Le ralentissement des ventes de voitures attendu cette année aux États-Unis devrait épargner le luxe, secteur où l’exclusivité, l’esthétique et la puissance cohabitent de plus en plus avec gadgets et technologie électrique pour séduire à la fois «puristes» et jeunes millionnaires.
Le nombre de ces derniers est en augmentation aux États-Unis au regard des succès, notamment boursiers, de startups révolutionnant des secteurs entiers de l’économie.
Les yeux rivés vers cette clientèle, la maison italienne Pininfarina a présenté, dans une galerie d’art du quartier branché de Chelsea à Manhattan, la Battista, une voiture électrique vendue 2,27 millions de dollars.Dotée de 1.900 chevaux, elle est censée atteindre la vitesse de près de 100 km/h en deux secondes, soit un poil plus rapide qu’un bolide de Formule 1.Comme Genesis (Hyundai), qui a révélé Mint («menthe»), un concept de citadine électrique à l’intérieur minimaliste, la marque italienne estime que les jeunes fortunés sont prêts à sortir leur carnet de chèques pour une voiture écolo-compatible.Puissance et exclusivité
D’autres marques jouent sur la puissance et l’exclusivité pour préserver leur clientèle. C’est le cas de Porsche, dont la 911 Speedster (prononcez «Nine eleven») se veut une combinaison entre raffinement et conduite dynamique. Le moteur est à l’arrière, le châssis extrêmement bas. Moins de 2.000 unités seront produites et vendues à travers le monde, une stratégie de la rareté qui marche puisque les ventes américaines du groupe allemand ont augmenté de 7,5% au premier trimestre dans un marché en baisse.«Les signaux sont au vert», dit à l’AFP un porte-parole de Porsche. «Les riches recherchent le nec plus ultra. Ils veulent une voiture qui leur permette de se démarquer», avance Brian Miller, concessionnaire new-yorkais de Bentley, Rolls Royce, Ferrari, Lamborghini et Bugatti, dont le dernier-né est une voiture sportive surpuissante, la Chiron.Ce que confirme Bob Laishley chez Nissan, qui a conçu une édition limitée à 50 voitures de la sportive GT-R, la GT-R 50, une des stars de la saga de films d’action «Fast and Furious».«Tous les matériaux qui se trouvent dans cette voiture sont authentiques. Le carbone est le carbone, ce n’est pas du synthétique», souligne Laishey, directeur du programme voitures de sport de Nissan. «Chaque détail a été fait à la main. C’est du sur-mesure».Pour s’imposer, «une voiture de luxe doit aujourd’hui englober trois dimensions : le design, la puissance et la technologie», résume Dietmar Exler. En 2018, les ventes de véhicules de luxe ont diminué de 0,3%, à 2,02 millions d’unités aux États-Unis, alors que le marché automobile a enregistré une petite hausse de 0,6%, selon des chiffres officiels.
Mais la tendance devrait s’inverser en 2019, estiment des experts, les plus riches continuant à bénéficier des baisses d’impôts décidées par l’administration Trump il y a deux ans. Ce qui n’est plus le cas d’un grand nombre de ménages.