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Effondrement d’un immeuble en construction en plein centre-ville

Un immeuble de six étages, en cours de construction, s’est complétement affaissé, à Kénitra, sans faire de victime, exception faite du gardien du chantier qui a été blessé. Une enquête a été diligentée pour connaître les raisons exactes de cet effondrement et en élucider les circonstances.

Effondrement d’un immeuble en construction en plein centre-ville
L’effondrement, qui aurait pu être dramatique, relance le débat sur la détermination des responsabilités.

Un drame a été évité de justesse. Un immeuble de six étages en cours de construction s’est effondré brutalement, samedi dernier, au centre-ville de Kénitra. Aucune perte de vie humaine n’est à déplorer. Le gardien du chantier a été blessé et transporté d’urgence à l’hôpital provincial Al Idrissi pour recevoir les soins nécessaires. 
Les autorités locales ainsi que les éléments de la protection civile se sont dépêchés sur les lieux et ont établi un périmètre de sécurité. De même, une enquête a été diligentée pour connaître les raisons exactes de cet effondrement et élucider les circonstances du drame. 
Selon plusieurs témoignages, le non-respect des normes requises dans la construction de ce bâtiment serait à l’origine de cet incident qui a bouleversé la population de la ville. Celle-ci garde toujours en mémoire l’effondrement du bâtiment Al Manal, le 16 janvier 2008, ayant fait 18 morts et 25 blessés. «Rien qu’à l’œil nu, l’on peut constater que les poutres et l’ossature de l’immeuble ne peuvent pas supporter le poids des murs et des escaliers», souligne l’un des témoins.

Cet effondrement, qui aurait pu être dramatique, relance le débat sur la détermination des responsabilités. Rappelons, à cet égard, que la loi 66-12 sur le contrôle et la répression des infractions en matière d’urbanisme, qui avait suscité le mécontentement des professionnels, avait fait couler beaucoup d’encre. Certes, ce dispositif juridique apporte des clarifications autour de la définition des infractions. En ce sens, la mission de contrôle est confiée à la police judiciaire et aux contrôleurs de l’urbanisme désignés par l’autorité locale, l’obligation des permis de réparation, démolition ou de régularisation, et la tenue d’un cahier de chantier permettant la traçabilité et le suivi. 

Autant de dispositions que le législateur a prévues et qui s’inscrivent dans les grands principes de la responsabilité et de la bonne gouvernance, tel qu’ils sont promus par la Constitution de 2011. Cependant, les différents intervenants dans la chaîne de construction se dérobent de leurs responsabilités à chaque catastrophe urbanistique ou en cas d’effondrement. Une situation constatée à travers plusieurs drames. D’aucuns diront que la multiplicité des intervenants dans l’acte de bâtir débouche sur une dilution de la responsabilité de chacun.
À titre indicatif, le cahier de chantier est considéré comme la feuille de route de chaque projet, son état civil qui rappelle les principales étapes par lesquelles il est passé. Et ce, sous forme d’informations indiquées par tous les professionnels qui y participent, à savoir l’architecte, le topographe, le bureau d’études, le laboratoire, le bureau de contrôle, l’entreprise, le maître d’ouvrage, etc. Tous les intervenants y signalent leurs actions depuis le début du chantier jusqu’à la livraison finale du projet. 
Le cahier de chantier permet ainsi de définir les responsabilités de chacun des intervenants. Dans le cas d’un sinistre, souligne-t-on auprès des professionnels du secteur, ce document est le seul à pouvoir indiquer clairement et légalement qui a fait quoi et qui a commis telle ou telle erreur, et c’est exactement là que se définit sa valeur. À cet égard, c’est l’enquête judiciaire qui mettra toute la lumière sur les causes de cet effondrement qui aurait pu être dramatique.
Il est à signaler que la ville de Kénitra a été soumise, ces dernières années, à une forte pression démographique et urbanistique, à tel point qu’elle a perdu une grande partie de son cachet architectural. Les immeubles poussent comme des champignons et certains bâtiments sont construits dans un temps record. Ce phénomène est une source d’inquiétude pour plusieurs Kénitris qui émettent le souhait que leur ville soit épargnée des contrecoups d’une urbanisation outrancière et mal maîtrisée. 

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