Un mois presque jour pour jour après le discours de Fouzi Lekjaâ sur la nécessité de restructurer les organes de gestion du football national, force est de constater que le changement n’est pas pour tout de suite. Mercredi, la FRMF a annoncé que sa commission de gouvernance a validé une seule candidature à la présidence de la LNFP, ouvrant la voie à une reconduction de Saïd Naciri à son poste. Alors que l’assemblée générale est prévue mi-septembre, c’est l’occasion de revenir sur les maux qui ont marqué le premier mandat de cette institution.
La programmation
Ce n’est un secret pour personne que la programmation est la toute première plaie dans le championnat national. Alors que les calendriers FIFA et CAF sont connus bien à l’avance, aucune mesure n’a été prise pour arrêter le calendrier des matchs de la Botola. Il en résulte que les matchs du championnat sont parfois programmés au gré du vent et que certains clubs ne savent pas où ni quand ils vont jouer, parfois à quelques heures de leurs matchs. En l’absence d’une stratégie claire et scientifique, la programmation n’obéit à aucune logique.Les soupçons de conflit d’intérêts
La fin de la saison 2019-2020 avait été marquée par les accusations lancées par certains clubs à l’encontre de Saïd Naciri, président de la Ligue et du Wydad, soupçonné de favoriser son club, en route vers un 20e titre. La solution serait alors une candidature «technocrate», loin de toute affiliation à un club, avec des garde-fous, comme l’obligation d’avoir un diplôme de gestion sportive de haut niveau ou la présentation d’un programme d’action défini. Or, dans les statuts de la LNFP, le candidat à un poste électif au comité directeur doit impérativement être mandaté par un club, être membre d’un club et «justifier d’une expérience de gestion en tant que membre d’un club (…) durant au moins deux saisons sportives entières sur les cinq dernières saisons.» Impossible d’avoir donc un comité directeur totalement indépendant des clubs, comme c’est le cas dans les championnats de renommée internationale.Dépendance totale de la FRMFSi Lekjaâ a promis que les nouvelles ligues seraient indépendantes financièrement, la réalité démontre que ce chantier n’est pas prêt d’aboutir. Malgré un chapitre IV totalement dédié aux finances de la LNFP, les opérations financières liées au championnat sont toujours du ressort de la Fédération. Des recettes de droits TV aux subventions octroyées aux clubs, en passant par les sanctions financières, la LNFP ne touche rien et ne redistribue rien. Même en termes de logistique, la Ligue ne dispose pas d’un siège, d’une domiciliation bancaire…Marketing et communication défaillants
Dépendant totalement de la FRMF, la Ligue professionnelle n’a concrètement eu aucun impact sur la commercialisation et la promotion et n’a même jamais esquissé le moindre projet de changement de la compétition, dont elle est la principale gestionnaire. Quelques tentatives de partenariat ont été entamées ici et là, notamment avec son homologue aux Émirats arabes unis, mais aucune suite n’a été donnée au projet. Même la communication la plus basique se fait au compte-gouttes et directement sur le site officiel de la FRMF. Non, ce n’est pas une blague de mauvais goût : la LNFP ne dispose d’aucune plateforme de communication officielle (site web, réseaux sociaux…).Aucun renouveau
L’absence claire de tout projet de renouvellement de la compétition est l’un des aspects les plus réprimandables de la gestion de la LNFP. Alors que plusieurs clubs ont demandé, à titre d’exemple, de porter le nombre de clubs de D1 à 18, leur proposition a été balayée du revers de la main, sans la moindre tentative d’explication. Alors que la Coupe du Trône fait de temps en temps l’objet de quelques changements, certes mineurs, la Botola est figée dans son format actuel depuis au moins deux décennies. Le passage à un nouveau format, incluant par exemple des play-offs pour la qualification aux joutes continentales ou des barrages entre les relégables et les néo-promus, n’a jamais été discuté. Même le recours à un calendrier asymétrique entre la phase aller et retour n’a pas effleuré l’esprit des dirigeants, laissant la Botola étouffer le public dans l’ennui, hormis quand il s’agit de polémiques, la rendant ainsi un produit archaïque et peu présentable, en dépit du potentiel de talents dont elle regorge. Les éléments que nous avons énumérés ne sont malheureusement pas exhaustifs. Les maux sont multiples et le changement n’est très probablement pas pour maintenant.