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Les professionnels de la santé sont unanimes : «La situation épidémique est normale et habituelle pour la saison»

Cinq décès dus à la grippe H1N1 sont actuellement enregistrés au Maroc. Il n’en fallait pas plus pour que les réseaux sociaux s’emballent, craignant une épidémie semblable à celle qui avait sévi en 2009 avec l’apparition de cette souche de grippe. Contactés par «Le Matin», le ministère de la Santé et différents professionnels du secteur rassurent.

Les professionnels de la santé sont unanimes : «La situation épidémique est normale et habituelle pour la saison»
Ph. Shutterstock

Depuis quelques jours, les craintes de la propagation d'une épidémie de la grippe A H1N1 au Maroc ne cessent de s'amplifier. Une inquiétude accentuée par l’annonce de cinq décès dus à cette maladie et confirmés par le ministre de la Santé, Anas Doukkali. Des écoles ont même pris l’initiative de demander aux parents de prendre des précautions d’hygiène, de ne pas envoyer leurs enfants malades, voire d'apporter une note du médecin traitant attestant leur bon état de santé. Alors faut-il vraiment s’inquiéter ? Le Maroc fait-il face à une épidémie de la grippe A H1N1 ? «Une épidémie désigne l'augmentation rapide et inhabituelle du nombre de cas d’une maladie par rapport aux années précédentes», nuance de prime abord Jaâfar Haïkal, épidémiologiste. Est-ce le cas au Maroc ? Non ! la réponse du ministère de la Santé est formelle. «La grippe présente actuellement au Maroc est une grippe saisonnière normale, donc on est en situation épidémique normale et habituelle pour la saison. Toutefois, on reste bien sûr vigilant. Il y a des services sentinelles pour la surveillance comme tous les ans et on n’a noté aucune anomalie particulière. H1N1 est aujourd’hui une souche normale de transmission humaine, donc c’est une grippe comme les autres», note Hicham Nejmi, SG du ministère.
Des propos appuyés par Hicham Afif, directeur du CHU Ibn Rochd de Casablanca : «La grippe A H1N1 est une grippe saisonnière et donc c’est un virus qui est habituel. On n’est pas dans la logique de 2009 où il y avait une pandémie de grippe». Et de préciser : «Pour nous, la période entre les mois d’octobre et avril est une période où se multiplient les cas de grippe, d’infections respiratoires, avec des malades sévères ou graves qui peuvent nécessiter la réanimation... Bien sûr, la veille sanitaire est toujours de mise, mais pour l’instant, nous vivons la même situation que les deux années précédentes». Le directeur du CHU explique dans le même ordre d’idées que la grippe A H1N1 est le type de grippe le plus fréquent dans le monde cette année, tout comme cela a été le cas il y a deux ans. «Il faut comprendre que les cycles épidémiques de maladies virales existent dans le monde et sont tout à fait normaux et ne sont pas spécifiques au Maroc», indique Jaâfar Haïkal.

Cependant, l’épidémiologiste relève que le H1N1 n’est pas une problématique thérapeutique, ni de traitement. «C’est d’abord et avant tout un problème de surveillance épidémiologique, de mesures préventives et d’éducation pour la santé». Conscient de cela, le ministère de la Santé a lancé, selon Hicham Nejmi, une campagne de sensibilisation à destination de la population, «en insistant sur les mesures de prévention et en incitant les personnes vulnérables à se faire vacciner de manière préventive». Le SG du ministère indique : «Il est vrai qu’il est préférable de se vacciner en septembre, mais nous continuons à conseiller la vaccination même si on est en queue d’épidémie. Autre point important, c’est le fait d’inciter la population, en cas de symptômes, à consulter un médecin pour se faire examiner et se faire conseiller». S’agissant de la disponibilité du vaccin antigrippal, Hicham Nejmi assure qu’il est disponible en quantité suffisante, à un prix très abordable et il est remboursé par l’Assurance maladie obligatoire (AMO). Pour le Tamiflu (médicament antiviral), «il est recommandé par l’OMS en situation de pandémie pour traiter de manière préventive les cas contact, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Cela dit, le ministère de la Santé, à l’instar des années passées, s’assure de la chaine d’approvisionnement du produit auprès des laboratoires et des pharmacies qui voudraient le vendre». «Le Tamiflu doit être utilisé au niveau d’un hôpital ou d’une clinique sur prescription d’un spécialiste», insiste par ailleurs le SG du ministère qui précise qu’il s’agit d’un médicament dont l’usage doit être strictement hospitalier. «Le Tamiflu est mis à disposition des malades qui en ont besoin, sachant que ce médicament est administré aux malades qui souffrent de cas graves de grippe, et non en cas d’un simple rhume», précise Hicham Afif, directeur du CHU Ibn Rochd de Casablanca. «Le médicament antiviral doit être pris dans les 48 h afin de diminuer les complications et cela concerne surtout les populations vulnérables», indique de son côté Jaâfar Haïkal. 


Des gestes simples pour se prémunir contre la maladie

Si les professionnels de la santé s’accordent à dire que la situation épidémique au Maroc est normale, tous insistent sur la prévention. Celle-ci peut être assurée par des gestes simples de précaution : se vacciner, éviter le contact physique avec les personnes malades, ne pas envoyer son enfant malade à l’école, ne pas aller au travail en cas de grippe, ne pas éternuer sur quelqu’un ou cracher par terre, utiliser un mouchoir pour tousser et éternuer et le jeter juste après, et éviter l’automédication. «Encore une fois, je tiens à vous rassurer : la situation est tout à fait normale et si jamais il y a des problèmes, le ministère a l’obligation de communiquer autour parce que cela fait partie des mesures à prendre pour cerner la diffusion de la maladie, sans oublier que nous travaillons avec des organismes internationaux qui auraient tiré la sonnette d’alarme. Or jusqu’à aujourd’hui, il n’y a rien de tout cela», insiste Hicham Nejmi, SG du ministère de la Santé.

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