La communauté marocaine très respectée dans les pays africains

La population d’origine marocaine vivant à l’extérieur du pays se trouve un peu partout dans le monde. Souvent, quand on parle des Marocains résidant à l’étranger (MRE ou Marocains du monde), on évoque plus particulièrement ceux vivant en Europe, oubliant ceux installés dans d’autres zones du monde. Or «l’exemple africain mérite une grande attention, notamment parce que l’Afrique a connu l’établissement des premiers migrants marocains plusieurs décennies avant le déclenchement des flux de Marocains vers la France», souligne le chercheur Yahia Abou El Farah, qui a effectué plusieurs enquêtes de terrain dans plusieurs pays africains. Selon lui, la découverte de l’espace africain par l’émigration marocaine remonte au milieu du 19e siècle.
«Mais malgré son ancienneté, cette émigration en Afrique est peu connue. Les chercheurs et les décideurs ont toujours focalisé leur attention sur les communautés marocaines résidant en Europe en raison de l’importance de leur effectif et de leurs transferts annuels en devises», observe-t-il dans l’une de ses études. En effet, l’auteur a effectué plusieurs enquêtes de terrain dans plusieurs pays africains et a publié de nombreux ouvrages, articles et rapports sur la présence marocaine en Afrique de l’Ouest ainsi que sur les dynamiques actuelles de l’Afrique. On cite notamment la recherche intitulée «La communauté marocaine en Afrique subsaharienne», parue dans les publications de la Fondation Hassan II pour les MRE.
En effet, si on exclut les Marocains installés en Algérie (53.000), en Tunisie (35.000) et en Égypte (12.000), qui sont des pays arabes, les Marocains sont présents dans de nombreux autres pays africains. Viennent en tête la Côte-d’Ivoire (7.000) et le Sénégal (quelque 5.000), suivis de la Guinée équatoriale (4.000) et du Gabon (3.000), selon les données de la direction de la coopération, des études et de la coordination sectorielle (département chargé des Marocains résidant à l’étranger et des affaires de la migration).
Il est à signaler qu’une bonne partie de cette population est composée de hauts cadres et de dirigeants très bien formés qui s’installent notamment au Sénégal ou en Côte d’Ivoire, et c’est le cas également en Afrique du Sud. Yahia Abou El Farah explique cette tendance par les investissements marocains de ces dernières années en Afrique de l’Ouest. C’est ce que nous confirme également Noureddine Fisli, directeur général adjoint Afrique, en charge des opérations chez Palmeraie Développement, qui s’est installé depuis 2013 en Côte d’Ivoire. Il nous a fait part de la présence de nombreux cadres, mais également de techniciens et autres qui viennent s’installer dans ce pays africain. Ils viennent accompagner l’installation des nombreuses entreprises marocaines qui ont créé des succursales à Abidjan. Or il précise que beaucoup ne restent pas longtemps en Côte d’Ivoire. Il confirme un autre élément révélé dans les enquêtes de Yahia Abou El Farah, c’est que les Marocains jouissent d’une très bonne image et d’une excellente réputation. Une réputation construite tout au long de la présence marocaine dans les pays africains.
État de fait que l’on a aussi pu vérifier en allant plus au sud de l’Afrique. En effet, Abdelfatah Mouttaqui, expert en sécurité informatique, basé dans la région du Cap en Afrique du Sud, souligne que les Marocains sont très respectés. «Ils arrivent à s’adapter et à communiquer avec toutes les ethnies en Afrique du Sud», souligne-t-il. Selon lui, les Marocains installés dans ce pays sont au nombre de 800 personnes. «La plupart travaillent dans le secteur de la sécurité (sociétés privées de sécurité) et au niveau académique». Il affirme qu’il y a deux Marocains qui ont créé leurs propres sociétés de sécurité en Afrique du Sud.