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Le diagnostic est souvent difficile et long à établir

La Journée mondiale de la maladie cœliaque est l’occasion idéale pour mieux comprendre cette affection chronique, son diagnostic et ses symptômes, son traitement et ses complications.

Le diagnostic est souvent difficile et long à établir
Les produits sans gluten coûtent toujours chers et sont loin d’être disponibles partout au Maroc

Le monde entier a célébré, le 15 mai  la Journée mondiale de la maladie cœliaque. Cette journée est l’occasion de faire le point sur cette maladie ignorée aujourd’hui encore par de nombreuses personnes. Certains croient même que le «sans gluten» est un choix ou un simple mode de vie qu’on peut adopter lorsqu’on veut. Alors que la maladie cœliaque (MC), mieux connue justement sous l’appellation d’intolérance au gluten, est une affection auto-immune, plutôt féminine, où le système immunitaire attaque la paroi de l’intestin grêle induisant des dommages et des troubles de l’absorption du fer, du calcium, et des vitamines ainsi que de multiples autres complications. «Cette affection est difficile à diagnostiquer à cause de ses multiples manifestations. D’une affection de nourrissons et d’enfants en bas âge et dont les signes typiques se limitent à l’appareil digestif (diarrhées, vomissements, état irritable, cassure de la croissance), la maladie cœliaque est devenue ces dernières décennies une pathologie de l’adolescent et de l’adulte dont les manifestations sont très étendues. Des douleurs articulaires, une ostéoporose, des anémies, des fausses couches à répétition, des aphtes buccaux, une dermatite ou encore des maux de tête, une fatigue chronique, une anxiété, une dépression… constituent le large spectre clinique de la maladie.

Elle peut d’ailleurs rester plus ou moins “silencieuse” pendant des années tout en poursuivant un travail de destruction sur l’intestin et d’autres organes», souligne Dr Khadija Moussayer, présidente de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS). Et d’ajouter que «La Journée mondiale de la maladie cœliaque est l’occasion de faire le point sur quelques aspects de la maladie et de la vie quotidienne des malades, mais aussi de rappeler l’importance du diagnostic surtout au Maroc. C’est tout le combat que mènent ensemble depuis 7 ans l’AMMAIS et l’Association marocaine des intolérants et allergiques au gluten (AMIAG)». Le diagnostic de la maladie cœliaque est souvent difficile et long à établir en raison de la grande variété de symptômes et du fait qu’ils ne soient pas du tout propres à cette maladie. En général, la maladie cœliaque chez l’adulte est bien souvent découverte au stade de complications. On estime d’ailleurs que le délai de sa mise en évidence est de 13 ans et que pour chaque cas détecté, en particulier chez l’adulte, 8 resteraient ignorés. «Le diagnostic de la maladie cœliaque repose sur la recherche de substances particulières, responsables d’attaques sur l’organisme et appelées auto-anticorps (les anti-transglutaminases) et sur la découverte d’une atrophie des replis de la paroi intestinale (les villosités) après la réalisation d’une biopsie duodénale. Au Maroc, la maladie cœliaque reste encore peu connue bien qu’elle atteigne environ 1% de la population. Il existe une forte prédisposition génétique à la maladie et les membres de la même parenté sont touchés dans 10% des cas», explique Dr Khadija Moussayer.

Il est à noter que le seul traitement repose sur un régime alimentaire sans
gluten. Son application demeure néanmoins problématique du fait de l’absence d’un étiquetage obligatoire sur la présence du gluten. Ce dernier est, en effet, présent dans des produits divers et souvent insoupçonnés (médicaments, rouge à lèvres, dentifrice, colle, bonbons, sauce à salade, plats cuisinés…). Chez les enfants, ce régime est compliqué et difficile à vivre: goûters avec les camarades, fêtes, cantine, restaurants, colonies de vacances...deviennent des situations souvent problématiques d’autant plus qu’ils doivent rapidement savoir par eux-mêmes ce qui leur convient ou non, les parents n’étant pas toujours là pour faire le tri. À cette contrainte matérielle s’ajoute le ressenti psychologique puisque se nourrir est une forme de partage,manger différemment peut stigmatiser et donner l’impression d’être un sujet de curiosité ou d’être obligé de se justifier. Les enfants ont du mal à accepter cette singularité, notamment à l’adolescence marquée par des périodes de rejet du régime. Les produits sans gluten sont par ailleurs chers et loin d’être disponibles partout au Maroc. 

Les bonnes règles d’un régime réussi

Il peut souvent se produire des contaminations accidentelles lorsque le régime sans gluten n’est pas suivi par tout le monde au sein d’une famille. Maria Chentouf, présidente de l’AMIAG, propose quelques règles strictes à respecter pour éviter un incident malencontreux.
Il faut notamment veiller à ne pas toucher un aliment «sans gluten» si vous avez manipulé du pain, des biscuits classiques, des pâtes ou tout autre aliment contenant du gluten ; juste avant, il faudra d’abord se laver les mains et ne pas utiliser les mêmes planches à découper (surtout celles en bois ou poreuses), crêpières, poêles, moules à gâteaux… qui souvent contiennent des miettes de précédentes cuissons. Dans la mesure du possible, mieux vaut d’ailleurs posséder certains ustensiles en double afin d’en réserver un jeu exclusivement pour le «sans gluten».
Il faut également commencer par préparer les recettes sans gluten et terminer par les classiques afin de limiter les résidus ou les poussières de farines et faire attention aux cuillères ou aux couteaux qu’on plonge dans les pots de confiture... Une cuillère de miel tartinée sur du pain par l’un, et voilà quelques miettes qui se retrouvent dans le pot… Il est conseillé de réserver, dans la mesure du possible, un placard pour tous les aliments «sans gluten» dans lequel aucun aliment à risque ne pénètre.

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