors d’un panel sur «L’intégration financière en Afrique : opportunités et défis pour la stabilité financière», Nezha Hayat, présidente de l’Autorité, a expliqué que l’institution s’est engagée dans l’intégration régionale en Afrique et a travaillé en étroite collaboration avec les autres régulateurs de la région pour booster l’intégration du marché. Elle a aussi adopté une approche progressive dans l’intégration financière aux niveaux continental et régional en établissant un cadre de coopération solide avec les autres régulateurs de la région. Objectif : aider à construire une compréhension mutuelle des pratiques de la structure des marchés réglementaires. Cependant, de nombreux obstacles affectent ce processus et entravent l’intégration de marché, notamment le retard dans l’adoption des lois et traités nécessaires et la divergence des intérêts propres à chaque pays. L’intégration financière, bien qu’elle comporte des avantages et des opportunités indéniables, n’est pas sans risques sur la stabilité financière. De ce fait, les régulateurs financiers doivent adapter les règles de gestion de ces risques et mettre en place un dispositif de stress test approprié. Le but : renforcer la coopération entre régulateurs des pays d’origine et ceux d’accueil, soutient Kheira Benhami, adjointe de la division études, stratégies et risques de l’Autorité française des marchés financiers lors d’un panel sur les risques émergents impactant la stabilité financière. n