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Les études sur le genre suscitent peu d’engouement

La recherche sur le genre connait un grand dynamisme au Maroc. Pourtant, le nombre d’étudiants qui choisissent de suivre des études sur le genre est toujours limité.

Les études sur le genre suscitent peu d’engouement
En janvier 2019, le Centre d’études de recherche et de formation sur le genre et l’égalité – Maroc a été créé au cœur de la Faculté des lettres et sciences humaines Aïn Chock. Ph. ShutterstockDWRbCP

Les études de genre sont un ensemble de disciplines scientifiques attestées et objectives qui étudient les rapports sociaux entre les deux sexes. Il s’agit d’une approche scientifique interdisciplinaire, offrant des catégories d’analyse à même de déceler des constructions sociales de différenciation inégalitaire de sexes dans la société. Si ce type d’études est répandu depuis des années aux États-Unis et commence dernièrement à gagner en légitimité dans des pays européens tels que la France, au Maroc, le nombre d’étudiants qui choisissent ce genre d’études est toujours très limité. En effet, la récente étude d’état des lieux publiée par l’Unesco et l’Université Hassan II en 2018 sur les formations et la recherche sur le genre au Maroc montre qu’en raison de la désinformation sur les études de genre, peu d’étudiants optent pour ces filières. «Le nombre d’étudiants marocains qui suivent des études sur le genre est malheureusement limité, à cause de la désinformation sur ce type d’études de genre, et peut-être aussi parce que les formations existantes sont dans des départements de français et d’anglais, décourageants des étudiants ne maîtrisant pas ces langues étrangères. Un autre phénomène important est qu’il manque de vocation parmi les hommes dans ces filières d’études, comme si les études de genre n’étaient qu’une affaire de femmes ! 

Des actions spécifiques doivent donc être entreprises pour encourager davantage les hommes à s’engager dans ces filières, si l’on veut réellement aboutir à des changements sociaux réels», souligne Phinith Chanthalangsy, chef de section, spécialiste du programme «Sciences sociales et humaines», au Bureau multipays de l’Unesco pour le Maghreb. Il est à noter qu’à ce jour, il existe cinq masters sur le genre au Maroc, répartis sur l’ensemble du territoire. Il s’agit du master «Genre, Sociétés et Cultures» créé en 2006 à la Faculté des lettres et des sciences humaines Aïn Chock à Casablanca, le master «Genre, Discours et Représentations» créé en 2017 à la Faculté des lettres et des sciences humaines Mohammedia, le master «Genre et droits des femmes des deux rives de la Méditerranée» à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Tanger, le master «Gender studies» à la Faculté des lettres et des sciences humaines de Béni Mellal et le master «Women’s and Gender Studies» à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de Fès.
Un grand nombre de modules genre existent aussi, intégrés dans les programmes de formation (du L1 au Master), et plus de vingt équipes, laboratoires ou groupes de recherche spécialisés dans ces questions sont en place à Casablanca, Rabat, Kénitra, Marrakech, Tanger, Oujda, Fès, Meknès et Agadir. En janvier 2019, le Centre d’études de recherche et de formation sur le genre et l’égalité – Maroc (CEG-Maroc) a été créé au cœur de la Faculté des lettres et sciences humaines Aïn Chock. Ce centre a pour objectif de favoriser l’interaction des chercheurs entre eux et avec la société, fédérer et diffuser la recherche et contribuer à la réflexion nationale sur les questions de genre et la promotion des valeurs d’égalité. «L’étude de l’Unesco indique un très grand dynamisme de la recherche sur le genre au Maroc par le nombre de publications, de colloques, de séminaires, etc., qui accompagnent le mouvement de réforme de la société depuis les années 1970 au moins, mais également par la qualité des productions scientifiques. Les équipes d’enseignants et de chercheurs sont en général bien formées et bien connectées au niveau international. Cependant, la recherche et la formation sur le genre au Maroc restent atomisées, dominées par la figure du “chercheur solitaire” ou de l’enseignant qui porte à bout de bras son unité de formation, presque par militantisme. Une telle situation n’est pas normale ni bénéfique sur le long terme», indique Phinith Chanthalangsy. Et d’ajouter : «Beaucoup des difficultés administratives et pédagogiques, si elles étaient exposées et traitées dans un cadre de coopération et d’échanges entre les pairs, pourraient être soulagées et peut-être même surpassées. Les formations souffrent d’un sentiment d’isolement national et d’un manque de soutien académique de la part de la hiérarchie universitaire. Beaucoup d’équipes ou formations entretiennent des liens étroits à l’international, mais dialoguent peu au niveau national. 
La réflexion sur les usages nationaux des concepts de ce domaine de recherche rendue difficile pose régulièrement le problème des référentiels utilisés dans les recherches sur le genre au Maroc». 

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