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«Feed Africa», la recette de la BAD pour libérer le potentiel du continent

Veiller à ce que l’Afrique se nourrisse elle-même. C’est l’objectif de l’ambitieux programme «Feed Africa» mis en œuvre par la Banque africaine de développement. À travers ce plan d’investissement qui pèse 24 milliards de dollars, l’institution panafricaine entend libérer le potentiel de l’agriculture dans les pays à faible revenu en utilisant une approche considérant le secteur comme une entreprise et comme point de démarrage de l’industrialisation.

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La transformation agricole de l’Afrique figure parmi les cinq priorités stratégiques de la Banque africaine de développement (BAD). Un chantier si important que l’institution panafricaine lui réserve un programme d’investissement de pas moins de 24 milliards de dollars. Baptisé «Feed Africa» ou nourrir l’Afrique, le programme qui court jusqu’en 2025 devra permettre au continent de se nourrir de son agriculture dans un délai de dix ans. Cet investissement conséquent devra débloquer tout le potentiel de l’agriculture africaine. La formule, si elle prend comme attendu dans la stratégie de la BAD, permettra l’émergence de «millionnaires et milliardaires» dans le secteur agricole. Selon la Banque, l’Afrique dépense actuellement 35 milliards de dollars par an en important des produits alimentaires. Soit autant de milliards de dollars qui devraient être conservés sur le continent. Il s’agit d’un marché que les jeunes peuvent exploiter pour créer de nouvelles richesses chaque année. Le secteur ne devrait plus être considéré comme un mode de vie ou un secteur du développement, mais plutôt comme une entreprise de création de richesse. «L’accès à la nourriture, en quantité et en qualité, est un droit humain fondamental. Il est également essentiel pour éradiquer la faim et la malnutrition et disposer d’une main-d’œuvre productive et en meilleure santé.

Bien que l’agriculture emploie plus de 60% des travailleurs en Afrique et représente près du tiers du PIB de la région, le continent est cette partie du monde qui souffre le plus de manque de nourriture, comptant plus de 232 millions de sous-alimentées, soit environ une personne sur quatre», s’alarme l’institution. L’insécurité alimentaire structurelle est donc un défi particulier dans les économies fragiles, qui sont disproportionnellement vulnérables aux chocs des prix des ressources et des produits de base et où le mauvais état des infrastructures agricoles, la mauvaise gouvernance et la faiblesse des institutions engendrent une faible productivité et une forte dépendance à l’égard des importations de produits alimentaires. D’après la banque, les femmes souffrent systématiquement de discrimination sur l’ensemble du continent. Exemple de cette discrimination : la propriété foncière. D’où le peu de possibilités qu’ont les femmes de tirer parti des chaînes de valeur agricoles. Cette situation est en outre exacerbée par l’inégalité d’accès des femmes aux intrants, aux prises de décisions dans les foyers, à l’éducation, aux financements et aux marchés. La FAO estime que l’élimination des disparités entre les hommes et les femmes pourrait accroître les rendements agricoles de 20 à 30%, et il y a de nombreux éléments qui prouvent que les familles tirent d’immenses avantages de l’élimination du fossé entre les genres. En raison de ces facteurs, la facture des importations nettes de produits alimentaires de l’Afrique ne cesse de s’alourdir. Pour la BAD, le continent est doté d’un potentiel de production agricole en or : 60% des terres arables inexploitées du monde se trouvent… en Afrique. L’accroissement de la demande de nourriture et les changements d’habitudes de consommation entraînent une hausse rapide des importations nettes de produits alimentaires. Celles-ci devraient passer de 35 milliards actuellement à plus de 110 milliards d’ici à 2025. Une tendance qui pourrait être inversée par une augmentation de la production africaine. L’exportation de produits agricoles primaires demeure très élevée en Afrique, comparativement aux autres régions du monde. L’agriculture est donc un secteur à fort potentiel de création d’emplois, principalement dans les économies fragiles. Étant donné l’importance de l’alimentation et de la nutrition, la promotion des chaînes de valeur et l’amélioration de l’accès aux marchés devraient favoriser la diversification économique, accroître les revenus, améliorer la sécurité alimentaire et la stabilité macroéconomique, contribuer à l’atténuation des conflits et surtout empêcher les migrations internes et externes.

Le programme de transformation agricole soutient la réalisation des principaux objectifs de développement durable à travers le développement d’un secteur agro-industriel inclusif et compétitif. «Cette vision est sous-tendue par quatre objectifs spécifiques, à savoir : éradiquer la pauvreté, éradiquer la faim et la malnutrition, faire de l’Afrique un exportateur net de produits alimentaires et hisser le continent au sommet des chaînes de valeur à vocation exportatrice où elle possède un avantage comparatif», détaille la Banque. Grâce à cette stratégie, la BAD entend libérer le potentiel des pays à faible revenu en utilisant une approche suivant laquelle les pays commenceront à considérer le secteur comme une entreprise et le point de démarrage de l’industrialisation. «Pour libérer le potentiel agricole et traiter la question de l’insécurité alimentaire, il faudrait des interventions multisectorielles fortes (par exemple, le développement infrastructurel, l’utilisation intensive d’intrants agricoles et la mécanisation, l’accroissement de l’accès aux crédits et l’amélioration des systèmes de propriété foncière.), des réformes de politique appropriées, la promotion de l’emploi des jeunes et des femmes et l’adoption d’une approche de chaînes de valeur intégrées qui met l’accent sur l’accès aux marchés et sur l’agriculture écologique», indique la BAD. La transformation suppose la mobilisation de ressources et de capitaux. Ce qui offrira l’occasion d’orienter les acteurs de la croissance inclusive et de la croissance verte tout au long des chaînes de valeur. Pour transformer une première série de chaînes de valeur agricoles, la BAD estime qu’il faudrait environ 280 à 340 milliards de dollars sur les dix prochaines années. Cet investissement devrait créer de nouveaux marchés d’une valeur de 55 à 65 milliards de dollars par an d’ici à 2025. Les investissements du groupe dans l’agriculture quadrupleraient, passant des 612 millions de dollars en moyenne par an à 2,4 milliards. 

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