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Jeudi 28 Mars 2024
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La figure à la frontière de l'abstraction

L'artiste-peintre Michelle Kadiri donne à voir actuellement ses œuvres à la salle d'exposition de la direction provinciale du ministère de la Culture de Kénitra.

La figure à la frontière de l'abstraction
Entre abstrait et figuratif, l'artiste-peintre Michelle Kadiri a choisi une troisième voie, celle où les formes qu’elle peint  deviennent des éléments du paysage. Elle ne retient de ce dernier que l’aspect formel et l’intensité de la lumière. En effet, l'artiste a réussi à créer une certaine distance de liberté entre le réel et l'imaginaire. Elle privilégie la suggestion à la reproduction. Comme dirait Yvo Jacquier, artiste-peintre contemporain, elle pratique cette abstraction au sens étymologique du terme. Par une composition qui génère du sens sans se référer directement au concret tout d'abord. Ensuite, par une idéalisation des formes et des traits qui permettent la représentation d'un sujet. Par cela, le sujet n'est plus un simple objet, y compris le personnage-potiche, mais une histoire, un discours pictural. La peinture est pour elle un langage au sens strict, qui ne se contente pas de chercher la trace du monde tel qu'il s'offre à nos yeux candides.

À noter, de prime abord, que le carré est une forme géométrique constante dans les tableaux de Michelle Kadiri. Sa profession d'architecte a alimenté et apporté une autre dimension à son travail artistique où la rigueur côtoie l'inspiration. «Le carré, cette forme de base fondamentale à toutes compositions géométriques dignes de ce nom, aux proportions parfaites, à la stabilité incontestée et incontestable, est ma figure de prédilection préférée, car elle me “ressemble” quelque part… En tant qu'artiste, j'ai toujours aimé travailler avec cette forme. Elle m'inspire par son caractère “infini”, “immuable”, mais en même temps “illimité”. On peut l'interpréter sans fin... De multiples combinaisons dans sa forme, sa couleur, sa matière permettent de l'explorer sans limites à moins de s'en lasser. En tant qu'architecte, il est évident aussi qu'après avoir reçu l'enseignement de Uno à Paris Belleville, donc à fortiori l'influence de Le Corbusier et de son fameux “angle droit”, il m'était 

difficile de m'en détacher».

Des propos qui expriment une maîtrise parfaite d'une technique utilisée dans des espaces et des sphères diverses. L'œuvre picturale de Michelle Kadiri se réfère aussi à une architecture imaginaire d'influence méditerranéenne. Une partie du monde qui constitue sa source d'inspiration. Les villes de bord de mer où des oasis avec leurs remparts ancestrales la font toujours penser à d'énormes vaisseaux échoués… Car entre la mer des océans et la mer de sable, dit-elle, il n'y a qu'un pas. On sent aussi chez cette artiste-peintre installée à Kénitra, une certaine maturité et une envie d'exploration des profondeurs de l'âme. «Mon travail, souligne-t-elle, est une recherche permanente de mes origines».

Côté couleurs, Michelle Kadiri associe souvent des teintes chaudes et froides, permettant ainsi des compositions plus dynamiques et plus variées. Elle utilise l'orange pour exprimer la chaleur et l'existence, le bleu pour dénoter la vitalité, le mouvement et la vie, le vert pour la nature et la spiritualité et le blanc pour désigner la pureté et la renaissance.

À souligner que l'artiste-peintre Michelle Kadiri dessinait depuis la maternelle. Sa passion pour le dessin, la bande dessinée et tout ce qui concerne les arts graphiques et plastiques n'a fait que consolider, au fil des années, son talent artistique. C’est une plasticienne qui n’expose que rarement. Cependant, cette exposition vient nous rappeler que la beauté de ses œuvres ne manque pas de fasciner le spectateur chaque fois que l’occasion se présente.

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