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Entretien avec Aicha Laasri Amrani, présidente de l’Association des femmes chefs d'entreprises du Maroc (AFEM)

Entretien avec Aicha Laasri Amrani, présidente de l’Association des femmes chefs d'entreprises du Maroc (AFEM)

Management & Carrière : Quelle 
est la situation de l'entrepreneuriat des femmes au Maroc ?
Aicha Laasri Amrani :
Selon une étude que nous avions menée en 2015, la femme marocaine entrepreneure aurait de 35 à 45 ans, mariée, avec des enfants (2,5 en moyenne), et travaille principalement au niveau des services et du commerce. Elle est peu présente dans l'industrie, dans les BTP. 
Les femmes représentent 10% des entrepreneurs et sont surtout présentes dans les secteurs à faible valeur ajoutée comme le textile ou les services 
sociaux.
• Les ¾ des entreprises dirigées par les femmes interrogées se situent dans les régions de Casablanca (63%) et Rabat (12%).
• 59% des entreprises dirigées par les femmes sondées ne dépassent pas 10 employés
• 41% des employés des entreprises dirigées par les femmes sont des femmes.
• 56% des cadres des entreprises dirigées par les femmes sont des femmes.
• 92% des femmes chefs d'entreprises ont effectué des études supérieures, le plus souvent elles ont une licence (30%) ou un master (23%).
• Le plus souvent, les femmes-chefs d’entreprises sont âgées de 35 à 54 ans (65%). L’âge moyen des femmes 
sondées est de 43 ans.
• 76% des femmes dirigeantes 
d’entreprises sont mariées.
Quels sont les obstacles auxquels 
les entrepreneures sont confrontées ? En quoi sont-ils différents 
par rapport aux hommes ?

Les entreprises marocaines dirigées par les femmes rencontrent à quelques différences près les mêmes difficultés que celles rencontrées par les entreprises dirigées par les hommes. 
Quelques composantes culturelles et sociales viennent affaiblir l’entrepreneuriat féminin au Maroc tels que :
• Le manque de confiance en soi : Elles ont une mauvaise perception de leurs compétences. 
• La peur de l'échec avec un manque d'encouragements de son entourage familial et amical. 
• La gestion de la famille et de l’éducation des enfants puisqu'elles remplissent 3 rôles à la fois : le rôle social, le rôle de productrice de richesses et le rôle de procréatrice.
• L’accès au financement représenterait la contrainte principale (70%).
• La difficulté à oser prendre des risques et à s'engager dans des financements externes lourds. 
• La forte résistance au changement.
• Les problèmes avec les clients et accès au marché (33%). 
Aussi, les principales difficultés dans la gestion quotidienne de l’entreprise gérées par les femmes sont liées aux problèmes avec les 
clients et l’accès au marché (34%) et les problèmes de disponibilité des RH qualifiées (22%).
Quelles opportunités pour voir fleurir l'entrepreneuriat féminin ?
À l’AFEM, nous sommes persuadées que l’entreprise est la clé 
de la croissance, de l’emploi, du pouvoir d’achat, de la consommation, du progrès social et technique, bref du dynamisme économique et social de notre pays.
Si les femmes ne participent pas pleinement à des activités économiques, à travers la création d’entreprises, le 
Maroc perd la moitié de son potentiel entrepreneurial.
Or nous constatons que le flux de création d’entreprises reste cependant en deçà du potentiel réel de nos 
économies.
En cause, différents facteurs. Je vais me contenter d’en citer quelques-uns :
• La sous-capitalisation des PME : ce qui la pénalise et la rend vulnérable aux évolutions conjoncturelles.
• Le manque de profils adéquats au niveau des RH, le manque de formation à la gestion moderne
Et les difficultés pour l'accès au financement. Le financement de l’innovation reste la préoccupation majeure pour beaucoup d’entreprises : l’absence de financement (54% des cas), mais aussi le manque d'outils de financement adaptés (des critères d'éligibilité qui demeurent rigides, et qu’il faut assouplir et adapter). L’étude réalisée récemment par la BERD a d’ailleurs mis l’accent sur les disparités entre hommes et femmes dans l’accès au financement. Et c’est là où intervient l’AFEM, avec comme vocation essentielle d’encourager les initiatives entrepreneuriales féminines. L’association intervient avec un dispositif opérationnel d’accompagnement, qui aide d’abord la femme à sécuriser l’étape cruciale de passage à la création puis à soutenir la candidate tout au long de son parcours de consolidation de son projet.
Pour la réalisation de ces objectifs, l’AFEM a lancé des projets majeurs et qui ont donné des résultats concrets. J’en citerai quelques-uns à titre d'exemple :
1. Le premier projet est le Business Mentoring, qui vise à renforcer l’autonomie des femmes-chefs d’entreprises et les porteuses de projets.
2. Le deuxième projet phare est l’Incubateur. Il s’agit pour l’AFEM d’accompagner les créatrices d’entreprises dans le but de pérenniser leur activité. L’objectif est de contribuer à la maturation du projet, d’aider à sa mise en œuvre et à son développement dans la durée. Nous essayons aussi, à travers cette action, de combattre le taux de mortalité des entreprises et allonger leur durée de survie. À côté de ces projets, et d’autres, l’AFEM accompagne également l’entreprise féminine pour lui permettre de relever le défi de la compétitivité et tirer parti des opportunités offertes par le contexte national et international et par les ruptures technologiques qui se dessinent depuis quelques années. 
Propos recueillis par M.S.

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