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Développement social au Maroc, des progrès indéniables et des défis à relever

Pour Driss Guerraoui, professeur à l’Université Mohammed V de Rabat et président de l’Université ouverte de Dakhla, les progrès sociaux réalisés en vingt ans sont immenses. C’est ainsi qu’en milieu rural, la couverture en eau potable a presque atteint 97% de la population, alors que l’électrification est en passe de bénéficier à toute la population de ces zones.

Développement social au Maroc, des progrès indéniables et des défis à relever

Portée par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la politique sociale du Maroc a fait du renforcement de la solidarité, de la cohésion sociale et de l’investissement dans le capital humain ses objectifs prioritaires. Pour les atteindre, une stratégie intégrée a été mise en place. Elle s’articule autour de la promotion de l’emploi, la modernisation des relations socioprofessionnelles, le renforcement de la protection sociale, la lutte contre la pauvreté et l’exclusion, la résorption des disparités spatiales, l’intégration du monde rural et la promotion des nouvelles générations de droits économiques et sociaux des citoyens.
Fondée sur les principes de proximité, du réalisme, du pragmatisme et de la concertation, cette stratégie a mis l’économique au service du progrès social, à travers une croissance créatrice d’emplois et des investissements générateurs de richesses nouvelles, et ce dans la perspective de la construction des bases d’une société solidaire. Cette primauté accordée au social constitue l’un des traits majeurs du règne de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Elle répond aux nombreux déficits que le pays a accumulés en matière de pauvreté, d’éducation, de santé, de logement, d’infrastructures de base et de protection sociale, en particulier en direction du monde rural, des femmes et des jeunes.

Pour financer cette stratégie, le pays devait produire de la richesse à la mesure des ambitions fondée sur l’ensemble des dimensions du développement social. À cet effet, force est de noter que des progrès indéniables ont été réalisés. En effet, mesurées par l’évolution du PIB en dollars courants, les données montrent que cette richesse a connu entre 1999 et 2018 une progression réellement importante, passant d’environ 41,6 milliards en dollars courants en 1999 pour se hisser à environ 120 milliards en 2018, soit une augmentation de presque 300%. Cette croissance de la richesse produite a été rendue possible grâce à la modernisation de l’économie nationale portée par une évolution du nombre d’entreprises créées immatriculées auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale et celui des salariés embauchés déclarés auprès du même organisme, qui ont connu une progression significative, passant respectivement de 71.952 et 1.291.096 en 1999 à 217.534 et 3.380.000 en 2018, soit des taux d’augmentation respectifs entre 1999 et 2018 de 302% et 262%. Certes, cette richesse, bien qu’elle ait été inégalement répartie entre les différentes couches de la société, les régions et en termes de genre, macro économiquement et en moyenne, le PIB par habitant en dollars courants a connu néanmoins une évolution positive passant de 1.444,19 dollars en 1999, pour s’établir à 3.359 dollars en 2018. Le corollaire de cette évolution est la baisse significative des taux de pauvreté absolue et multidimensionnelle avec une légère réduction des inégalités (indice de Gini), une augmentation de la valeur de l’Indice du développement humain (IDH) de 10% entre 2001 et 2017 et une revalorisation relative du classement international du Maroc entre 
2001 et 2017. 

Ce que montrent les chiffres du Haut-Commissariat au Plan et du Programme des Nations unies pour le développement qui révèlent que si le taux de pauvreté absolue est passé de 15,3% en 2001 à 4,2% en 2014, le taux de pauvreté multidimensionnelle est passé de 28,5% en 2003 à 6% en 2014.
Pour accompagner et préparer ces évolutions, il fallait équiper le pays en électricité, en eau potable, en routes, autoroutes, en ports et aéroports. Force est de constater qu’en vingt ans, les progrès ont été immenses. C’est ainsi qu’en milieu rural, la couverture en eau potable a presque atteint 97% de la population avec un accroissement de 2,5 fois de la population desservie entre 1999 et 2018, à un moment où l’électrification est en passe de bénéficier à toute la population rurale en 2018n contre 39% seulement en 1999. Concernant les infrastructures de transport, les progrès réalisés entre 1999 et 2019 sont pour le moins impressionnants, tant les taux de progression sont importants. En effet, les routes rurales ont enregistré une augmentation de 498%, les routes classées voie expresse de 475%, les routes classées de 179% et les autoroutes de 385%, au moment où les ports toutes catégories confondues (commercial, pêche et plaisance) et les aéroports nationaux et internationaux sont passés entre 1999 et 2019 respectivement de 16 à 47 et de 19 à 26.
Si ce développement des infrastructures a eu un impact certain sur la modernisation économique du pays, il s’est également accompagné de réformes de nature sociale, dont l’indice le plus marquant s’est matérialisé par la réforme du système national de protection sociale qui a consacré l’obligation de la couverture médicale de base des citoyens, avec l’adoption sous le gouvernement de Maître Abderrahmane Youssoufi d’un Code de la couverture médicale de base. Cette réforme, que les gouvernements post-alternance ont poursuivie et étendue, a permis une évolution significative du taux de couverture médicale de base de la population, passant de 13,5% en 1999 à 54,6% en 2017.

Malgré ces progrès indéniables, des défis colossaux guettent le développement social dans notre pays. 
Parmi ces défis, le pilotage gouvernemental de toute la politique sociale nationale et la gouvernance du développement social apparaissent au premier plan. En effet, nous avons plus de 100 programmes de lutte contre la pauvreté couvrant tous les domaines de l’action sociale et de la solidarité, le pays consacre plus de 50% du Budget général de l’État aux secteurs sociaux au sens large et il y a un nombre impressionnant de départements ministériels, d’agences publiques et d’associations issues de la société civile travaillant dans le domaine social.
Une telle situation évolue dans un contexte national marqué par la pression des besoins dans tous les services sociaux essentiels sur un fond de raréfaction des ressources pour financer la solidarité et au sein d’une société marocaine qui connaît l’émergence d’une nouvelle génération de citoyens plus conscients de leurs droits sociaux et plus exigeants en termes de satisfaction de leurs besoins, avec des capacités extraordinaires d’auto organisation, favorisées par les possibilités que leur offre le réseautage social collaboratif, qu’amplifient les instruments permis par la révolution numérique.
Dès lors, le grand défi du développement social au Maroc pour les années à venir est de procéder à un changement radical de la gouvernance de la politique publique d’action sociale et de solidarité, en consacrant dans les faits les modalités pratiques d’un pilotage institutionnel unifié, en activant la mise en place du Registre social universel et en faisant de la promotion de la culture de l’urgence de l’action un guide de la mise en œuvre des programmes de lutte contre la pauvreté. Car les deux ennemis majeurs du développement social, aujourd’hui et demain, dans notre pays demeureront le temps et l’effectivité des réformes. z

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