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« La culture et la langue sont au cœur de nos relations bilatérales»

La quatrième édition de la Semaine de la langue espagnole au Maroc, organisée par les ambassades des pays hispanophones résidant à Rabat, qui a pris fin vendredi, vise à sensibiliser le public marocain au poids, à l’utilité et à la projection de la langue espagnole dans le monde. Une semaine riche en échanges, en découvertes et en activités. M. Ricardo Diez-Hochleitner, ambassadeur de l’Espagne au Maroc, nous en dresse le bilan.

« La culture et la langue sont au cœur de nos relations bilatérales»
M. Ricardo Diez-Hochleitner.

Le Matin : Une quatrième édition et une semaine riche en événements. Quel bilan en faites-vous ?
Ricardo Diez-Hochleitner :
À mon avis, le bilan est excellent. Il y a seulement quatre ans que toutes les ambassades des pays de langue espagnole accréditées au Maroc et l’Institut Cervantes ont lancé la première édition de cette Semaine de la langue espagnole au Maroc. Le but était bien simple, mais ambitieux. Il s’agissait de mettre en exergue l’importance, l’universalité et l’utilité de la langue espagnole comme outil pour le développement personnel et professionnel des citoyens marocains. Ceci, non seulement pour leur permettre d’accéder aux trésors littéraires et culturels qu’elle renferme, mais surtout pour souligner sa valeur comme outil qui ouvre des horizons, que ce soit dans l’éducation ou la formation universitaire, l’accès à de nouveaux marchés et le développement des entreprises, du tourisme, la musique, la gastronomie, etc. On voulait aussi diffuser le fait qu’elle est une langue parlée par plus de 570 millions de personnes, la langue officielle de 21 pays du monde, la deuxième langue la plus parlée comme langue de communication, sans oublier qu’elle est la troisième langue la plus utilisée sur Internet. Il s’agissait, en somme, d’essayer de rapprocher de plus en plus la langue espagnole des citoyens dans ce grand pays qu’est le Royaume du Maroc où elle est connue et parlée par quelques millions de personnes et en même temps une langue utile de communication avec tant de pays voisins et amis de l’autre côté de l’Atlantique et non seulement avec le pays voisin immédiat et ami du nord qu’est l’Espagne.

Pour cette édition, nous avons eu le grand honneur de compter sur la présence de M. Youssef Amrani, chargé de mission au Cabinet Royal, ainsi qu’avec le ministre délégué en charge de la Réforme de l’administration et la fonction publique et leurs avis sur la portée universelle de la langue espagnole, sa diffusion et sa connaissance historique au Royaume, tout en exprimant leur plein soutien à son apprentissage, étant donné les horizons qu’elle ouvre comme outil de communication et de travail.

Le but de cette quatrième édition était donc de montrer la relation très spéciale du Maroc avec la langue espagnole. Une manifestation de cette relation a été la nomination, il y a deux mois, pour la première fois, d’un marocain comme membre correspondant de l’Académie Royale de la langue espagnole. Dans ce sens, un des moments phares de la Semaine a été la table ronde sur Les Académies de la langue espagnole en présence du nouvel académicien, Dr Hossain Bouzineb, et du SG de l’Association des académies de la langue espagnole. Je cite aussi la participation de plusieurs hispanistes marocains qui œuvrent dans les départements d’Espagnol des universités marocaines, ainsi que de l’un des écrivains contemporains les plus importants, le Péruvien Fernando Iwazaki, et un des journalistes les plus prestigieux, le directeur du journal «AS», l’Espagnol Alfredo Relaño, qui nous a offert une conférence excellente sur «La langue espagnole et le sport : le journalisme est le lien».

Les Marocains manifestent un intérêt croissant pour la langue espagnole. Comment répondez-vous à cet engouement ?
Je suis tout à fait d´accord, les Marocains ont un intérêt croissant pour la langue espagnole. Une bonne preuve de cet intérêt est que les inscriptions pour les cours de langue espagnole à l’Institut Cervantes ne cessent d’augmenter. Depuis 2016, une période de croissance accélérée s’est déclenchée. 
Le dernier indicateur du nombre d’inscrits dans tous les centres de l’Institut Cervantes au Maroc pendant le premier trimestre 2019 montre une augmentation de 43,32% par rapport à la même période de 2018. La réponse à cette demande se traduit par l’existence d’un réseau permanent et solide de centres de l’Institut Cervantes installés dans douze villes du Royaume, où des professionnels espagnols et marocains, également latino-américains, travaillent ensemble jour après jour avec passion pour enseigner la langue espagnole à des milliers de Marocains. Étant donné qu’une formation spécifique continue et une mise à jour des professeurs sont aussi nécessaires, les cours de formation des professeurs marocains de langue espagnole constituent un outil fondamental pour répondre à l’intérêt croissant au Maroc pour la langue espagnole dans l’avenir immédiat. Il ne faut pas oublier non plus le réseau de la dizaine d’écoles espagnoles qui dépendent de notre ambassade au Maroc, avec plus de cinq mille étudiants, ainsi que les étudiants marocains qui font leurs études en Espagne. 
Je dois vous dire aussi que ce réseau de l’école espagnole va se moderniser bientôt avec un nouveau bâtiment pour les centres scolaires à Rabat.

En 2018, vous aviez lancé une sorte d’observatoire pour étudier l’évolution de la langue espagnole et de son apprentissage au Maroc. Quel bilan en faites-vous ?
Oui, tout à fait. Un groupe de travail a été créé avec des représentants de différentes institutions marocaines et ibéro-américaines qui vont nous fournir peu à peu des données et des informations pertinentes sur la situation de la langue espagnole au Maroc. Un rapport «Évolution de la langue et de la culture en espagnol au Maroc» a été rédigé et publié dans l’«Annuaire 2018 : L’espagnol dans le monde». 
Plusieurs universités espagnoles et marocaines ont été invitées à faire activement partie de l’équipe de travail par le biais de l’affectation au projet d’étudiants du dernier cycle et de doctorants. Mon bilan est positif, la langue espagnole au Royaume du Maroc a certainement une place qui peut encore se développer beaucoup plus. Comme je l´affirme si souvent, et vous le savez très bien, la culture et la langue sont au cœur de nos relations bilatérales, et je pense aussi avec les pays de langue espagnole, je dirai certes qu’elles sont le cœur même que nous partageons. 

Propos recueillis par Souad Badri

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