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Samedi 04 Mai 2024
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Commerçants casablancais : les raisons de la colère

Les commerçants de Derb Omar, Garage Allal, El Korea et Al Bayada à Casablanca sont en grogne et ils le font savoir. Leurs revendications : un délai supplémentaire d’un an pour l'adoption de la facturation électronique, bénéficier d’une protection sociale et combattre l'informel. Une réunion avec le Chef du gouvernement serait prévue la semaine prochaine.

C’est le ras-le-bol chez les commerçants casablancais. À Derb Omar, Garage Allal, El Korea et Al Bayada, les 4 principaux quartiers commerçants de la métropole, le ton était à la protestation jeudi 3 janvier. Les commerçants ont organisé un sit-in et fermé leurs locaux. Une action qui n’a pas été sans impact sur l’économie du pays, puisque ces 4 quartiers sont considérés comme la plaque tournante du pays essentiellement pour le commerce de gros. 
Pourquoi un tel mécontentement ? «L’État nous a imposé de nouvelles dispositions légales sans nous laisser un délai d’adaptation et sans accompagnement. Nous avons été pris au dépourvu et nous comptons poursuivre nos manifestations jusqu’à obtenir gain de cause, notamment l’octroi d’un délai d’un an pour nous conformer à ces dispositions. Je rappelle, par ailleurs, que nous ne sommes pas contre la loi et que nous voulons payer nos impôts», nous déclare d’emblée Haj Ali Boutakka, membre du bureau exécutif du Syndicat national des commerçants et professionnels. Les dispositions légales auxquelles il fait allusion ont été introduites pour la plupart par la loi de Finances 2018. Il s’agit principalement de la mise en place de la facturation électronique qui suppose de mentionner l’identifiant commun de l'entreprise (ICE) du client sur les factures. L'application de cette mesure a été reportée à 2019. Les commerçants se plaignent aussi des contrôles du Fisc et de la Douane, selon Mehdi El Fakir, économiste et expert-comptable.  Selon toute vraisemblance, ces dispositions seraient la goutte qui a fait déborder le vase. Le problème serait donc plus profond. «Les commerçants se sentent lésés dans leurs droits, ils veulent s’acquitter de leurs impôts, mais ils demandent à l’État de se pencher sur leurs revendications, notamment celles relatives aux droits sociaux comme la protection sociale, la retraite et les bourses pour leurs enfants étudiants», lance Boutakka. Il s’agit également de lutter contre l'informel (les ferrachas), les spéculateurs et autres intermédiaires «peu scrupuleux» de relancer le Plan Rawaj et de mettre en place un système fiscal adéquat, poursuit-il.  
«Ils sont plus de 300.000 commerçants à être concernés par ces nouvelles dispositions. Ils ne savent plus à quel saint se vouer», déplore le syndicaliste. En tout cas, les manifestants comptent prendre le taureau par les cornes et solliciter des réunions la semaine prochaine avec les responsables gouvernementaux, à commencer par le Chef du gouvernement, nous annonce Boutakka. 


L'avis de Mehdi El Fakir, économiste et expert-comptable

«J’estime qu’il faut prendre en compte les spécificités socio-économiques et culturelles de cette population. Il y a une forte prise de conscience de leur part sur la nécessité de respecter la loi, mais ils protestent contre la manière dont la loi est appliquée. J’estime qu’il ne faut pas y aller trop vite. Ce qui est demandé, c’est une application graduelle et surtout un consensus entre les commerçants et les pouvoirs publics. Il faut aussi entreprendre un travail d’encadrement régulier, de coaching et de formation tout en structurant au mieux cette catégorie de professionnels pour mieux les intégrer dans l’économie du pays».

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