Design et artisanat dans une belle communion

Une belle initiative de la part de la Banque Populaire de Rabat-Kénitra, qui a donné lieu à un merveilleux travail de collaboration et d’échange très profitable. «Cette exposition met en exergue l’aspiration artistique qui se double d’une exigence socio-économique, intimement liée à la première : il s’est agi de concevoir, dessiner et fabriquer des objets originaux, tissés ou sculptés, fruit d’une collaboration entre designer et artisans, afin de repousser les limites de leur créativité et ainsi leur ouvrir de nouveaux horizons, à même de les aider contre le risque de précarité qui parfois les menace», souligne Bouchra Berrada, présidente du directoire de la Banque Populaire Rabat-Kénitra. Ce partage et cet échange de savoir-faire et de matériaux ont donné lieu à une exposition hors pair et bien singulière qui a énormément séduit l’assistante présente lors de son vernissage, le jeudi 13 juin.
Pour Jamil Bennani, dont l’art est une histoire d’héritage et de passion, cette collaboration vient s’ajouter à un riche parcours déjà tracé il y a plus d’une trentaine d’années et où il s’est livré à plusieurs expériences aussi généreuses les unes que les autres. Elle constitue un point important pour les différents participants, car elle reflète des moments intenses de communication et d’échange de savoir-faire de divers univers. «L’idée est de Tania Chorfi, commissaire des expositions, et de Jalil Sebti de la Banque Populaire, qui ont conclu cette collaboration avec Jalil Bennani pour qu’on puisse coopérer ensemble. On a réalisé des tapis de différents styles, dont ceux qui contribuent au respect de l’environnement. Cette expérience nous a vraiment enrichis en travaillant d’autres motifs et modèles qui peuvent aussi marcher. C’est un grand plus pour nous», souligne Habiba Idrissi, présidente de la Coopérative Al Adarissa de Khémisset.
Selon le critique d’art Farid Zahi, «Jamil Bennani, issu d’une famille artistique connue, imprégné depuis son âge tendre des traditions millénaires, entame ici un travail où le savoir-faire et le savoir-être d’artiste designer se laissent “contaminer” par le savoir-faire des artisans de Khémisset. L’objectif étant d’allier techniques de base du tissage et du travail du bois et la liberté d’imagination et de création. Les femmes tisseuses, dans leurs cabanes de fortune, tissent le jour des pièces selon un schéma établi par le designer, dont “l’exécution” en elle-même devient acte de création. Déjouer les attentes des formes transmises, à travers une volonté personnelle d’imagination et de recréation, telle est la gageure de cette collaboration fructueuse».
Farid Zahi ajoute que «Si la reproduction a toujours constitué la pierre angulaire de l’artisanat, plusieurs styles de tapis et d’autres objets artisanaux se sont construits à travers l’ingéniosité et l’aventure solitaire de la tisseuse. Il s’agit là de rêves, de traces mnémoniques, de rêverie active, ou, pour le dire d’une manière très moderne, d’une écriture à même le corps». Ce qui a donné lieu à une exposition exceptionnelle et inédite dans la forme et l’usage.