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Mardi 19 Mars 2024
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Comment débrider l’inclusion financière

L’État et le secteur financier ont encore du pain sur la planche pour doper l’inclusion financière. Le processus fait face à plusieurs entraves. Faible niveau des revenus, services financiers informels, chômage des jeunes… Autant de freins qui continuent d’exclure les particuliers et les TPE des circuits financiers formels. La solution ? des offres alternatives au coût plus attrayant.

Comment débrider l’inclusion financière
L’enquête de BAM sur les micro-entreprises, les TPE et les entrepreneurs individuels montre que le faible volume d’activité est le principal frein à la bancarisation, suivi par le manque de besoin et le manque de confiance dans les banques.

Le processus d’inclusion financière a encore des obstacles à aplanir. Selon une analyse de Bank Al-Maghrib fournie dans son rapport annuel 2018 sur les infrastructures des marchés financiers et les moyens de paiement, la pénétration des services financiers formels fait face à plusieurs entraves. Le faible niveau de revenus des Marocains figure en tête. En effet, pour ceux qui ne disposent pas de compte réglementé, l’ouverture de compte est associée à la disponibilité de fonds. Selon l’enquête de BAM, si plus de 72% des adultes n’ayant pas de comptes considèrent l’insuffisance des fonds comme l’un des obstacles à la bancarisation, près de 50% d’entre eux déclarent que le manque d’argent est l’unique raison pour laquelle ils n’ont pas de compte. À cela s’ajoutent les offres inadaptées aux besoins des segments à faible revenu. «Au Maroc, le secteur financier a pu développer au cours des dernières années une offre financière classique de qualité. Néanmoins, il demeure en retrait par rapport au développement d’offres alternatives adaptées aux segments à faible revenu. Ces offres alternatives notamment les comptes de paiement, la micro-épargne et la micro-assurance, reposent sur des fondamentaux qui les rendent plus accessibles aux populations exclues», explique l’Institut d’émission. Étant distribuées par des réseaux moins coûteux que les réseaux classiques, ces offres alternatives permettent de baisser significativement le coût pour les opérateurs. Un autre frein à l’inclusion financière : la forte utilisation des services financiers informels. En effet, 21% de la population a recours à des solutions d’épargne, mais plus de 2/3 de cette population utilisent des solutions informelles. De même, 26% des Marocains ont recours à des solutions de financement dont 88% à des services informels (famille, tontine, avances des petits commerces, etc.). Pour de nombreux ménages exclus financièrement, l’offre formelle est jugée inadaptée et ne répondant pas à leurs besoins. Le statut socio-économique est aussi évoqué. En effet, concernant la population féminine, l’exclusion économico-sociale associée à des facteurs culturels, entraine une forte exclusion financière des femmes par rapport aux hommes. «Tant qu’elles sont salariées, les femmes sont quasiment au même niveau d’inclusion financière que les hommes salariés. L’écart se creuse significativement chez les travailleurs indépendants (35% pour les hommes, 21% pour les femmes) et devient très significatif pour les sans-emploi», détaille la Banque centrale. Quant aux jeunes, l’exclusion financière est fortement liée au niveau de chômage qui reste élevé parmi cette frange de la population. Une comparaison du taux d’inclusion financière des jeunes avec d’autres pays montre que plus le chômage des jeunes est élevé, plus leur exclusion financière est forte. De plus, explique BAM, l’exclusion financière est aggravée par le faible niveau d’éducation financière, qui ne s’explique qu’en partie par le taux d’analphabétisme. Ainsi, le taux de réussite au test d’éducation financière de la Banque mondiale est plus faible au Maroc (41%) que dans d’autres pays comme la Zambie, le Mozambique, le Sénégal (taux supérieurs à 50-60%), alors que le Royaume affiche un taux d’alphabétisme plus élevé que ces pays.

Les micro-entreprises et les TPE encore pénalisées
Le joli verbe des officiels sur l’inclusion financière des entreprises, en particulier les micro-entreprises et les TPE, ne doit pas occulter la réalité. En dépit du progrès «significatif» en termes d’utilisation des services financiers par les entreprises, cette catégorie de structures rencontre encore des obstacles à leur inclusion financière associés principalement au volume de leurs activités et à leur perception du secteur financier. L’enquête de BAM sur les micro-entreprises, les TPE et les entrepreneurs individuels montre que le faible volume d’activité (45% des sondés) est le principal frein à la bancarisation, suivi par le manque de besoin (41% des sondés) et le manque de confiance dans les banques (13% des sondés). L’enquête a également fait ressortir que seuls les produits bancaires les plus basiques ont une pénétration significative : les cartes bancaires (44%) et les chèques (28%). Par ailleurs, souligne BAM, 60% des entreprises rencontrent des problèmes de trésorerie. Pour y faire face, elles recourent à l’entourage (53%) ou aux règlements différés auprès des fournisseurs (29%). De même, le coût du crédit est le principal déterminant dans le choix d’une offre de financement (58%), suivi de la souplesse accordée en cas de difficulté de paiement (34%) et du montant de la traite (31%). Quant aux niveaux d’informel et de cash, ils pénalisent l’inclusion financière des individus et des entreprises, en particulier du fait de l’incapacité des opérateurs financiers à apprécier le risque de ces segments et l’appréhension de ces populations par rapport aux circuits financiers formels.  


Incidents de paiement : l’hémorragie continue

Pas de répit pour les incidents de paiement. Selon les données 2018 de Bank Al-Maghrib, ils ont augmenté de 6,41%. En valeur, cela représente 13,29 milliards de dirhams. Sur ce montant, seulement 1,79 milliard a été régularisé. Par ailleurs, le nombre des incidents de paiement, non encore régularisés s’élève à 3,13 millions, en hausse de 4,72%. La répartition de ces incidents par catégorie de clientèle montre que 77,51% des cas concernent des personnes physiques et 22,49% sont imputables à des personnes morales. En outre, le nombre d’interdits d’émission de chèques est passé à fin 2018 à 668.988 personnes (+4,14%). Les personnes physiques représentent l’essentiel (87,75%).

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