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Cyril Ramaphosa, un début de mandat sous le signe de la confrontation

Quelques jours à peine après son investiture à la magistrature suprême, le Président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est retrouvé dans une confrontation directe avec l’aile populiste du Congrès national africain, le parti au pouvoir déchiré par les divisions.

Cyril Ramaphosa, un début de mandat sous le signe de la confrontation
Cyril Ramaphosa a appelé à la redynamisation du Plan de Développement National élaboré il y a quelques années pour faire sortir l’Afrique du Sud de la crise. Ph. Reuters

Bien avant les élections générales, que l’ANC (Congrès national africain) a remportées le 8 mai dernier, le camp populiste de cette formation emblématique filtrait à la presse des déclarations sous couvert de l’anonymat sur les défis qui attendent Ramaphosa en cas de performance décevante lors du scrutin. En effet, le parti de l’icône Nelson Mandela n’a pas pu faire mieux que 57,5%, soit sa plus mauvaise performance depuis les premières élections multiraciales organisées dans le pays au lendemain de la fin de l’apartheid en 1994. Les choses ont alors commencé à se compliquer pour Ramaphosa qui souhaitait obtenir des urnes un mandat politique clair pour mettre en œuvre son programme de réformes, notamment l’éradication d’une corruption qui semble avoir atteint les plus hautes instances de l’État durant les années de l’ancien président Jacob Zuma, désormais taxées de «décennie noire». La formation du nouveau gouvernement a été le premier défi pour un Ramaphosa visiblement isolé et affaibli. La polémique intervient dans une conjoncture extrêmement difficile.
Des chiffres publiés, la semaine dernière, par l’agence officielle des statistiques ont montré que l’économie sud-africaine a reculé de 3,2% au premier trimestre de 2019, marquant sa plus forte contraction depuis la crise économique et financière mondiale de 2008/2009. Cette contraction, qui intervient suite à une croissance de 1,4% du Produit intérieur brut (PIB) au dernier trimestre de 2018, est le résultat de la contreperformance de secteurs clés notamment le secteur manufacturier qui a reculé de 8,8%. Pratiquement tous les secteurs de l’activité économique ont enregistré des résultats négatifs, selon les conclusions de l’agence des statistiques. Cette nouvelle chute témoigne de l’aggravation de la crise économique dans le pays arc-en-ciel, qui souffre d’énormes déficits sociaux, dont un chômage affectant près de 28% de la population active et une pauvreté touchant plus de la moitié de la population globale (environ 58 millions d’âmes). Pour Dawie Roodt, économiste au cabinet Efficient Group, l’économie déjà fragile «paiera les frais» des divisions qui s’aggravent au sein de l’ANC. Une nouvelle contraction du PIB ne manquera pas de déstabiliser presque la totalité des secteurs économiques très fragiles, indique-t-il, mettant en garde que les efforts visant à réduire les inégalités croissantes et juguler le chômage seront mis en veilleuse au péril d’assister à un retour des bouleversements sociaux. 

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