Menu
Search
Vendredi 26 Avril 2024
S'abonner
close
Vendredi 26 Avril 2024
Menu
Search
Accueil next Monde

«Gilets jaunes» : un an après, la fièvre retombe

Leur révolte, née d’une taxe sur le carburant, avait jailli au cœur de l’automne et ébranlé le pouvoir : les «Gilets jaunes», dont les cortèges se dégarnissent, cherchent désormais d’autres voies pour pérenniser un mouvement social inédit, marqué par la dénonciation des «violences policières».

«Gilets jaunes» : un an après, la fièvre retombe

Le 17 novembre 2018, quelque 282.000 personnes selon les autorités, chasuble fluo sur le dos, répondaient à un appel lancé sur Facebook, hors de tout cadre politique ou syndical, et investissaient des centaines de ronds-points, symboles de la France périurbaine au pouvoir d’achat en berne. Le même jour, à Paris, certains bloquaient une partie des Champs-Élysées, devenue ensuite le lieu de rendez-vous emblématique des samedis de manifestations. La célèbre avenue est toutefois désormais interdite aux «Gilets jaunes» depuis son saccage mi-mars, lors d’un «acte» qui avait aussi entraîné le limogeage du préfet de police Michel Delpuech. Depuis le printemps, la mobilisation dans la rue n’a cessé de décroître, pour ne plus réunir que quelques milliers de manifestants lors des derniers weekends. Ce fut le dernier gros pic de fièvre d’un mouvement déjà marqué en décembre par l’assaut contre l’Arc de Triomphe, dont les images ont fait le tour du monde.

Depuis le printemps, la mobilisation dans la rue n’a cessé de décroître, pour ne plus réunir que quelques milliers de manifestants lors des derniers weekends. Au total, 24 manifestants auraient été éborgnés par un tir de lanceur de balles de défense, devenu le symbole des «violences policières» dénoncées par les «gilets jaunes». Selon les autorités, environ 2.500 manifestants et 1.800 membres des forces de l’ordre ont été blessés, et onze personnes ont trouvé la mort en marge des défilés. Beaucoup espèrent un regain à Paris pour le weekend anniversaire. Décréter la fin du mouvement sous le seul «critère du nombre» est une erreur selon Laurent Jeanpierre, chercheur au CNRS et auteur de «In Girum, les leçons politiques des ronds-points». Élaborer un tract, argumenter pour susciter le soutien, procéder à un blocage : «La participation à un mouvement social long permet d’apprendre une série de savoirs pratiques», souligne Camille Bedock, chercheuse au CNRS. La sociologue, membre d’un collectif d’enquête qui a étudié les «gilets jaunes» dès leurs débuts, a constaté une «dynamique de politisation au fur et à mesure». Les 17 milliards d’euros d’aides et de baisses d’impôts annoncés par Emmanuel Macron ont certes permis de «décrisper» son rapport avec les Français, selon Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l’Ifop, mais «les leviers de soutien et de mobilisation sont toujours là». Plusieurs initiatives pour structurer le mouvement, aux contours encore flous, sont en préparation avec pour dénominateur commun l’approfondissement de la démocratie directe. 

Lisez nos e-Papers