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Conférence sur les différentes facettes de l’expérience sud-coréenne en matière de modernisation et ses implications pour la société marocaine

Conférence sur les différentes facettes de l’expérience  sud-coréenne en matière de modernisation  et ses implications pour la société marocaine
Le professeur Chang Kyung-Sup a examiné les conditions structurelles clés, les réalisations et les risques de la modernité comprimée observée en Corée du Sud.

Les différentes facettes de l’expérience sud-coréenne en matière de modernisation et ses implications pour la société marocaine dans ses efforts de modernisation et de développement ont été au centre d’une conférence organisée, mercredi à Rabat, par l’Académie du Royaume du Maroc et animée par le professeur Chang Kyung-Sup, de Seoul National University. Placée sous le thème «Compressed modernity as achievement vs risk : The South Korean experience and its implications for Morocco», cette manifestation s’inscrit dans le cycle de conférences thématiques «L’Asie, comme horizon de pensée», initié par l’Académie du Royaume du Maroc en amont de la 46e session, prévue du 9 au 17 décembre 2019.

«Le Maroc a grand besoin de prendre connaissance de l’expérience d’un pays exceptionnel, qui s’est distingué par sa renaissance moderniste et technologique et dont les grandes sociétés ont conquis le monde», affirme à ce propos le chancelier de l’Académie du Royaume du Maroc, Mohamed Kettani. «Cette expérience, aussi riche et précieuse soit-elle, n’a pas été épargnée par les dysfonctionnements», relève M. Kettani dans une déclaration à la MAP, précisant que le conférencier désigne cette expérience par le terme «modernisation compressée», c’est-à-dire celle qui s’est imposée par elle-même, tout en passant outre nombre de valeurs et en dépassant les capacités naturelles de l’Homme. «Vu que la Corée constitue un des modèles phares représentant les pays émergents en Asie, cette conférence nous rapprochera du modernisme appliqué dans des pays majeurs du continent comme la Chine, l’Inde et le Japon», a-t-il souligné.

Dans le cadre de cette conférence, le professeur Chang Kyung-Sup a examiné les conditions structurelles clés, les réalisations et les risques de la modernité comprimée observée en Corée du Sud, engageant une réflexion sur les diverses implications des expériences de ce pays pour la société marocaine dans ses efforts de modernisation et de développement au XXIe siècle. Le professeur Chang Kyung-Sup a considéré depuis de nombreuses années que la modernité comprimée du pays regorge de traits et de tendances sociales extrêmes qui apparaissent souvent contradictoires.
La modernité comprimée est une condition de civilisation dans laquelle des changements économiques, politiques, sociaux et/ou culturels, se produisent de manière extrêmement condensée, tant dans le temps que dans l’espace, et dans laquelle la coexistence dynamique d’éléments historiques et sociaux mutuellement disparates conduit à la construction et à la transformation. Sous la modernité comprimée, de nombreuses suppositions temporelles et causales des sciences sociales conventionnelles sur la vie humaine et la société ont tendance à être systématiquement défiées.
Dans son analyse, le conférencier part du constat que la société sud-coréenne est marquée par un mélange assez curieux de caractéristiques et de tendances sociales extrêmes. Avec un PIB par habitant de plus de trente mille dollars, un grand nombre des plus grandes industries du monde et le plus haut niveau d’achèvement de l’enseignement supérieur dans le monde, les Sud-Coréens peuvent certainement se vanter, tant pour les étrangers que pour eux-mêmes, de leurs «miracles» sur le plan économique et social, construits sur les débris de l’exploitation coloniale et d’une guerre civile totale autour de la première moitié du 20e siècle.
Afin de soutenir de telles réalisations, les travailleurs sud-coréens travaillent encore plus de deux mille heures par an (avec quelques pays seulement). Les étudiants sud-coréens dépassent de loin leurs homologues étrangers en termes de durée d’études et même les personnes âgées sud-coréennes continuent à étendre leurs années de travail au-delà des niveaux connus dans le monde.
Parallèlement et paradoxalement, une longue série de problèmes sociaux à des niveaux «scandaleux» au niveau international continuent d’affliger et d’embarrasser les Sud-Coréens, dont la pauvreté des personnes âgées, le suicide à l’un des niveaux les plus élevés au monde, le taux d’infection tuberculeuse et l’endettement des ménages (par rapport au revenu et à l’actif du ménage) à un niveau dépassant celui du leader de longue date (les États-Unis).

De même, d’un point de vue démographique, la fécondité dans le pays au plus bas niveau mondial (par exemple, un taux de fécondité total de 0,98 en 2018) et l’augmentation de l’espérance de vie au rythme le plus rapide au monde devraient faire vieillir sa population plus rapidement que tout autre niveau connu. Pour le conférencier, les mêmes défis de l’expérience de la Corée peuvent se dresser devant tout pays faisant face au dilemme du modernisme et de la préservation de l’identité, notamment ceux présentant des similitudes avec la société coréenne en termes de profondeur historique, comme le Maroc. Cette conférence a été marquée par la présence du secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri, et de l’ambassadeur de la Corée du Sud à Rabat, ainsi que d’éminentes personnalités d’horizons divers. 

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