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«Cette conférence est l'occasion de développer notre activité d'export»

L'Association professionnelle sucrière (APS) est la cheville ouvrière de la troisième édition de la conférence internationale du sucre qu’elle organise, en partenariat avec l'Organisation internationale du sucre. Son président, Mohamed Fikrat, également PDG de Cosumar, partenaire de référence de cet évènement, nous livre dans cet entretien les enjeux de cette conférence internationale. Il revient aussi sur l’état d’avancement de l’investissement du groupe sucrier marocain en Arabie saoudite, ses efforts dans la Recherche & Développement et dans la digitalisation. Entretien.

«Cette conférence est l'occasion de développer notre activité d'export»
Cette édition est une occasion pour échanger les données sur le marché puisque l’un des partenaires (International Sugar Organization) regroupe plusieurs dizaines de pays producteurs du sucre qui sont au courant des fondamentaux, des évolutions du marché et des acteurs du sucre. Ph. H. Sradni

Le Matin Éco : Comment se présente cette 3e édition de la Conférence internationale du sucre ?
Mohamed Fikrat :
Nous lançons cette troisième édition de la Conférence internationale du sucre (CIS) à Casablanca, après deux premières éditions à Marrakech. Cette année, nous avons retenu comme thématique : la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord), qui est une région prometteuse et émergente dans l’activité sucrière, de par l’importance aussi bien des producteurs des plantes sucrières que du raffinage du sucre. De plus, c'est une région qui est extrêmement importante sur l'échiquier international du commerce du sucre. Elle représente en effet pas moins du tiers des échanges au niveau mondial. Cette édition sera donc l'occasion de rencontrer des opérateurs très importants dans la région, notamment au niveau de l'activité d'extraction du sucre de la betterave et de la canne et du raffinage, mais également les autres composantes de l'écosystème que sont les fournisseurs de matériel agricole et industriel, et les fournisseurs des intrants, c'est-à-dire les fertilisants, les semences, les produits phytosanitaires, le machinisme agricole, etc. Nous avons consacré une partie de notre conférence à la R&D et à l'innovation, parce que nous sommes convaincus qu'ils représentent un levier incontournable pour continuer sur le chemin de l'excellence. Comme vous le savez, nous sommes dans une industrie lourde qui consomme beaucoup d'investissement et qui est très sensible à la compétitivité. C'est une préoccupation permanente pour améliorer nos opérations, chercher les meilleures méthodes de production. Ceci ne peut sûrement pas être réalisé s'il n'y a pas une écoute de ce qui se fait au niveau mondial et une synergie avec les différents partenaires.

Quelle valeur ajoutée pour la filière ?
Cette édition est également une occasion pour échanger les données sur le marché puisque l'un des partenaires de cette édition est l'International Sugar Organization, basée à Londres, et qui regroupe plusieurs dizaines de pays producteurs du sucre qui sont au courant des fondamentaux, des évolutions du marché et des acteurs du sucre.
Cette conférence est aussi l'occasion pour nous de développer notre activité d'export, car vous savez, en plus de notre mission d'assurer l'approvisionnement du marché local, nous avons entamé, depuis quatre ans, une activité basée sur l'admission temporaire du sucre brut. Encouragés par notre compétitivité dans le raffinage du sucre, nous voulons envoyer notre sucre vers une quarantaine de pays de manière compétitive en capitalisant sur le caractère de plateforme de distribution à partir de Casablanca. Nous restons cependant vigilants par rapport à cette activité qui est très sensible à la compétitivité. Nous sommes reconnaissants à tous les partenaires qui nous accompagnent, que ce soit l'administration, le ministère de l'Agriculture, de l'Intérieur... et bien évidemment l'Industrie, car nous sommes un écosystème complet avec une présence dans les régions.
Il faut rappeler que nous contractons annuellement 40 à 50.000 contrats chaque année pour respecter la rotation des cultures. Il y a aussi nos actionnaires notamment institutionnels, qui nous font confiance. Nous avons également nos partenaires sociaux. En effet, Cosumar a toujours eu une tradition de respect et de partenariat avec les syndicats et les représentants du personnel. Nous sommes donc fiers de leur confiance et de leur maturité. Ces éléments, à côté des femmes et hommes qui travaillent au sein du groupe, qui nous encouragent à aller de l'avant.

Où en êtes-vous dans votre investissement en Arabie Saoudite ?
Nous avons effectivement un investissement en cours de réalisation en Arabie saoudite qui consiste à construire une raffinerie de 850.000 tonnes de sucre qui est implanté sur le port de Yanbu. Nous sommes installés sur 150.000 m² sur ce quai, et je pense que nous avons tous les atouts pour avoir une bonne compétitivité pour servir le marché domestique saoudien et la région. Les travaux sont déjà en cours, à hauteur de 70% d'état d'avancement. Et si tout va bien, nous commencerons la production avant fin 2019.

Qu’en est-il des investissements de Cosumar dans la Recherche et Développement ?
Pour ce volet, je vous donne un seul indicateur simple : il s'agit de l'évolution de notre productivité agronomique qui passe de 5 tonnes de sucre à l'hectare il y a une dizaine d'années, à plus de 12 tonnes à l'hectare en 2018. Il s'agit là d'une moyenne par région, sachant que dans certaines régions ce taux à frôlé les 14 tonnes et certains agriculteurs ont même dépassé 15 tonnes. Le défi pour nous est de pérenniser ces performances et surtout de les généraliser. 

Vous vous êtes aussi engagés dans la digitalisation. Quel bilan en faites-vous ?
La digitalisation est également pour Cosumar un levier extrêmement important. Notre transition, nous l'avons commencée par l'amont agricole, c'est à dire les agriculteurs pour les aider à apprivoiser les technologies nouvelles. Nous avons réussi sur ce point puisque, aujourd'hui, sur les 5 régions, nous avons des agriculteurs qui disposent de leur carte «Tyssir» qui leur permet de gérer leurs opérations depuis l'approvisionnement jusqu'à la livraison de leur récolte. Cette opération a été marquée par l'adhésion de tous. Mais le travail continue et l'excellence reste toujours un objectif à atteindre et nous mettons tous les moyens pour y arriver. Il faut que je cite aussi toutes les entreprises, presque 200, constituées par des jeunes, que nous avons encouragées à s'installer dans différentes régions où ils assurent les prestations pour des agriculteurs : les intrants, les prestations agricoles, le conseil, etc. Nous sommes fiers de cet écosystème dans sa globalité qui réunit pratiquement 3.500 personnes autour de Cosumar.
Propos recueillis par L. O et Souad Badri

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